Berlin, dans la semaine du 3 au 11 novembre 1923. C'est l'inflation galopante, le chômage, la misère et le désespoir. Alors qu’il se perd dans l’alcool, Abel Rosenberg découvre le corps de son frère, Max, suicidé d’une balle dans la bouche. Interrogé par le commissaire Bauer, il a l’intuition qu’on le soupçonne de plusieurs meurtres perpétrés dans le quartier. Il s'étonne aussi d'une ultime question de l'inspecteur Bauer qui lui demande s'il est d'origine juive.
Dans l'après-midi, Abel se rend à "La mule bleue", un cabaret minable où se produit sa belle-sur Manuela, ancienne partenaire des deux frères pour un numéro de trapèze volant. Alors qu'il lui annonce la mauvaise nouvelle, il rencontre Hans Vergerus, un savant qu'il déteste.
Le jour suivant, le commissaire Bauer emmène Abel à la morgue pour identifier plusieurs cadavres. Se sentant injustement soupçonné, Abel essaye en vain de s'échapper. Après une visite de Manuela, il est autorisé à quitter la prison.
Les deux anciens acrobates trouvent refuge dans un appartement que Vergerus leur a procuré dans les dépendances de sa clinique Sainte-Anna. C'est là qu'Abel trouve un emploi aux archives, tandis que Manuela est affectée à la lingerie.
"La mule bleue" est mise à sac par des voyous nazis. Son propriétaire juif est battu à mort. En rentrant dans son appartement, Abel découvre le cadavre de Manuela. En brisant l'un des miroirs de la pièce, il constate la présence d'un réseau de caméras clandestines. Vergerus filmait des expériences sur le désespoir et la folie. Après une poursuite cauchemardesque, le savant se suicide. À l'infirmerie de la prison, Abel apprend qu'Hitler a manqué son coup d'État à Munich.
Alors que Bergman vient de fuir la Suède où il est poursuivi pour fraude fiscale, son ami Dino de Laurentiis et Horst Wendlandt, le co-producteur allemand, lui donnent beaucoup d'argent pour réaliser "le film de ses rêves".
Bergman accepte de tourner en anglais n'ayant jusqu'alors refusé des films proposés par Hollywood que parce qu'on lui imposait des scénarios dont il n'était pas l'auteur. Il tournera ainsi son unique superproduction dans les mêmes décors que Berlin Alexanderplatz de R. W. Fassbinder.
Bergman qui a souvent flirté avec l'expressionnisme (L'heure du loup) tente ici de refaire un film allemand des années 20 à la Fritz Lang.
Au lieu de se consacrer aux visages et aux âmes, Bergman semble focaliser son attention sur les maisons, les églises et leurs éclairages pour un film au final assez théâtral, un peu outré et déséquilibré par le couple atypique formé par David Carradine et Liv Ullmann.
On reconnaît néanmoins la thématique de Bergman avec un film centré sur la destruction de deux êtres et des personnages qui contrôlent les cerveaux d'autres par l'angoisse.