Paris et son métro. Audrey a quitté Eric. Le jour de l'anniversaire des sept ans de leur fils, Mathieu, elle le revoit pour une ballade en forêt. Eric la désire encore et reviendrait bien avec elle. Audrey a toutefois décidé de garder son indépendance. Elle loue un petit studio et laisse la plupart du temps son fils à sa mère, Annie.
Audrey a rencontré Stéphane, un informaticien gentil qui se verrait bien vivre avec Audrey et son fils même si, à l'occasion, il a une aventure avec une actrice de théâtre pour enfants. Audrey enchaîne les contrats d'intérim avec succès mais sans marquer d'intérêt. Eric n'a aucun mal à séduire les jeunes cuisinières avec qui il travaille. Mathieu vit plus ou moins bien ses séparations d'avec sa mère : il fait semblant de ne pas la reconnaître dans un supermarché et fait quelques crises de désobéissances. Annie, la mère d'Audrey, propose qu'elle lui confie la garde de Mathieu pour vivre plus libre.
Stéphane propose à Audrey de rencontrer son frère, Patrick. Celui-ci vit très bourgeoisement avec sa femme et ses deux enfants. Mathieu ne leur signale pas qu'Audrey est déjà mère. La conversation languit. Patrick propose de fumer un joint à Audrey ; ce qui excède Mathieu. Rentré chez Audrey, le couple se dispute.
Patrick a proposé à Audrey de lui trouver un emploi dans son entreprise. Lorsqu'elle vient lui rendre visite dans sa prospère et moderne agence de publicité, il lui fait le grand jeu et la conduit jusque sur le toit pour une scène de séduction qu'il interrompt juste au moment de l'embrasser afin de préserver, dit-il, la relation d'Audrey et de Stéphane. La frustration d'Audrey est redoublée par une rencontre sans suite avec un homme abordé autour d'une piscine.
Stéphane et réticent à s'engager pour louer un F3 avec Audrey et Mathieu. Audrey lui déclare préférer en rester là. Elle revient voir Eric mais celui-ci a désormais une nouvelle petite amie. En métro, Audrey rejoint la maison de sa mère et la voit discuter joyeusement avec Mathieu. Celui-ci l'aperçoit, court à la fenêtre et tend la joue. Audrey l'embrasse tendrement au travers de la vitre.
L'Audrey de Poursuite ressemble beaucoup à la Léna de Non ma fille tu n'iras pas danser. Mais autant Honoré jouait de toutes les cordes de la séduction (conte, mythologie, voix off, musique) pour magnifier le parcourt irréductiblement individuel de son personnage, autant Marina Déak reste très proche du réalisme pour décrire le parcourt du sien. Poursuite est ainsi un film peu aimable, ne donnant jamais l'impression d'être scénarisé, préférant dresser, par accumulation de séquences, un constat terrible et formidable de la génération des trentenaires d'aujourd'hui.
Désir sexuel contre vie bien rangée
Audrey a quitté Stéphane parce qu'elle ne le désirait plus et n'a pas trouvé l'envie de lui demander de lui faire le second enfant qui aurait épanoui leur vie de couple. Eric le sait et Audrey finira par l'expliquer à Stéphane. Si sa relation avec lui échoue, c'est par manque de désir de Stéphane, moins parce qu'il a une aventure avec l'actrice, que par son érection hésitante. Audrey fuit la vie bien lisse de son ancienne copine. La séduction de Patrick, grossière, évidente mais décidée enivre Audrey. Son interruption la frustre au point de plus ou moins fantasmer la séquence de la piscine qui suit, où l'acte sexuel est, lui aussi, interrompu.
Discours individuel, discours social
Cette séquence de la piscine fait écho à celle quasi documentaire du début où quatre mères célibataires, dont Audrey, font part, face caméra, de leurs difficultés à concilier vie amoureuse et capacité à élever leur enfant. Ces deux séquences sont comme deux collages de journaux, de natures opposées, sur le discours unicentré d'Audrey. La composante sociale se retrouve aussi dans la séquence dans l'agence d'intérim et dans celle où Eric tente de négocier avec son banquier tout occupé de son jeu vidéo.
Audrey s'est probablement trompée en choisissant une liberté qui ne l'a conduit à rien. Sa force vitale n'est cependant pas entamée. Plus lucide sur les intermittences du cur et du désir, de nouvelles chances, hors champs, hors film, s'offriront probablement à elle.
Audrey personnage de documentaire social
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Audrey dans l'imaginaire sexuel contemporain
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Jean-Luc Lacuve le 19/03/2011
Avec : Marina Déak (Audrey), Yann Guillemot (Eric), Renaud Dehesdin (Stéphane), Paul Cahen (Mathieu), Agnès Château (Annie) et Aurélien Recoing (Patrick). 1h32.