Pour sa première expédition à bord d'une navette spatiale, le docteur Ryan Stone, brillante experte en ingénierie médicale, accompagne l'astronaute chevronné Matt Kowalsky qui effectue son dernier vol avant de prendre sa retraite. Mais alors qu'il s'agit apparemment d'une banale sortie dans l'espace, une catastrophe se produit. Lorsque la navette est pulvérisée, Stone et Kowalsky se retrouvent totalement seuls, livrés à eux-mêmes dans l'univers.
Le silence assourdissant autour d'eux leur indique qu'ils ont perdu tout contact avec la Terre et la moindre chance d'être sauvés. Peu à peu, ils cèdent à la panique, d'autant plus qu'à chaque respiration, ils consomment un peu plus les quelques réserves d'oxygène qu'il leur reste.
Mais c'est peut-être en s'enfonçant plus loin encore dans l'immensité terrifiante de l'espace qu'ils trouveront le moyen de rentrer sur Terre...
Le film se pare d'une caution scientifique et d'une image de film de science-fiction écologique annonçant les désastres qui attendent les voyageurs de l'espace quand celui-ci sera devenu une poubelle. En terme de film d'aventures, il s'agit pourtant bien moins d'un film de science fiction que d'un film catastrophe : les débris sont dus à un tir russe sur un vieux satellite. La musique assourdissante et omniprésente ainsi que les images de synthèse qui composent majoritairement le film en font un produit totalement artificiel que magnifie toutefois la 3D (si l'on excepte l'effet figurine à la toute fin, presque au dernier plan, lorsque Ryan marche vers les montagnes) mais surtout une façon révolutionnaire d'envisager le plan-sequence.
Ne possédant ni la dimension fantastique d'un Alien pas plus que la dimension prophétique de 2001, le film abuse d'une psychologie à la petite semaine (le pré-retraité bougon et philosophe, la scientifique qui n'est devenue une experte qu'en s'anéantissant dans le travail après la mort de sa petite fille). Seule la répétition des vols de débris toutes les 90 minutes est un tant soit peu originale, ceux-ci détruisant la navette spatiale, la station Soyouz et menaçant la station chinoise.
Pour Vincent Amiel et José Moure, Dans Histoire vagabonde du cinéma (2020), "Alfonso Cuaron a d'abord réalisé son film entièrement en animation; puis les acteurs, en particulier les visages ont été filmés, enfin les images de synthèse générées par ordinateur (ou CGI) et les prises de vues réelles ont été assemblées et fusionnées dans la mise en scène de manière à ce qu'elles se confondent.
Le plan d'ouverture de plus de quinze minutes d'une impressionnante fluidité montre l'approche de la station Hubble qui d'abord microscopique dans l'univers, finit au terme d'un mouvement très lent par occuper tout l'écran, puis fait découvrir, passant de l'un à l'autre sans montage, trois astronautes cadrés en plan moyen et rapproché, attelés à des travaux de maintenance en extérieur, avant de se centrer en très gros plan sur une vis minuscule qui échappe à Sandra Bullock. Dans cette métamorphose continue de l'image qui fait passer du plan général de la station noyée dans l'immensité du cosmos au très gros plan de la vis, non seulement les notions de plans et d'échelle de plans sont bouleversées mais surtout les codes visuels du spectateur et sa manière d'appréhender et d'habiter l'espace-temps filmique. Si le spectateur sait encore plus ou moins ce qu’il regarde, il ne sait plus d'où et comment et pourquoi il regarde. Comme si l'effet spécial suprême ou l'ultime aventure du cinéma consistait à couper le fil de plus en plus ténu qui relie l'expérience filmique à l'expérience du monde, à renoncer à l'attraction terrestre pour immerger le spectateur dans un bain de sensation sidéral."
Jean-Luc Lacuve le 14/11/2013 (revu le 09/03/2021).
Source : Vincent Amiel et José Moure, Histoire vagabonde du cinéma (2020).