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Burn after reading

2008

Avec : George Clooney (Harry Pfarrer), Frances McDormand (Linda Litzke), Brad Pitt (Chad Feldheimer), John Malkovich (Osborne 'Ozzie' Cox), Tilda Swinton (Katie Cox), Richard Jenkins (Ted Treffon), Elizabeth Marvel (Sandy Pfarrer), David Rasche (L'officier de la CIA), J.K. Simmons (Le supérieur de la CIA), Olek Krupa (Krapotkin). 1h36.

Osborne Cox, analyste à la CIA, est convoqué à une réunion ultrasecrète au quartier général de l’Agence à Arlington, en Virginie. Malheureusement pour lui, il découvre rapidement l’objectif de cette réunion : il est renvoyé. Cox ne prend pas très bien la nouvelle. Il rentre chez lui à Georgetown pour écrire ses mémoires et noyer ses ennuis dans l’alcool. Sa femme, Katie, est consternée, mais pas vraiment surprise. Elle a une liaison avec Harry Pfarrer, un marshal fédéral marié pour qui elle décide alors de quitter Cox.

Quelque part dans une banlieue de Washington, à des années-lumière de là, Linda Litzke, employée au club de remise en forme "Que du muscle", a du mal à se concentrer sur son travail. La seule chose qui l’intéresse, c’est l’opération de chirurgie esthétique d’ampleur qu’elle désire subir. Elle compte sur son collègue, Chad Feldheimer, pour faire son boulot à sa place. Linda est à peine consciente que le directeur de la salle de sport, Ted Treffon, est fou d’elle, même si elle rencontre d’autres hommes via Internet.

Lorsqu’un CD contenant des informations destinées au livre de Cox tombe accidentellement entre les mains de Linda et Chad, tous deux décident de tirer parti de cette aubaine. Alors que Ted se fait du souci, persuadé que «rien de bon ne sortira de tout ça», les événements se précipitent et échappent bientôt à tout contrôle, occasionnant une série de rencontres de plus en plus dangereuses...

Cette fois-ci, c'est au film d'espionnage que s'attaquent les frères Coen dans leur dézingage en règle des genres qui ont fait la gloire des studios américains.

Victimes toutes désignées de ce jeu de massacre, les pontes de la CIA. Ne comprenant rien à rien, pas plus les raisons d'un licenciement que celles d'une facture de chirurgie esthétique, ils vont s'empresser de payer pour étouffer des fuites de renseignements futiles vers la Russie.

Victimes aussi, au sens propre, les deux seuls personnages sympathiques, non engoncés dans des aventures extra-conjugales sordides, Chad Feldheimer et Ted Treffon.

Internet et les clubs de remise en forme, symboles de l'autosurveillance bien plus dangereux que la CIA, sont les autres cibles des Coen. Linda, sotte à pleurer, ne sait sans doute pas très bien si l'opération chirurgicale qu'elle entreprend lui servira d'abord à relancer sa carrière dans le club de gym ou à trouver un "gagnant" sur Internet. Elle néglige la seule vraie rencontre de proximité qui pourrait l'aider dans ses deux problèmes pour collectionner des êtres aussi perdus qu'elle et qu'elle teste en les entraînant voir le même film comique. Le premier n'y resistera pas alors que Harry Pfarrer passera brillamment l'épreuve. Celui-ci est bien l'alter ego de Linda, négligeant sa femme, draguant sur Internet et quittant ses maîtresses sous le prétexte réel, mais fort goujat, d'aller faire un peu de course à pied.

CIA, Internet et club de gym ne sont cependant que de menu fretin dans la surveillance dont sont victimes les hommes... tant celle exercée par leur propre épouse s'avère bien plus forte. C'est la suprêmement détestable Katie Cox (l'excellente Tilda Swinton) qui enclenche la série des drames. C'est Sandy, la propre femme de Harry qui le fait surveiller... et non la CIA.

Burn after reading démultiplie et exhibe les réseaux de surveillance dans lesquels est prise la société américaine. Elle le doit bien plus à sa propre bêtise et inconstance qu'a de pénibles espions aussi nuls et inutiles à l'Ouest qu'à l'Est. La rencontre entre Chad Feldheimer Ozzie Cox, l'un venant en vélo retrouver l'autre dans sa voiture constitue sans doute l'un des sommet comique du film avec les incursions de Linda dans les bâtiments labyrinthiques de l'ambassade russe.

Un jeu de massacre planétaire mérite bien cette plongée satellite vers la terre et son éloignement final dans la dernière image.

Jean-Luc Lacuve le 27/12/2008

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