La rencontre

1996

Avec : Alain Cavalier, Françoise Widhoff (Eux-mêmes). 1h15.

(Alain Cavalier s'exprime à la première personne et Françoise Widhoff  dont l'identité n'est jamais révélée est le "tu" à laquelle il s'adresse; c'est par facilité que le résumé ci-après remplace les pronoms personnels par les prénoms)

Françoise est revenue du marché avec une dorade royale payée très chère, 120 francs. Elle est magnifique. Alain présente une pierre, une feuille ; Françoise des billes que la fillette du 5e étage jette quotidiennement dans son jardin. Le nombre préféré de Françoise est sept, celui d'Ain est sept aussi. Ils sont heureux dans leur grotte, la maison de Françoise, c'est l'hiver. Alain masse les pieds de Françoise et le chat est rentré. Évocation de la mort du père, Vlan, d'origine russe, lorsqu'elle avait huit ans et habitait au Maroc. Le chauffeur de son père s'était endormi au volant.

Alain examine les lunettes de Françoise et trouve sa monture métallique peu confortable pour son nez. Alain est à Vendôme où il filme la demeure familiale close de volets blancs puis une chambre d'hôtel où, malgré l'absence Françoise, il se sent bien. Il est venu filmer son père, endormi et sa mère, très fatiguée aussi

C'est le printemps. Alain filme le lit, nouvellement acheté aux bonnes dimensions, 160x200 comme ils l'ont expérimenté lors d'un voyage à Istanbul pour son travail.  Mort de la mère de Françoise. Au cours d'une nuit, il y eut une première dispute une larme sur les joues de Françoise est recueillie sur le doigt d'Alain. Alain revient dormir une nuit dans son ancien appartement avec l'envie de rejoindre au plus vite celui qu'il habite avec Françoise en rez-de-jardin. Françoise et Alain s'échangent des montres pour cadeaux. Kilinki, le chat de Françoise, est mort. Alain lui offre une pomme de pin en guise de consolation. Le vase de l'héritage est fêlé de partout.

14 juillet avec ses chars dans les rues de Paris. Françoise mange un abricot et fabrique un sifflet avec le noyau. Saint Paul de Vence ; peur que Françoise ne soit morte qui rend Alain malade jusqu'au lendemain, exposition de Georges Braque à la fondation Maeght de Saint Paul de Vence. Alain filme son tableau préféré, Barque sur la grève qui appartient à une de ses amies. Paluel, au bord de la mer, il pleut. Françoise rend visite à un ami. La pomme de pin du deuil du chat a fait son office. Il est temps de la brûler. Confidences sur les pets dans une chambre. Faut-il continuer à filmer ce qui ne devrait appartenir qu'à eux ? Grâce aux histoires d'Arsène Lupin que lui a offert Françoise, Alain peut s'endormir facilement après une demi-page. Alain dit fondre pour Françoise alors qu'un comprimé effervescent se dissout dans l'eau. Françoise est heureuse de sa vie calme et douillette au coin du feu dont elle avait toujours rêvé. Alain, elle ne l'avait pas même espéré.

Premier des films intimes d'Alain Cavalier qui garde encore la caméra sur pied pour des cadres soignés. Après, dans Le filmeur (2004), Irène (2009), Le paradis (2014), elle sera tenue à la main avec une souplesse croissante. Ici Cavalier n'avait pas d'argent pour un transfert du support vidéo sur pellicule. Le support 35 mm est obtenu en filmant une télévision

Ce film intime peut, exposé dans une salle de cinéma, paraitre voyeuriste. Ainsi, par exemple des séquences  évoquant les règles de Françoise qui viennent en même temps que la lune ou ses pets qu'il aime. Alain Cavalier revendique toutefois de ne filmer que ce qui le touche et que ce qui lui plait et veiller à structurer son récit autobiographique comme un récit de fiction. Il invite le spectateur à regarder sa propre vie sur le sentiment amoureux. Le visage de Françoise ne se laisse pas facilement filmer. Pour ne pas la gêner, il lui est plus facile de ne pendre d'abord que la parole. Il filmera ensuite un fragment de visage et le corps sera vu en entier mais par morceau.

Le montage respecte l'ordre chronologique du tournage, composé de travail et d'imprévu. Les mauvaises prises tombent ; les plans qui s'attirent restent avec un mouvement dans le plan qui, si possible, va du moyen au meilleur.

Jean-Luc Lacuve le 02/04/2016