Le jour d'après

Roland Emmerich
2004

(The Day After Tomorrow). Avec : Dennis Quaid (Professeur Jack Hall), Jake Gyllenhaal (Sam Hall), Emmy Rossum (Laura Chapman), Sela Ward (Docteur Lucy Hall), Arjay Smith (Bryan Parks), Tamlyn Tomita (Janet Tokada).2h00

Le climatologue Jack Hall avait prédit l'arrivée d'un autre âge de glace, mais n'avait jamais pensé que cela se produirait de son vivant. Un changement climatique imprévu et violent à l'échelle mondiale entraîne à travers toute la planète de gigantesques ravages : inondations, grêle, tornades et températures d'une magnitude inédite. Jack a peu de temps pour convaincre le Président des Etats-Unis d'évacuer le pays pour sauver des millions de personnes en danger, dont son fils Sam. A New York où la température est inférieure à - 20° C, Jack entreprend une périlleuse course contre la montre pour sauver son fils.

Après les attentats du 11 septembre 2001, pendant quatre ans, de 2002 à 2005, les films sont soumis aux deux contraintes de décence et pudeur. Décence parce qu'un divertissement ne pouvait être irrespectueux vis à vis de la mémoire des victimes et pudeur afin de ne pas rappeler cet événement à la population. Hollywood se montre réticent à l'évocation d'un désastre sur le sol national. Trois films catastrophe marquent cette période où les cinéastes évoquent de manière oblique la mémoire du 11 septembre : Fusion (Jon Amiel, 2003), Le jour d'après (Roland Emmerich 2004) et La guerre des mondes (Steven Spielberg, 2004). Une constante des trois films est de ne pas montrer des corps morts défigurés ou brûlés mais des "cadavres propres" les premières victimes de Fusion sont ainsi des porteurs de pacemaker qui décèdent suite au dérèglement des ondes magnétiques sans que les autorités scientifiques ou militaires ne puissent le percevoir. Dans Le jour d'après les victimes meurent par le froid ce qui garde leur corps intègre et, dans La guerre des mondes, les rayons mortels font disparaître les corps.

La destruction de New York et notamment de sa sky line avait déjà été vue de nombreuse fois au cinéma (Armagedon, Deep impact Indepandance day). ll est cependant vu d'assez loin et par un raz de marée dans Le jour d'après avec seulement ensuite des bâtiments détruits et en ruines. Il n'y a pas de cadavres, même la statue de la liberté reste debout. Cependant le processus de juxtaposition centre-ville et avion catastrophe est appréhendée par les acteurs du film depuis la télévision. Il y a dans ce dispositif d'appréhension de la réalité la mémoire oblique de comment ont été appréhendés par les spectateurs les événements du onze septembre. Si reproduire la scène est interdit, l'imaginaire travaille le film

Cette autocensure hollywoodienne est tacitement levée en 2006 avec World trade center et vol 93 et plus nettement encore en 2007 avec Cloverfield. Si, sur longue période, on a continuité de la forme du film catastrophe, le traumatisme du onze septembre aura néanmoins, comme la crise de 29 par exemple, conduit à une éclipse de la masculinité héroïque au profit d'une complexité plus grande des personnages principaux.