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Des filles en noir

2010

Avec : Elise Lhomeau (Noémie), Léa Tissier (Priscilla), Elise Caron (Martha), Isabelle Sadoyan (Sonia), Roger Jendly (Toni), Thierry Paret (Alain), Aurore Soudieux (Isabelle), Christine Vézinet (Mme Schaeffer), Jérôme Derre (l'inspecteur). 1h25.

Noémie dans sa chambre, crispée, tendue se saisit d'un cuteur. Après sa tentative de suicide, sa mère et sa grand-mère viennent la voir à l'hôpital sans qu'elle ne réagisse. Rentrée chez elle, Noémie ironise sur les contraintes que sa mère s'impose pour passer un concours qui lui permettra tout juste d'être un peu mieux payée.

Priscilla, vient chercher son petit ami, Sam, sur le terrain de foot où il s'entraîne. Ils s'embrassent dans la voiture mais Priscilla le surprend à téléphoner à une autre fille. Au lycée, Noémie lui fait promettre de ne plus essayer de revoir Sam sans quoi elle lui sera toujours soumise. Les deux jeunes filles sont amies et nourrissent la même violence, la même révolte contre le monde qui leur fait trouver moche toute vie d'adulte.

Le vendredi matin, Priscilla court après sa grande sœur Sonia, et Toni son concubin qui partent pour un grand week-end. Ils la laissent seule, prétextant qu'elle doit travailler pour réussir son bac. Au Lycée, Noémie fait un exposé sur Kleist laissant à Priscilla le soin de lire quelques extraits des œuvres du poète romantique. Le professeur de français félicite Noémie mais les élèves méprisent ce dégoût trop manifeste de vivre dont font preuve les deux adolescents. Noémie leur jette alors à la face la mocheté de la vie qui les attend et prétend qu'avec Priscilla elles vont en finir ce soir comme Kleist en a fini avec Henriette Vogel au bord d'un lac de Wannsee.

Noémie et Priscilla sont convoquées chez la proviseure qui s'inquiète d'un possible nouveau suicide de Noémie, capable d'entraîner aussi Priscilla dans la mort. Les deux jeunes filles déclarent avoir seulement voulu provoquer. En sortant, Noémie tague la voiture de la proviseure.

En rentrant chez Noémie, les deux jeunes filles s'aperçoivent qu'elles n'ont rien d'autre à faire de mieux que de se donner la mort comme elles l'ont évoqué en classe. Noémie propose d'aller chercher des somnifères à la pharmacie mais la pharmacienne refuse de lui en vendre sans ordonnance. Noémie entraîne alors Priscilla chez Carrefour, où sa mère est responsable du travail des caissières, et lui fait promettre de les emmener toutes les deux chez les grands-parents. Leur but secret étant de dérober les somnifères. Avant cela Noémie souhaite faire une dernière visite. Elle laisse Priscilla et s'en va chez sa professeure de musique qui refuse le refus de la jeune fille de jouer et l'oblige à prendre sa leçon de flûte traversière. Priscilla en rentrant chez sa soeur croise Sam qui l'ignore. Elle dévalise le frigidaire et casse ce qui lui tombe sous la main dans l'appartement. Les deux jeunes filles se retrouvent chez Noémie mais la police les a précédées. La proviseure à porté plainte suite au tagage de sa voiture.

Martha assume la bêtise de sa fille et, après le commissariat, reconduit les jeunes filles chez les grands-parents. Noémie parvient à dérober les somnifères. Priscilla se fait draguer par Alain, un cousin salace et dépressif ce qui déclanche une crise de nerfs. Dans l'affolement, Noémie laisse tomber les somnifères que découvre la mère. Noémie renter chez elle alors que Priscilla reste chez les grands-parents.

Priscilla rappelle Néanmoins Noémie au téléphone. Les deux jeunes filles retrouvent leur complicité et passent la fin de la nuit à se saouler ensemble à distance tout en parlant et riant. Au lever du jour, la beauté du petit matin les éblouie. Elles décident d'en revenir à leur idée de suicide commun. Chacune d'elles grimpe au-dessus du balcon. Elles comptent ensemble jusqu'à trois avant de se jeter dans le vide. Ce que fait Priscilla... mais pas Noémie. Celle-ci a beau appeler son amie, rien n'y fait : Priscilla s'est fracassé le crâne sur le sol.

Noémie est longuement internée dans une clinique psychiatrique où elle réapprend difficilement à manger, à jouer de la musique et à parler, avec le fragile et gentil Clément notamment.

Un an plus tard, Noémie est devenue soliste d'un orchestre de province qui part pour une tournée difficile en Italie. Toujours solitaire, elle rêve que Priscilla vient la rejoindre dans le brouillard comme celle-ci en avait rêvé autrefois. Toujours tentée par le suicide, une nouvelle fois sur son balcon entre terre et ciel, Noémie renonce à la mort. Elle pleure, signe d'un retour douloureux à la vie.

Trajet sans surprise majeure tant la quête d'absolu des jeunes filles ne peut conduire qu'au sacrifice de la plus faible et la douleur sans recours de la plus cultivée.

Le suicide initial de Noémie en fait, dès l'abord, un personnage lazaréen, revenu des morts, en sursis dans un monde trop petit pour elle. La beauté du petit matin résonne avec la mort de Kleist au bord du lac.

La violence est celle du milieu social modeste des jeunes filles, éprises d'une douceur (caresses, textos) que le monde leur refuse. La musique hors champ (L'orphée de Gluck) ou les extraits de Schumann, de Brahms lors de la leçon de musique avant le suicide projeté et le concert qui suit la sortie de l'hôpital emportent le film dans un romantisme toujours juste.

Jean-Luc Lacuve le 8/11/2010.

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