Il pleut sur notre amour

Ayant raté son train, Maggie, jeune campagnarde désemparée, se résigne à passer la nuit dans la salle d'attente de la gare. Elle rencontre David, un chômeur, et, par mesure d'économie, accepte de le suivre dans une chambre d'hôtel. Le lendemain, le couple décide de ne plus se séparer. Espérant trouver du travail, David et Maggie s'installent dans une misérable cabane en bordure d'une voie ferrée. Ils subissent bientôt les machiavéliques tracasseries du propriétaire, vieillard hypocrite et cauteleux.

David réussit à se faire embaucher chez un fleuriste. Il réagit avec colère lorsque Maggie lui apprend qu'elle était enceinte quand il l'a rencontrée. En proie à une cruelle désillusion, David erre dans la ville et s'attarde dans un café où le spectacle d'un ivrogne le remplit de dégoût. Il achète la cabane et rassure Maggie en lui proposant de l'épouser. Un pasteur puritain se sert d'arguments administratifs pour refuser la publication des bans. Il oriente Maggie vers une pension pour filles-mères. David est renvoyé de son travail lorsque ses patrons apprennent qu'il a été condamné pour vol. Maggie accouche d'un bébé mort-né.

Un homme de loi se présente à la cabane avec un avis d'expulsion, car la municipalité a décidé de détruire les taudis pour construire des immeubles neufs. David refuse de signer le document, ne contrôle pas sa colère et frappe l'homme de loi. Ce geste le conduit une fois de plus au tribunal. Il échappe à une condamnation et se voit proposer par le propriétaire le rachat de la cabane avec abandon de la reconnaissance de dette. Le vieillard réalise ainsi une bonne affaire et il emporte la cabane sur un camion. David et Maggie reprennent leur errance. À un croisement, ils sont abordés par un inconnu aux allures de Destin, qu'ils ont déjà rencontré plusieurs fois. Ils s'étonnent lorsque l'inconnu leur promet un peu d'espoir…

Après l'échec commercial de Crise, la Svenk Filmindustri est plus soucieuse d'exploiter le talent de scénariste de Bergman que de lui confier des films à réaliser lui-même. C'est le producteur indépendant Lorens Marmstedt qui prend le relais. Il lui fait confiance et lui laisse une grande liberté créatrice. Bergman rencontre le jeune et séduisant comédien Birger Malmsten qui devient bientôt une grande vedette du cinéma suédois. Il figure dans la plupart des premiers films de Bergman une sorte de double idéalisé du cinéaste.

Séduit par Quai des brumes (Marcel Carné, 1938) et le réalisme poétique français, Bergman leur rend un hommage patent. Le producteur prévient gentiment Bergman : "Souviens-toi que Birger Malmsten n'est pas Jean Gabin et surtout que tu n'es pas Marcel Carné".

Le film, découpé en chapitres par des cartons illustrés, est une première exploration du thème du couple.