(1865 - 1938)
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Ecole de Paris |
Autoportrait | 1898 | Houston, musée des Beaux-Arts |
Adam et Ève | 1909 | Paris, musée national d'Art moderne |
Suzanne Valadon, pseudonyme de Marie-Clémentine Valadon, naît le 23 septembre 1865. Fille naturelle d’une blanchisseuse, elle devient acrobate de cirque en 1880, jusqu’à ce qu’une chute mette fin prématurément à cette activité. Dans le quartier de Montmartre où elle habite avec sa mère, puis avec son fils, le futur peintre Maurice Utrillo, né en 1883, elle a la possibilité de s’initier à l’art. Pour aider sa mère, elle porte le linge repassé chez les clients.
Son genre de beauté solide attire le regard des artistes et, devenue leur modèle, elle les observe en posant, et apprend ainsi leurs techniques. C’est à cette occasion qu’elle fait la connaissance du peintre Puvis de Chavannes, dont elle devient le modèle. Elle pose également pour Auguste Renoir qui devient aussi son amant. Elle est également modèle pour Théophile Alexandre Steinlen, Jean-Jacques Henner et Federico Zandomeneghi. À partir de 1881 elle fréquente le milieu artistique de Montmartre où elle a vite plusieurs admirateurs : le chansonnier Maurice Boissy et Miquel Utrillo y Molins, un aristocrate espagnol, homme de lettres, critique d'art et peintre.
À 18 ans, elle attend un fils, Maurice, qui naît le 26 décembre 1883, et dont elle ne connaît pas le père. À cette époque elle fait des dessins, surtout des portraits, à la mine de plomb, au fusain et à la sanguine. Cela devient son activité principale jusqu'en 1909. Elle peint des natures mortes, des bouquets et des paysages marqués par la force de leur composition et leurs couleurs vibrantes. Elle s'inspire aussi de son entourage, ainsi elle brosse les portraits de son fils et de sa mère. Elle peint également des nus.
Miquel Utrillo qui s'intéresse à son enfant vient régulièrement en visite chez les Valadon. En 1886, Marie-Clémentine et sa mère déménagent rue Tourlaque, dans la maison où Henri de Toulouse-Lautrec loue un atelier. Très vite ils font connaissance. Elle devient son modèle ainsi que sa maîtresse. Il fera d’elle le portrait intitulé Gueule de bois. Elle l'accompagne partout pendant ses escapades nocturnes. C'est Toulouse-Lautrec qui lui attribue le prénom de Suzanne parce qu‘elle pose nue pour des peintres âgés, ce sera son prénom d'artiste. Après avoir découvert par hasard quelques dessins faits par elle, il lui conseille de les montrer à Edgar Degas. Celui-ci est enthousiaste et Suzanne Valadon devient son élève et sa protégée.
Son fils, appelé à sa naissance Maurice Valadon, prend en 1891 le nom de Maurice Utrillo, nom de famille de Miquel Utrillo, son père putatif, lorsque celui-ci le reconnaît.
Ses premières expositions au début des années 1890 comportent principalement des portraits, dont celui d’Erik Satie avec qui elle a une relation en 1893. Il lui propose le mariage au matin de leur première nuit. Seule relation intime de celui-ci, elle le laisse, comme il dira, avec « rien, à part une froide solitude qui remplit la tête avec du vide et le cœur avec de la peine. ».
En 1894, Suzanne Valadon est la première femme admise à la Société nationale des beaux-arts. Perfectionniste, elle peut travailler plusieurs années ses tableaux avant de les exposer.
Suzanne Valadon devient la maîtresse de Paul Mousis, agent de change et ami d'Erik Satie. C'est à cette époque qu'elle commence à peindre à l'huile. En 1896 Suzanne épouse Paul Mousis et ils s’installent au 12, rue Cortot, en haut de la butte Montmartre. Son mariage prend fin en 1909. Suzanne quitte son mari pour l'ami de son fils, le peintre André Utter (1886-1948), qu’elle épouse en 19147. Cette union, houleuse, durera près de trente ans. André Utter en Adam et elle-même en Ève figurent sur l’une de ses toiles les plus connues, Adam et Ève (Paris, musée national d'Art moderne).
Edgar Degas — pour qui elle n'a jamais posé, malgré ce que l'on dit souvent —, remarquant les lignes vives de ses esquisses et de ses peintures, encourage ses efforts en lui achetant et collectionnant ses premiers dessins. Elle connaît de son vivant le succès et réussit à se mettre à l’abri des difficultés financières de sa jeunesse, pourvoyant aux besoins de son fils.
En 1909, elle expose au Salon d'automne à Paris, puis en devient sociétaire jusqu'en 1933.
La peintre trouve dans la galeriste Berthe Weill une alliée solide qui soutient son travail. La marchande fait ainsi participer l'artiste à près de 19 expositions entre 1913 et 1932, dont trois rétrospectives personnelles.
En 1923, elle achète avec Utter le château de Saint-Bernard, au nord de Lyon, pour tenter d'entraver l'alcoolisme de son fils. Maurice Utrillo peint le château ainsi que l’église ou encore le restaurant du village.
À la fin de sa vie, Suzanne Valadon se lie d'amitié avec le peintre Gazi-Igna Ghirei, dit Gazi le Tatar (1900-1975) et, poussée par cette rencontre, se remet à peindre.
Suzanne Valadon meurt le 7 avril 1938, entourée de ses amis peintres André Derain, Pablo Picasso, Georges Braque et Georges Kars, lequel dessine son ultime portrait ce jour-là.