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Tous les matins du monde

1991

Genre : Biopic

D'après le roman de Pascal Quignard. Avec : Jean-Pierre Marielle (Monsieur de Sainte Colombe), Gérard Depardieu (Marin Marais), Anne Brochet (Madeleine), Guillaume Depardieu (Marin Marais jeune), Carole Richert (Toinette), Michel Bouquet (Baugin), Caroline Silhol (Mme. de Sainte Colombe), Jean-Claude Dreyfus (Abbe Mathieu) Yves Gasc (Caignet), Yves Lambrecht (Charbonnières), Jean-Marie Poirier (Monsieur de Bures) Myriam Boyer (Guignotte). 1h54

A la cour du roi, Marin Marais, vieilli, veille, ou plutôt somnole, pendant que son assistant, Brunet, enseigne  le cours de viole. Marais n’est pas content de cette agitation « Toute note doit finir en mourant » dit-il. Il essaie de jouer, y renonce mais ne veut pas le cours s’arrête : Marin Marais fait sa leçon di-il en demandant à ce que l’on ferme les volets. Dans la pénombre, il commence son récit. « Il n’était qu’austérité et colère, il était muet comme un poisson…Je suis un imposteur et je ne vaux rien... J’avais un maitre, les  ombres l’ont pris. Il s’appelait monsieur de Sainte Colombe...

Un après midi de Printemps 1660, monsieur de Sainte Colombe est au chevet d’un ami d’un ami qui veut écouter de la musique. Ce même après-midi sa femme meurt. Il compose le tombeau des regrets. Monsieur de Sainte Colombe est un maître gambiste reconnu et la viole connait alors, à Londres et paris un grand engouement. Janséniste il a deux filles, Madeleine et Toinette qui ont pour précepteur M. de Burres de port royale de Paris. Il se retire du monde et s'enferme dans une cabane pour s’exercer jusqu’à 15 heures par jour. Il tient la viole entre les genoux et ajoute une septième corde à l’instrument pour obtenir les notes plus basses et plus mélancoliques, il allège le poids de l’archet sur les cordes.

Il se montre sévère, embarrassé et maladroit avec ses filles qui restent sans visites ni distractions. Il apprend son art à Madeleine dès qu'elle est assez grande pour tenir la viole. Toinette ne supporte pas d'être mise à l’écart. Les punitions n’y faisant rien, Il se décide à lui en faire fabriquer une à sa taille. Pendant plusieurs années ils vécurent dans la paix et pour la musique.

Ses concerts deviennent célèbres. Caignet, musicien du roi lui dit que celui-ci veut le faire venir à la cour mais il ne parvient pas à le convaincre, pas plu que L’abbé Mathieu. Le roi met son refus sur le compte de son jansénisme, ordre dorénavant dispersé. Les Sainte Colombe ne donnent plus qu'un concert par an. Ses improvisations notées dans l’instant, il refuse de  les éditer sous forme de partitions. Il songe à la mort et se rappelé le tombeau des regrets composé autrefois ; En le jouant de mémoire, sa femme lui appâtait ; trace de son  passage, une gaufrette est mangée. Il demande à un ami peintre, Lubin Baugin, de représenter sa table à ce moment là. La colère le quitte.

1673, dans la campagne près de Paris. Marin Marais, un adolescent gauche de 17 ans, se présente à Monsieur de Sainte-Colombe, rejeté par la cour du roi parce que sa voix  a muée, fils de cordonnier que la pauvreté dégoute, il veut devenir un gambiste célèbre. Le maître, après avoir écouté le jeune homme jouer une improvisation sur une Folie d’Espagne lui annonce froidement : « Je ne pense pas que je vais vous admettre parmi mes élèves. » Devant l'étonnement de Marin, il ajoute brutalement : « Vous faites de la musique, Monsieur, vous n'êtes pas musicien. » sur la recommandation de Toinette Marin joue alors un air de sa composition, qui, retient l’attention du maitre. Finalement, Monsieur de Sainte-Colombe l'accepte un mois plus tard, pour sa douleur et non pour son art.

Pendant que le maître s'absente de ce monde, son élève et Madeleine, sa fille aînée, s'aiment. Alors que Marin Marais commence son ascension à la Cour du roi, il s'attarde à en raconter les détails à Madeleine pendant une leçon de viole. Monsieur de Sainte-Colombe lui enjoint à plusieurs reprises de jouer, en vain, et laisse sa fureur de voir son élève rechercher la gloire (et non la musique) prendre le dessus : il fracasse la viole du virtuose mondain contre la cheminée et le chasse hors de sa vue, mettant un terme à leurs leçons. Marais revient cependant, à l'insu du maître, prendre des leçons particulières auprès de Madeleine qui lui transmet tout ce qu'elle sait ; elle l'introduit même sous la cabane de Sainte-Colombe pour qu'il puisse continuer à s'inspirer des thèmes, des ornements inédits et du jeu inégalable du vieux musicien, lui vantant des morceaux jamais publiés, attisant ainsi sa curiosité.

L'ascension de Marin Marais dans le milieu musical de la cour continue et il s'éloigne de plus en plus de l'austère maison campagnarde. Il annonce finalement à Madeleine qu'il ne reviendra plus car « il a vu d'autres visages. » Elle s'alite alors, accouche d'un enfant mort-né et tombe en cachexie.

Au fil des années, le mutisme de monsieur de Sainte-Colombe s'accentue. Il refuse à Madeleine, confinée au lit, de lui jouer « La Rêveuse », une pièce que Marais avait composée pour elle autrefois. Sainte-Colombe, sentant néanmoins sa fille approcher de la mort, envoie un billet à Marais lui mandant de venir à son chevet. Celui qui est devenu un musicien bien en cour dirige à Versailles l'orchestre de chambre du roi, en battant impérieusement la mesure de sa canne (comme le faisait Lully) quand on lui apporte le billet ; il refuse tout net de se déplacer mais son battu se dérègle. Il finit par monter en carrosse pour aller chez les Sainte-Colombe. Madeleine, transformée par la vérole et l'anorexie, réalise en le revoyant qu'elle a aimé passionnément et tout donné à un cynique égoïste, qui ne sait que s'étonner de la décrépitude où elle est tombée. Marais s'en va après avoir joué pour Madeleine. Elle se pend au baldaquin de son lit après son départ avec des rubans de chaussures offertes, jadis, par lui. Marin Marais (comme narrateur) ponctue la scène par l'aphorisme « Tous les matins du monde sont sans retour. »

Dans les années suivant la mort de Madeleine, Marais, pourtant devenu chef d'orchestre de la musique du roi, continue à se rendre tous les soirs chez Sainte-Colombe pour se glisser sous la cabane et tenter d'entendre les fameuses pièces que Madeleine avait évoquées, en vain. Mais une nuit, le vieux maître se lamente, seul, et Marais se découvre. Sainte-Colombe lui pardonne et accepte de lui donner « sa première leçon » lorsque Marin Marais lui prouve qu'il a compris que la musique n'était ni pour Dieu, ni pour la gloire ("Elle est un petit abreuvoir pour ceux que le langage a désertés"). Prêtant à Marais la viole de sa défunte fille, Sainte-Colombe lui montre une fois la partition des pièces et referme le livre avant qu'ils ne se mettent à jouer.

A la Cour de Marin Marais, dans ses derniers jours, voit Sainte-Colombe lui apparaître et lui confier qu'il a été fier de le compter parmi ses élèves.

Le film débute, générique compris, par un plan fixe de 6' sur Gérard Depardieu incarnant Marin Marais vieux qui va égrener ses souvenirs et dont la voix off va accompagner tout le film. A la 35' minutes du film, surgit enfin Guillaume Depardieu qui bouscule le ton, devenu un peu sentencieux du commentaire.

L'interprétation de Jean Pierre Marielle que l'on peut trouver habitée est parfois excessivement cabotine (yeux levés aux ciel, paupières qui se ferment, clignement de cil, regard en coin...). Malgré l'interprétation des morceaux par Jordi Savall, les mystères de la musique restent impénétrables. 

Michel Bouquet interprète dans un petit rôle, Lubin Baugin, l'occasion de citer deux de ses toiles, conservées au musée du Louvre.

Tous les matins du monde, (Alain Corneau, 1991)
 
Tous les matins du monde, (Alain Corneau, 1991)

Test du DVD

Editeur : Canal+.

DVD

 

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