Le roi Lear

1971

(King Lear). D'après : La pièce de Shakespeare. Avec : Paul Scofield (King Lear), Irene Worth (Goneril), Cyril Cusack (Albany), Susan Engel (Regan), Tom Fleming (Kent), Anne-Lise Gabold (Cordelia), Ian Hogg (Edmund), Robert Langdon Lloyd (Edgar), Jack MacGowran (Le fou), Patrick Magee (Cornwall). 2h17.

Dans la grande salle du palais des rois de Grande-Bretagne, le vieux roi Lear réunit ses filles, leurs maris et son fidèle ami le comte de Kent. Il annonce son désir de se retirer du pouvoir et sa décision de diviser son royaume entre ses trois filles, Goneril mariée au duc d'Albany, Régane épouse de Cornouailles et Cordélia, la plus jeune, courtisée par le duc de Bourgogne et le roi de France. La plus large part sera offerte à celle qui saura lui déclarer qu'elle l'aime le mieux. Alors que les deux aînées n'hésitent pas à jouer la carte de la flagornerie, Cordélia se montre sobre et sincère en affirmant qu'elle devra un jour la moitié de son affection à un futur mari bien qu'elle aime profondément son père. Blessé par cette réserve qui pique d'autant plus son orgueil qu'elle émane de son enfant préférée, Lear déshérite Cordélia, partage le royaume entre les deux autres sœurs, la chasse impitoyablement et annonce qu'il ira vivre alternativement sur les terres de Goneril et de Régane avec sa suite d'une centaine de chevaliers.....

Peter Brook a réduit le texte de moitié et a réaoganisé la série des évènements. Si Brook réduit la dimension épique de la pièce, c'est pour lui substituer une expérience cinématographique douloureusement intime. Il met l'accent sur les visages austères et les paysages nus et arides.

Paul Scofield a été désigné pour ce rôle, le meilleur acteur shakespearien du 20ème siècle par la Royal Shakespeare Company. Il ne joue pas un Lear sympathique et pathétique mais plutôt un Lear sombre et menaçant, presque terrifiant. Ce qu'il perd du dynamisme d'un Olivier ou d'un McKellen, il le gagne en puissance oppressive pure. Lorsque Scofield regarde la caméra, on sent bouillonner les forces intimes de Lear. Sa voix inimitable, seule, suffit pour faire trembler sans qu'il ne "joue" jamais le drame, restant toujours dans le registre modéré.

Les tournages au Danemark avec ses praires glacées et ses lacs gelés expriment le nihilisme extrême de la pièce de Shakespeare et de la production de Peter Brook.