Ciné-club : Le maître, la maîtresse et l'esclave d'Abrar Alvi et Guru Dutt

Localité de Dhakuria, cité de Calcutta. Un architecte parcourt les ruines d'un palais et se souvient de ce lieu tel qu'il l'a connu dans sa jeunesse. Le palais est alors agité par les vies scandaleuses de deux maîtres décadents : Manjhle Sarkar organise des fêtes somptueuses et dispendieuses. Chhote Sarkar, son neveu, le petit maître, passe ses soirées à boire chez les prostituées.

Tout juste arrivé de son village, le jeune et candide Bhootnath est hébergé par son beau-frère, l'ancien précepteur des enfants qui lui trouve un travail d'assistant dans l'entreprise du vermillon Mohini, censé faire retrouver l'amour perdu aux femmes qui le portent. L'entreprise familiale est dirigée par Suvinay qui appartient au Brahmo Samaj, mouvement intellectuel et pacifiste qui réprouve la violence à l'encontre des anglais. La candeur de Bhootnath séduit sa fille, Jaba. Elle chasse le cuisinier indélicat qui avait osé restreindre le repas du gourmand Bhoothath en indiquant qu'elle en était responsable.

Dès la première nuit, Bhootnath avait entendu, la jolie femme de Chhote Sarkar, Chhoti Bahu chanter "Oh Bien-aimé viens à pas lents", chanson qu'il ne devait jamais oublier. Chooti le convoque la nuit pour lui demander de lui procurer le vermillon qui, elle l'espère, lui ramera son mari. Mais Chhote Sarkar se prend pour un guerrier et se sent humilié de devoir rester chez lui avec sa femme.

DLes anglais saouls ont bousculé un convoi religieux et mis à sac un étal de fruits. Le beau-frère de Bhootnath a alors lancé une bombe contre eux. Bhootnath reçoit une balle perdue dans le genou. Il est soigné par Jaba mais, lorsqu'il apprend que le vermillon n'a pas eu l'effet escompté, il oblige Suvinay à avouer qu'il ne croit pas à son produit miracle et démissionne. Suvinay avait trouvé, Supavitra, le fils d'un ami comme mari pour sa fille mais touché par la candeur de Bhootnath, ils 'enfonec dans la depression et ne tarde pas à mourir.

Pour gaganer l'amour de son mari, Chhoti Bahu finit par accepter de se saouler avec lui. Elle parvient à la garder plsusieurs semaines mais il finit par se lasser alora squ'lle s'enfonce dans l'alcoolisme

Il faudra attendre que Bhootnath évoque son village d'enfance, Fatehpur, canton de Gazna, district de Nadia pour que Jaba comprenne qu'il est son frère de lait et ne résiste plus à l'amour qu'elle a pour lui.

Abrar Avi est le scénariste de Guru Dutt depuis d'Ar-Paar (1954). Après l'échec commercial de Fleurs de papier (1959) Dutt choisit de renoncer à rélaliser. Il est l'acteur principal et le producteur de Le maître, la maîtresse et l'esclave dont il délègue la réalisation à son ami et scénariste.

Le film évoque bien souvent Le salon de musique de Ray par les dépenses somptueuses de Manjhle Sarkar. Ces dépenses sont parfois généreuses : le précepteur des enfants, devenus grands, continue d'être payé et d'avoir son logement ; les danseuses invitées au palais dont Bhootnath surprend le spectacle. ces dépenses sont néanmoins sonvent irresponsables : le mariage de la chatte, l'entretien des pigeons de combat. Elles sont entretenues par la corruption qui conduit à l'achat d'une mine sans valeur qui ruine définitivement la famille. Elles s'accompagnent surtout d'une violence terrible : un paysan sans ressource bastonné et exécution de Chhoti Bahu , figure inoubliable de lyrisme : "Ma lampe s'est éteinte mes yeux sont fatigués, mon bien-aimé viens à pas lents".

Le mélodrame est aéré par des second rôles comiques, Chinta et son frère Bansi au service des petits maitres et par les danses, celles du palais ou de la prostituée Chunni Dasiamri ("oh ma vie, ton indifférence me tue").

Editeur : Carlotta-Films. Septembre 2012. Coffret 2DVD. Nouveaux masters restaurés HD. Version Originale. Sous-Titres Français. 35 €

DVD1 : L'assoiffé, DVD2 : Le maître, la maîtresse et l'esclave.

Suppléments :

Introductions de Charles Tesson (2012, 2 x 7')
A la recherche de Guru Dutt (Nasreen Munni Kabir, 1989, 1h30).