Dancer in the dark

2000

Avec : Björk (Selma Jezkova), Catherine Deneuve (Kathy), David Morse (Bill Houston), Peter Stormare (Jeff), Joel Grey (Oldrich Novy), Cara Seymour (Linda Houston), Vladica Kostic (Gene Jezkova), Jean-Marc Barr (Norman), Vincent Paterson (Samuel). 2h19.

Une petite ville des États-Unis, dans les années 60. Selma, une émigrée tchèque, ouvrière d'usine, élève seule Gene, son fils de douze ans ; sa meilleure amie est Kathy, une collègue émigrée, un peu plus âgée. Elle a de bonnes relations avec ses voisins, le policier Bill et sa femme Linda, et elle est courtisée par le gentil Jeff, à qui elle ne donne pas beaucoup d'espoir.

Derrière cette vie banale, Selma cache un secret douloureux, qu'elle confie à Kathy : elle devient lentement aveugle et son fils, à moins d'une opération rapide et coûteuse, court le même danger. Pour cela, elle amasse la somme nécessaire, dollar après dollar. Elle trouve un peu de réconfort dans son goût pour les vieux films musicaux hollywoodiens et, comme elle voit mal, Kathy lui en mime les passages dansés, doigts de l'une dans la paume de l'autre. Toutes deux font également partie d'une troupe amateur qui monte "La Mélodie du bonheur" ; Selma y chante le rôle de Maria, la gouvernante. Selma a un autre don : fuir le quotidien douloureux dans une vie rêvée, où tout devient comédie musicale.

Mais son voisin Bill, qui a une femme dépensière et de gros ennuis d'argent, lui vole ses économies. Selma le surprend et, écrasée de désespoir, le menace avec une arme. Bill se laisse tuer et elle récupère son bien. Mais elle est arrêtée, jugée et, comme elle a refusé de se payer un bon avocat avec l'argent destiné à l'opération de Gene, elle est condamnée à mort. Dans sa cellule, elle chantonne un mélancolique "My Favorite Things".

Le jour où Selma va être pendue, Kathy, qui est là, avec tous ceux qui lui sont fidèles jusqu'au bout, lui apprend que Gene a été opéré avec succès et donne comme preuve à son amie les lunettes du garçon dont il n'a plus besoin.

Pas plus que les principes du Dogme n'empêchaient Les idiots d'être un film aussi construit que bouleversant, le procédé dit des "cent caméras" n'empêche ce film d'être un magnifique mélodrame dont la source fragile est l'imaginaire d'un personnage qui ne voit plus.

Le film est construit sur une sucession de coups du sort qui s'abattent sur Selma dès qu'elle a le sentiment d'être heureuse. Pour qui ne peut voir le monde exterieur, la fuite dans la beauté intérieure est un danger permanant. C'est en rêvant dans l'usine qu'elle se blesse ; c'est après la chanson pleine d'espoir dans l'avenir malgré sa maladie qu'elle se fait dérober ses économies. C'est, durant le procès, lorsqu'elle s'imagine dans une comédie musicale que tombe la condamnation à mort.

Oeuvre de combat, Dancer in the Dark est un film où chaque chanson fait résonner l'espoir alors que sa place dans le montage a pour but de montrer la réalité du monde : sale, injuste et sans pitié.