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L'ange de la rue

1928

Genre : Mélodrame

(Street Angel). Avec : Janet Gaynor (Angela), Charles Farrell (Gino), Alberto Rabagliati (Policier), Cino Conti (Policier), Guido Trento (Neri, le sergent de police), Henry Armetta (Mascetto), Louis Liggett (Beppo), Milton Dickinson (Bimbo), Helena Herman (Andrea), Natalie Kingston (Lisetta). 1h42.

Dans les quartiers pauvres de Naples, une jeune fille, Angela, ne peut payer les soins qu'exige la santé de sa mère grabataire. Après avoir tenté, sans conviction, de mendier et de se prostituer, elle vole de l'argent laissé à un comptoir. Arrêtée, condamnée à un an de pénitencier, elle s'échappe et se précipite chez elle : sa mère est morte. Cernée par la police, elle s'évade par les toits. Recueillie par la troupe d'un petit cirque ambulant dont elle devient l'acrobate vedette, Angela fait la connaissance d'un peintre bohème, Gino, qui veut faire son portrait. Elle accepte à contrecœur mais s'émerveille du résultat : l'œuvre transfigure son visage. Les deux jeunes gens tombent amoureux.

Un jour, tandis qu'Angela exécute son numéro d'échasses, elle voit deux carabiniers, prend peur et se casse la cheville en tombant. Gino la ramène à Naples consulter un spécialiste. Ils s'installent dans les quartiers mal famés de la ville, mais leur amour reste pur et idyllique. Gino est contraint de vendre le portrait d'Angela à un marchand de tableaux qui fait retoucher la toile et la revend pour une madone du xviiie. Dans la rue, le sergent Neri reconnaît Angela. Alors que Gino, qui a décroché une commande, rentre pour célébrer l'événement, Neri attend la jeune fille. Elle obtient de lui qu'il ne dévoile rien à Gino. Au terme de la soirée trop arrosée, Gino se rend compte du départ d'Angela, perd tout espoir, tout don créatif et se réfugie dans l'alcool.

Lisetta, une voisine prostituée, jalouse de leur bonheur, partage la cellule d'Angela. À leur remise en liberté commune, elle raconte tout à Gino. Dégoûté, il décide de ne peindre désormais qu'"un visage d'ange avec une âme de démon". À la recherche de modèles dans les quartiers chauds, il croise Angela. Effrayée par son expression de haine, elle s'enfuit et se réfugie dans une église. Gino la rejoint et s'apprête à l'étrangler devant l'autel. Mais, lorsqu'il lève les yeux et découvre son portrait en Madone à la lueur des cierges, il comprend son erreur et relève Angela. Les deux amoureux peuvent désormais repartir vers le bonheur

Film que l'on a cru perdu jusque dans les années 70 avant qu'il ne soit retrouvé aux Etats Unis. C'est presque une suite de L'heure suprême qui s'impose après le succès de ce dernier film dont il reprend les ingrédients : pittoresque sentimental, cadre européen, protagonistes hors normes et pauvres. le film reprend les apartés intimes : l'heure de sursis avant d'être emprisonnée est un remake des adieux de L'heure suprême.Le film s'inspire de Cristilinda, un roman de l'Irlandais, Monckton Hoffe. Cristilinda, est une jeune écuyère qui travaille dans le cirque immense de son père à Londres. Elle fait une chute de cheval et devient infirme. Elle est amoureuse d'un peintre, un faussaire de génie.

Borzage, tout puissant, son propre producteur, déplace l'intrigue de Londres à Naples, hommage probable à ses ancêtres, les Borzaga. Chistilinda devient Angela, fille très pauvre que l'on appelle l'ange des rues, un euphémisme pour une prostituée. Elle finit par attérir dans un tout petit cirque ambulant et devient amoureuse d'un peintre de génie, manipulé par des faussaires.

Oliver, le décorateur part un mois à Naples dans les quartiers pauvres de Santa Giovanna pour ramener des détails exotiques. Ill construit un immense décor circulaire au centre duquel est édifiée une grue capable de pivoter à 360°. La lumière module une traduction picturale des etats d'âme. Les espaces deviennent des formes géométriques pures. Le port dans la brume rapelle l'expressionnsime de Pabst. Un expressionnisme qui précéde les films d'horreur des années 30 avec les Frankenstein de James Whale. Borzage veut prouver qu'il est capable de faire la même chose que Murnau mais au service de sa propre thématique.

Ce sont les balbutiement du cinéma sonore. Les personnages sifflent sans doute un peu trop mais le son de cloche lorsque Angela est emmenée par la police sans que son amoureux le sache est un des premiers effets sonores émouvants.

La citation en exergue : "Partout, dans chaque ville, dans chaque rue, nous croisons sans les avoir les âmes humaines grandies par l'amour et l'adversité" pourrait être la profession de foi des films de Borzage. Ses films sont peuplés de personnages isolés, de victimes, de rejetés, vagabonds, chômeurs, déserteurs qui vont se revaloriser mutuellement. En créant un espace protégé, les amants peuvent vaincre l'adversité. Ils ne cherchent pas à être intégrés à la société donc pas de regard moralisant. Ici la quête de la pureté se fait au travers de l'art. La peinture découvre au peintre le visage intérieur de la femme qu'il aime.

Le film connu un succès plus grand encore que celui de L'heure suprême. Le seul accueil défavorable eut lieu en Italie. Il est interdit par Mussolini qui change le titre et ampute le film de 40 minutes. Dans l'Italie fasciste, la prostitution et le vol n'existent plus...

Test du DVD

Editeur : Carlotta-Films, novembre 2010. 3DVD, 4 films. Nouveaux masters restaurés aux formats d'origine de 1.20 à 1.30, cartons en version originale, sous-titres français. 50 €.

DVD1 : L'heure suprême. DVD2 : L'ange de la rue. DVD3 : Lucky Star, La femme au corbeau. Suppléments : Entretiens avec Hervé Dumont (0h20, 0h12, 0h12), une analyse de Michael Henry Wilson(0h15). Un entretien audio avec Frank Borzage de 1958 (0h21). Trois courts métrages de Frank Borzage pour Screen directors playhouse de 1955-56 : Day is done, A ticket for Thaddeus, The day I met Caruso.

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