Nana

1926

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Genre : Mélodrame

D'après le roman d'Émile Zola. Avec : Catherine Hessling (Nana), Werner Krauss (Comte Muffat), Jean Angelo (Comte de Vandeuvres), Raymond Guérin-Catelain (Georges Hugon), Claude Autant-Lara (Fauchery), Jacqueline Forzane (Comtesse Muffat), Pierre Lestringuez (Bordenave), Pierre Champagne (La Faloise), Jacqueline Ford (Rose Mignon), Valeska Gert (Zoé), Marie Prevost (Gaga). 2h30.

Sous le Second Empire, Nana, une petite " théâtreuse " assez vulgaire de moins de vingt ans, à l'aise dans les pièces faciles et qui ambitionne de jouer les grandes dames, devient, grâce à ses succès masculins, une courtisane avide de luxe et de plaisirs. Elle abandonne bientôt la scène pour la vie galante. Un jeune prétendant, pour la conserver, s'endette, triche au jeu et se suicide. Le Comte Muffat, premier chambellan de l'Impératrice, devient l'esclave rampant de cette enfant capricieuse et pourvoit généreusement à ses goûts somptuaires. Nana le trompe allègrement et dilapide son argent aux courses et en beuveries. Reprise par le démon des planches, elle se produit au bal Mabille dans un cancan endiablé. Mais le destin veille : Nana est atteinte par la petite vérole et meurt dans d'atroces souffrances.

Pour Jacques Lourcelles, dictionnaire du cinéma (extraits)

"Le choix du sujet témoigne de la fascination de Renoir pour le naturalisme, tandis que la forme exprime avec maladresse et confusion, un désir de métamorphoser ce naturalisme. Par la nudité d'un certain nombre de décors (sauf ceux du palais de Nana qui sont baroques et subissent l'influence de Stroheim), par un jeu stylisé, souvent mécanique et saccadé, imposé aux acteurs (Catherine Hessling en petite poupée exsangue maquillée à la japonaise), le film tend vers l'abstraction. En tout cas le naturalisme de Nana manque singulièrement de chair, de réalisme et d'émotions."

Pour François Truffaut :

"Nana fut réalisé sous l'influence directe de Folies de femmes ; c'est probablement pourquoi la cupidité de l'héroïne est à ce point soulignée ; c'est aussi pour la même raison, le seul film de Renoir où l'argent tient une si grande place. Mais ce qu'il y a de neuf et de fortement personnel, c'est le parallélisme constant entre les valets et les maîtres. Renoir se souviendra de Nana en tournant La règle du jeu puis Le journal d'une femme de chambre.

Par réaction probablement contre le guindé de son film précédent, Renoir se rapproche ici des personnages, filmés constamment en plans américains, collés aux murs à tel point qu'il faut l'un des quatre très longs travellings, effectués sur le châssis d'une vieille Ford aux pneus dégonflés, pour se rendre compte du luxe et de l'ampleur des décors (parfois truqués) dessinés par Claude Autant-Lara. On trouve dans Nana ce que deviendra la thématique de Renoir : l'amour du spectacle, la femme qui se trompe sur sa vocation, la comédienne qui se cherche, l'amoureux qui meurt de sa sincérité, le politicien éperdu, l'homme créateur de spectacles. Bref Nana rime avec Elena.

Pour Renoir, Nana est le premier de ses films "qui vaille la peine qu'on en parle". Il coûta exactement un million et, bien qu'il fut projeté avec un certain succès, fut un échec financier. Jean Renoir qui était son propre financier fut complètement ruiné. Il exécuta alors un "travail de commande" (Marquitta) tout en continuant à tourner pour son propre plaisir (Sur un air de Charleston)".

Test du DVD

Editeur : Arte Edition. Octobre 2009. Edition 4 DVD, masters restaurés.

DVD1 : Au Bonheur des Dames (Julien Duvivier, 1930) . DV2 : Comédiennes (Ernst Lubitsch, 1924). DVD3: Nana (Jean Renoir, 1926). DVD4 : Le voleur de Bagdad (Raoul Walsh, 1924).