La guerre des mondes

2004

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(War of the worlds). Avec : Tom Cruise (Ray Ferrier), Dakota Fanning (Rachel), Justin Chatwin (Robbie), Miranda Otto (Mary Ann Ferrier), Tim Robbins (Harlan Ogilvy), Rick Gonzalez (Vincent), Yul Vazquez (Julio). 1h56.

Ray Ferrier est un docker divorcé et un père rien moins que parfait, qui n'entretient plus que des relations épisodiques avec son fils Robbie, 17 ans, et sa fille Rachel, 11 ans. Quelques minutes après que son ex-femme et l'époux de cette dernière lui ont confié la garde des enfants, un puissant orage éclate. Ray assiste alors à un spectacle qui bouleversera à jamais sa vie...

Pour François-Xavier Molia(1), la période 2002-2005 qui suit le 11 septembre est très réticente à l'évocation d'un désastre sur le sol national. Trois films catastrophe marquent pour lui cette période où les cinéastes évoquent de manière oblique la mémoire du 11 septembre : Fusion (John Amiel, 2002) Le jour d'après ( Roland Emmerich, 2004) et La guerre des mondes. Ce dernier film relève de la science-fiction avec l'attaque extra-terrestre mais il est néanmoins vécu par son spectateur comme une catastrophe en marche.

François-Xavier Molia relève d'abord que La guerre des mondes invalide l'autorité paternelle. C'est un homme en fuite qui refuse l'action. Il entre en conflit avec son fils. Il abandonne son ancienne amie de l'autre côté du pont. A la fin, il n'a pas résolu sa crise de paternité. Dans une scène d'une extrême violence symbolique, Ray entre surtout en conflit avec Harlan Ogilvy car ne croit pas en la possibilité de riposter.

Réfugié dans une maison, Sam et Harlan Ogilvy ne savent d'abord pas de quoi ils ont été témoin. Le gore de l'attaque extra-terrestre est occulté, le corps dont le sang est aspiré est hors champ. Le sang est pourtant dispersé, omniprésent. Ray en voit la trace sur ses doigts et sur son visage.

Harlan veut attaquer. Il rappelle que, dans son métier d'ambulancier, seuls ceux qui parvenaient à garder les yeux ouverts s'en sortaient. Pour Harlan, la seule manière de s'en sortir, c'est de regarder le danger en face, de ne pas rester ignorant du monde. Ce personnage est pourtant disqualifié : affronter les extra terrestres paraît suicidaire et Ray préfère sans doute à juste raison protéger sa fille.

Ray met un bandeau sur les yeux de sa fille quand il se décide tuer Harlan. Il lui demande aussi de chanter une comptine pour qu'elle n'entende pas les bruits de la lutte. Il ferme la porte qui le sépare de sa fille. C'est la violence des pères. Protection partielle, la comptine se révèle plus efficace que dans A history y of violence où la petite fille est tuée dans la scène initiale. Là, toutefois, elle entend quand même les bruits de la lutte et enlève le bandeau une fois le meurtre accompli et avant que son père ne le fasse. Les enfants sont conscients de la violence des protecteurs, impossible à occulter complètement. Tout comme la violence du génocide indien, la violence inhérente des pionniers protecteurs entâche toujours, les actes des héros américains.

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