Au tournant du XXe siècle au Bengale, Devdas est un jeune homme insouciant d'une vingtaine d'années qui fréquente Parvati, une jeune fille de son village qu'il connait depuis qu'ils ont fréquenté ensemble les bancs de l'école. Elle est amoureuse de lui et voudrait bien l'épouser, mais lui laisse planer le doute. Un jour, le père de Devdas, un riche propriétaire terrien, décide de l'envoyer à Calcutta poursuivre ses études. Il essaye de résister mais la pression familiale est trop forte et, à contre-cœur, il doit quitter son village et Parvati. À Calcutta chez son oncle, il fait la connaissance de Chunilal, un agent d'assurance filou et bon-vivant qui tente de transformer le jeune villageois timide en citadin à la mode.
Pendant ce temps, Parvati croit que Devdas va revenir l'épouser et sa mère entame des négociations pour sceller leur union. Mais le père de Devdas s'y oppose fermement, arguant d'une différence de fortune qui ternirait l'honneur de sa famille. En retour, le père de Parvati, vexé, décide de marier rapidement sa fille à un très riche veuf de presque 40 ans. Devdas apprend avec amertume la nouvelle des futures noces de Parvati lorsqu'il revient pour les vacances universitaires mais n'émet pas d'objection. En dernier recours, Parvati brave l'interdit et se rend une nuit seule chez lui pour le prier d'agir enfin. Devdas s'en ouvre timidement à ses parents le lendemain mais face à leur réprobation véhémente, retourne immédiatement à Calcutta d'où il écrit une lettre à Parvati lui demandant de l'oublier. Aux vacances suivantes, il rassemble son courage et, comme si rien ne s'était passé, promet à la jeune femme qu'il trouvera les mots pour convaincre sa famille de les laisser se marier. Mais il est trop tard. Elle le rejette sans ménagement se montrant fière d'avoir été choisie et d'épouser un homme très riche. De rage, Devdas la frappe et lui inflige une vilaine cicatrice sur le front.
Parvati rejoint alors son mari et arrive dans un palais triste de la mort de la maîtresse de maison qu'elle remplace. De son côté, Devdas est reparti à Calcutta dégoûté de lui-même et de la vie, pleurant sa Parvati perdue à jamais. Il fréquente le khota de Chandramukhi (Rajkumari), une jeune courtisane que lui avait présenté Chunilal. Elle l'aime, même s'il la méprise et qu'il s'adonne maintenant à la boisson. À la mort de son père, sa mère va habiter à Bénarès et il perd les dernières attaches avec son village. Il donne alors sa part d'héritage à son frère, congédie Dharmadras (Nemo) son fidèle serviteur, puis s'enfonce un peu plus dans l'alcool. Ce dernier, désespéré de constater la déchéance de celui qu'il a élevé, va trouver Parvati et lui décrit l'état du jeune homme. Elle se rend chez lui pour tenter de le convaincre d'arrêter de boire, mais c'est peine perdue. Devdas est désabusé, presque cynique, au point de lui promettre de venir la voir une dernière fois avant de mourir.
Bien qu'elle soit plus jeune que les enfants de son époux, Parvati se comporte en mère sage et bienveillante. Elle réconcilie Yashoda sa belle-fille avec sa famille, organise le mariage de Mohan (P. C. Barua) son gendre et redonne le sourire à son mari. Elle fait aussi distribuer de la nourriture aux pauvres et le palais retrouve doucement la joie de vivre. Pendant ce temps, Devdas boit toujours plus. Pour gagner son cœur et son respect, Chandramukhi quitte la courtisanerie. Mais il disparaît, errant maintenant ivre dans les rues de Calcutta. Elle finit par le retrouver dans un caniveau et avec l'aide de Dharmadras, le soigne chez elle pendant de longues semaines. Son foie est atteint. Au moment où elle pourrait penser qu'il revient à la vie, Devdas la quitte et part avec son serviteur sillonner sans but le pays. Il replonge plus que jamais dans l'alcool et une nuit, il vomit du sang. Sentant sa fin imminente, il entame un dernier voyage pour accomplir la promesse qu'il avait faite à Parvati de venir la voir avant de mourir.
Il meurt en arrivant au palais de Parvati sans l'avoir revue. Apprenant qu'il gît dehors, elle se précipite pour le retrouver, mais les lourdes portes se referment. Elle ne le reverra jamais.
Depuis ses débuts, le studio New Theatres de Calcutta cherchait à s'ouvrir à un marché beaucoup plus vaste que celui du Bengale en produisant des films en hindi-ourdou destinés au plus grand nombre à côté de productions plus exigeantes en bengali. Ces premiers films hindis s’inspiraient souvent de genres cinématographiques alors en vogue au nord de l'Inde, relatant principalement des fantaisies orientales ou étant tirés du théâtre parsi. Mais à la suite des échecs répétés de ces films grand-public et par contre du succès considérable du remake en hindi de Chandidas par Nitin Bose en 1934, le studio change de stratégie. Il cherche plutôt à capitaliser sur son esthétique propre et s'oriente vers des films bilingues hindi et bengali, c'est-à-dire réalisés simultanément dans les deux langues avec souvent la même distribution et sortis en salle parfois à quelques mois d'intervalle. Ce n'est pourtant pas le cas de Devdas qui est tourné d'abord en bengali puis refait presque à l'identique en hindi quelques semaines plus tard1. Il suit ainsi la même trajectoire que Chandidas dont le succès de la première version bengali avait été à l'origine de son remake en hindi.
Jean-Luc Lacuve, le 31 mars 2020.