Avec : Ray Winstone (Carlin), David Threlfall (Archer), Martin Philips (Davis), Davidson Knight (Angel), John Blundell (Banks), Phil Daniels (Richards), Ray Burdis (Eckersley), Patrick Murray (Dougan), Ian Sharrock (Rhodes), Tony London (Woods), Peter Kinley (Betts) Peter Francis (Baldy). 1h18.
Angleterre, années 1970. Trois jeunes, Carlin, Davis et Angel arrivent dans un borstal, un centre de détention pour mineur. Ils ont peur. Ils ont raison, car ils vont connaître l'enfer. Dans le centre, c'est la loi du plus fort, la loi du plus méchant, le règne de la terreur et de l'humiliation. Pris dans l'engrenage infernal d'un système sans issue, Carlin, Davis et Angel n'ont plus qu'un but : survivre.
Carlin, gagné toutefois progressivement par la brutalité qui imprègne les lieux, rendra coup pour coup à ses codétenus et aux surveillants, finissant même par prendre la tête, malgré lui, d'un mouvement insurrectionnel.
Avec son titre programmatique, Alan Clarke confronte le spectateur à ce que le gouvernement britannique des années 70 considérait comme la "pourriture" ("scum" en anglais) produite par la société. Et que faire des déchets sinon les placer dans un espace sécurisé, là où on est certain qu'ils ne pourront pas contaminer les parties saines du corps social ? La réponse de l'Angleterre de l'époque a été les "borstals", ces centres de détention pour mineurs définitivement fermés en 1982. C'est la réalité effroyablement glaçante de ce remarquable long métrage signé par un cinéaste plus radical encore que Ken Loach et Mike Leigh. Sans jugement, Clarke adopte un regard d'entomologiste sur l'environnement carcéral dans lequel il confine ses personnages : on assiste, impuissant et indigné, à l'oppression qui enserre les jeunes détenus comme un nœud coulant et à la violence insoutenable qui monte d'un cran à chaque nouvelle humiliation.
D'une noirceur totale, Scum s'inspire sans doute d'Orange mécanique, réalisé dix ans plus tôt. Comme chez Kubrick – quoique dans un style naturaliste –, la violence institutionnelle s'exerce avant tout sur ceux-là mêmes qu'elle est censée purger de ses pulsions animales.
Censuré par Margaret Thatcher, Scum garde aujourd'hui une force intacte qui a inspiré The Magdalene sisters (Peter Mullan, 2002)