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First man - le premier homme sur la Lune

2018

(First man). Avec : Ryan Gosling (Neil Armstrong), Claire Foy (Janet Armstrong), Jason Clarke (Ed White), Kyle Chandler (Deke Slayton), Corey Stoll (Buzz Aldrin), Patrick Fugit (Elliot See). 2h21.

20 avril 1962. Neil Armstrong pilote l'avion fusée North American X-15, pour tester un système de contrôle pouvant s'ajuster automatiquement. Il monte jusqu'à une altitude de 63 km mais, durant la descente, maintient le nez de son appareil trop longtemps levé, si bien que son appareil « rebondit » jusqu'à une altitude de 43 km. Durant la phase de descente, l'avion-fusée se comporte comme un planeur mais Armstrong parvient à ramener son avion près de la zone d'atterrissage et pose ses roues à l'extrémité de la piste.

En juin 1961, des examens avaient révélés que Karen, sa petite fille de deux ans, avait une tumeur maligne au cerveau. Le traitement qu'elle dut subir rendit sa santé fragile. Elle ne pouvait plus ni marcher ni parler et Karen, terriblement affaiblie,  meurt d'une pneumonie le 28 janvier 1962.

Le 13 septembre 1962, Deke Slayton appele Armstrong et lui demande s'il veut faire partie du Groupe d'astronautes  baptisé par la presse américaine « The New Nine » (les neuf nouveaux). Armstrong accepte sans hésitation et convainc la commission que la perte de sa fille la plus endurci que fragilisé. Il est  premier astronaute américain qui ne soit pas militaire d'active au moment de sa sélection. Armstrong déménage en Floride, avec sa femme, Janet, et leurs deux garçons.

Les astronautes de la mission Gemini 8 sont désignés le 20 septembre 1965 : Armstrong est le commandant et David Scott le pilote. La mission est lancée le 16 mars 1966. Celle-ci est la plus complexe réalisée jusque-là, avec un rendez-vous et un amarrage du vaisseau Gemini avec l'étage de fusée Agena. Après le lancement de l'étage-cible Agena, la fusée Titan transportant Armstrong et Scott décolle à peine deux heures plus tard. Une fois en orbite, la poursuite de l'étage Agena par le vaisseau Gemini 8 s'engage. Le premier rendez-vous et l'amarrage entre les deux engins qui constitue une première sont réalisés avec succès, grâce au sang froid d'Armstrong qui rectifie les calculs de l'ordinateur. Le contact du centre de contrôle avec l'équipage est intermittent car les stations terrestres ne permettent qu'une couverture partielle de l'orbite. Pendant une de ces périodes sans liaison radio avec le sol, l'engin spatial commence à tourner sur lui-même. Armstrong essaie de corriger, sans y parvenir, ce problème d'orientation avec les moteurs-fusées dédiés au contrôle d'attitude. Comme suggéré auparavant par le centre de contrôle, les astronautes choisissent de désamarrer leur vaisseau de l'étage Agena mais ne constatent aucune amélioration : la vitesse de rotation s'est encore accrue atteignant un tour par seconde. Armstrong décide de désactiver le système de contrôle d'attitude OAMS et d'initialiser les rétrofusées RCS. L'engin entame alors sa rentrée sur Terre.

La plupart des objectifs de la mission ne sont pas remplis et le programme spatial est vivement critiqué. Nixon,  en pleine guerre froide, tient néanmoins à ce que le programme Appolo soit mis sur pied.

Le 27 janvier 1967, un incendie éclate dans la capsule d'Apollo 1 qui est fatal aux astronautes Gus Grissom, Ed White et Roger Chaffee. Armstrong est en déplacement à Washington avec Gordon Cooper, Dick Gordon, Jim Lovell et Scott Carpenter pour la signature du traité de l'espace de l'Organisation des Nations unies. Armstrong et le groupe passent le reste de la nuit à boire et à spéculer sur l'origine de l'accident.

Le 5 avril 1967, le jour même où la mission d'enquête sur l'incendie d'Apollo 1 a publié son rapport, Armstrong et dix-sept autres astronautes sont conviés à une réunion avec Deke Slayton. Slayton leur annonce que « les gars qui vont participer à la première mission lunaire sont ceux de cette salle ». Le 23 décembre 1968, Slayton annonce à Armstrong qu'il a été choisi comme commandant d'Apollo 11, la première mission qui pourrait atterrir sur la Lune. Les deux autres membres de l'équipage sont Buzz Aldrin qui doit être pilote du module lunaire et Michael Collins, pilote du module de commande.

Le 16 juillet 1969, le lanceur Saturn V décolle du complexe de de Cap Canaveral en emportant Neil Armstrong et ses coéquipiers à bord du vaisseau Apollo 11. Après un transit entre la Terre et la Lune d'une durée de quatre jours sans anomalie, Armstrong et Aldrin embarquent à bord du module lunaire, baptisé Eagle, pour entamer leur descente vers le sol lunaire. L'ordinateur de bord gère le pilote automatique, assure la navigation et optimise la consommation de carburant. Durant la phase de descente, l'équipage est gêné par une alarme « 1202 » émise par l'ordinateur de bord, Houston, détermine que l'alarme peut être ignorée et confirme que la mission peut se poursuivre, même lorsque survient une seconde alarme. Accaparé par ces alarmes, Armstrong laisse passer le moment où il aurait dû exécuter une dernière manœuvre de correction de la trajectoire. Le LEM dépasse de 7 km le site sélectionné pour l'atterrissage et s'approche d'une zone encombrée de rochers. Armstrong n'a pas le temps d'étudier la situation avec Houston et de reconfigurer l'ordinateur de bord. Il prend le contrôle manuel du module lunaire pour survoler à l'horizontale le terrain à la recherche d'un site adapté à l'atterrissage. Le module lunaire Eagle se pose dans la mer de la Tranquillité le dimanche 20 juillet 1969 à 20h17.

Armstrong demande que la sortie extravéhiculaire sur le sol lunaire se fasse plus tôt. Les deux astronautes doivent s'équiper et lorsque Armstrong et Aldrin sont prêts à sortir il s'est écoulé près de six heures depuis qu'Eagle s'est posé sur la Lune. La cabine est dépressurisée et l'écoutille est ouverte. Armstrong descend d'abord en utilisant l'échelle située sur le flanc du module. Arrivé au dernier échelon il déclare « Je vais descendre du LEM (module lunaire) maintenant ». Avant de se tourner et de poser son pied gauche sur la surface lunaire, le 21 juillet 1969 à 2h56, il prononce la phrase restée célèbre: « That's one small step for [a] man, one giant leap for mankind » (C'est un petit pas pour [un] homme, [mais] un bond de géant pour l'humanité)

Armstrong prend des photos sur la Lune et effectue une brève excursion vers un cratère situé à 60 m à l'est du module lunaire. Dans cet East Crater, il dépose le bracelet de sa fille Karen. Le LEM décolle ensuite pour rejoindre Apollo 11.

A leur retour sur terre, les trois astronautes sont mis en quarantaine pendant 21 jours de crainte que la lune ne soit pas stérile et sans danger de contamination. Le succès de la mission est savouré par Janet, la presse et l'ensemble de l'Amérique.

First Man, biopic de Neil Armstrong et film d'aventures spatiales manque de l'ampleur de L’étoffe des héros (Philip Kaufman, 1983) ou de Space cowboys (Clint Eastwood, 2000). Un peu à l'image de Gravity (Alfonso Cuaron, 2013), il faut que le héros ait souffert pour avoir le cran de supporter la succession des épreuves qui assureront le succès de la mission.

Le traumatisme de la perte de l'enfant est amorcé dès le début avec la séquence de la terrifiante imagerie médicale,  des images de famille de Karen en super 8 (tournées en 16 mm) et de la séquence avec la balançoire abandonnée. Le fil conducteur d'un héros hanté par la mort de sa fille et déjà retiré des vivants est parfaitement assumé avec la scène où Armstrong laisse tomber le bracelet de sa fille, Karen, dans l'East cratère sur la lune. Chazelle  transforme la réalité historique puisque la dernière tâche d'Armstrong sur le sol lunaire fut de laisser un petit paquet d'objets en mémoire des défunts cosmonautes soviétiques Youri Gagarine et Vladimir Mikhaïlovitch Komarov, et des astronautes d'Apollo 1 : Gus Grissom,  Ed  White et Roger Chaffee.

Les scènes familiales sont emprunts de la même froideur glacée d'un être privé de sentiment. Ainsi quand Armstrong, contraint par Janet, dit au revoir à ses fils avant de partir vers la lune avec un fort risque de ne pas en revenir. A la fin de son discours dégagé de toute émotion, son fils le salue dune poignée de main virile.

Chazelle suit ainsi un Armstrong replié sur ses seuls capacités techniques et son instinct de survie (le LEM difficilement pilotable dont il s'extrait au dernier moment). Comme lui, il n'accorde aucune importance aux protestations contre le coût inconsidéré du programme spatial face à des programmes sociaux et éducatifs en perte de vitesse.

Jean-Luc Lacuve, le 31 octobre 2018.

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