Django

1966

Genre : Western

Avec : Franco Nero (Django), Loredana Nusciak (Maria), José Bódalo (Général Hugo Rodriguez), Ángel Álvarez (Nataniele, le barman), Eduardo Fajardo (Major Jackson), Gino Pernice (Jonathan). 1h28.

À la frontière américano-mexicaine, deux bandes rivales s’affrontent et font régner la terreur. D’un côté, celle du major Jackson, dont l’un des passe-temps est de tuer les péones comme des lapins. De l’autre, celle du Mexicain Hugo Rodriguez, dont la cruauté n’a d’égale que la bêtise. C’est dans ce climat que Django débarque en ville, revêtu de l’uniforme nordiste et tirant derrière lui un cercueil. L’homme est peu bavard et excite la curiosité des deux clans. Provoqué par les sbires de Jackson, il les tue avec une rapidité impressionnante. Le chef décide de se venger et revient accompagné d’une trentaine d’hommes. Django les attend dans la rue principale et sort brusquement de son cercueil une mitrailleuse. Il massacre ses adversaires mais laisse volontairement Jackson s’enfuir. Il confie à Nataniele, le propriétaire du saloon, que le major a tué sa femme, il y a longtemps.

C’est au tour des Mexicains de faire leur entrée. Rodriguez est une vieille connaissance de Django, qui lui propose de dérober l’or de l’armée régulière en s’introduisant dans la caserne et en utilisant la mitrailleuse. L’opération se déroule comme prévu et la bande fête sa réussite au saloon. Devant les réticences de Rodriguez à partager le butin, Django décide de le voler. Transvasant l’or dans son cercueil, il s’enfuit avec Maria, une prostituée.

Au petit jour, Django arrête sa carriole près d’un pont. Un coup de feu parti accidentellement affole le cheval, qui, dans une ruade, fait tomber la boîte mortuaire. Elle disparaît dans des sables mouvants. Rodriguez et ses hommes arrivent, tuent Maria et broient les mains de Django pour le punir, avant de tomber dans un guet-apens tendu par Jackson. À bout de forces, Django ramène le corps de la jeune femme en ville et fixe rendez-vous à Jackson au cimetière. Malgré l’état pitoyable de ses mains ensanglantées, il parvient à le tuer. Justice est faite.

L'intrigue est très proche de Pour une poignée de dollars réalisé deux ans plus tôt par Sergio Leone. "L'homme sans nom" y arrivait dans une petite bourgade près de la frontière mexicaine, lieu d'incessantes violences entre deux clans rivaux, celui des Rojos et celui des Baxter. "L'homme sans nom" se vendait à l'un et l'autre clan et sauvait une mexicaine, maitresse malgré elle de Ramon Rojo. "L'homme sans nom" la rendait à son mari et à son fils alors qu'ici, Maria meurt.

L'univers de Corbucci est en effet bien plus psychotique encore que celui du premier western spaghetti réalisé par Leone. Le personnage se fait passer pour un croque-mort, hanté par la mort de sa femme. Mais le cercueil qu'il porte derrière lui comme un fardeau contient une mitrailleuse. Les masques rouges du gang du major Jackson rappellent ceux du Klux-Klux-Klan mais plus que la domination de la race blanche c'est la volonté de puissance par le sang qui doit couler qu'ils revendiquent.

Aucun lyrisme du paysage mais une esthétique de la boue partout qui engloutit richesses et personnages. Le thème chanté par Rocky Roberts et l’interprétation magistrale de Franco Nero en vengeur impitoyable en font un chef-d’oeuvre du genre dont Quentin Tarantino dira lors de la sortie de Django Unchained ! "Pour moi, le western ultime est celui de Sergio Corbucci. Car, jamais jusqu’alors, on avait vu tant de violence, de brutalité, d’irréalité aussi parfois. C’est vers cela que je voulais aller avec "Django Unchained". Un Ouest sauvage et implacable."

Jean-Luc Lacuve le 06/01/2013