Belle Dormant

2016

Avec : Niels Schneider (Le Prince Egon de Létonia), Agathe Bonitzer (Gwendoline / Maggie Jenkins), Mathieu Amalric (Gérard Illinski), Tatiana Verstraeten (Princesse Rosemunde), Serge Bozon (Le roi de Litonia), Ingrid Caven (La fée méchante). 1h22.

Dans le royaume de Letonia, le jeune prince Egon passe ses nuits à jouer de la batterie. Le jour, il n'a qu'une idée en tête : pénétrer le royaume de Kentz pour retrouver la belle dormant et briser le charme. Mais son père, le roi, qui ne croit pas aux contes de fées, y est totalement opposé. C'est Maggie Jerkins, archéologue de l'Unesco, qui va lui donner la clef.

Le charme de la région Bretagne, le soin apporté au cadrage, l'étalonnage numérique qui permet tous les trucages confèrent un charme certain au film. La distribution très hétérogène où chacun apporte son registre propre donne un peu de fantaisie au film avec mentions spéciales à Ingrid Caven (actrice et chanteuse de plusieurs passages) et Agathe Bonitzer.

Le déplacement du sommeil de la princesse durant le XXe siècle apporte aussi un peu de nouveauté au conte de La Belle au bois dormant dont les versions les plus célèbres sont celle de Charles Perrault, publiée en 1697 dans Les Contes de ma mère l'Oye, et celle des frères Grimm (Dornröschen) publiée en 1812. La version de Perrault est basée sur Le Soleil, la Lune et Thalie de Giambattista Basile (publié à titre posthume en 1634), un conte lui-même basé sur un ou plusieurs contes populaires. Une des premières versions connues de l'histoire est Perceforest, composé entre 1330 et 1344 et imprimé en 1528.

Arrietta filme simplement sans chercher à transformer le conte au-delà de ce déplacement temporel. De là un aspect parfois laborieux pour conclure le récit : prise de photos de personnages statiques qui ne prouvent en rien leur sommeil; répétition plan après plan du chemin du prince vers la tour après ceux suivis auparavant par la princesse. Seule la tristesse de Gwendoline de n'avoir pu concrétiser une histoire d'amour terrestre apporte un peu d'émotion

L'aspect un peu paresseux et lymphatique du traitement conte ne procure pas le ravissement des trucages réalisés au tournage par Henri Alekan dans La belle et la bête ou, en prenant plus de risque avec la modernité par Antonioni dans Le mystère d'Oberwald. Reste que ces 62 minutes modestes imposent leur univers pictural délicatement maniéré.

Jean-Luc Lacuve le 14/01/2017