Les Amandiers

Fin des années 80, Stella, Etienne, Adèle et toute la troupe ont vingt ans. Ils passent le concours d’entrée de la célèbre école créée par Patrice Chéreau et Pierre Romans au théâtre des Amandiers de Nanterre. Lancés à pleine vitesse dans la vie, la passion, le jeu, l’amour, ensemble ils vont vivre le tournant de leur vie mais aussi leurs premières grandes tragédies.

Les auditions des postulants pour l'école de théâtre dirigée par Pierre Romans sont pleines d'excès et d'intensité et rendent attachant chacun des jeunes acteurs, tous parmi les 12 sur 40 qui seront finalement retenus. L’épisode à New York au sein de l'Actor Studio fondé par Lee Strasberg est également intense alors que se met en place ce qui va devenir l'intrigue principale du film : les amours de Stella et Etienne. La dimension autobiographique se fait alors de plus en plus affirmée : Stella, pauvre petite fille riche laissée aux seuls soins d'un majordome dévoué et aimant, tombe amoureuse du bad boy de la bande, junkie aussi attachant qu’irresponsable. Tout cela finira mal même si Stella, revenue aux Etats-Unis sur les traces de son amour perdu, ne l'oubliera jamais.

Tout le dernier tiers du film est ainsi phagocyté par le trajet personnel de Stella-Valeria au détriment du groupe et du théâtre. Chéreau est renvoyé à ses mauvais côtés (tyrannique, harceleur, despote, cynique) à peine contrebalancés par sa volonté que, de chaque réplique, naisse une idée de mise en scène. Mais de vision personnelle de Platonov, interprété par les jeunes acteurs, il n'en est jamais question.

S'il est énoncé que Les Amandiers est le centre névralgique de toute la création théâtrale européenne, rien ne vient jamais le prouver. Mais il est vrai que cette phrase est prononcée par l'actrice rejetée. Il faut sans doute en déduire que ce n'est pas le propos du film, tout occupé à recréer minutieusement le décor de la fin des années 80 dans lequel évolue une jeunesse avide d'incandescence.

Jean-Luc Lacuve, le 27 novembre 2022.