Monet paraît avoir eu un goût particulier pour la nature morte au début de sa carrière. S'il ne cesse de s'y intéresser par la suite, ce genre ne constitue cependant pas un des thèmes majeurs de sa peinture. Il est vrai que la nature morte constitue pour les peintres débutants du XIXe siècle un champ d'investigation moins couteux que la figure, puisqu'il qu'il n'y a pas de modèle à payer.
Monet, en tous cas, voit dans ces natures mortes ses meilleures études puisque c'est l'une d'elles qu'il présente en mai 1859 au conseil municipal du Havre pour appuyer une demande de bourse. Ce sont encore deux natures mortes qu'il montre au peintre Troyon la même année comme témoignage de son savoir-faire.
Cette oeuvre atteste en effet d'une habileté confondante si l'on considère que Monet n'est alors qu'un jeune homme. Certes les influences et les modèles sont assez aisément discernables : le souvenir de Chardin, l'opulence de Troyon dominent la composition. Au Salon de 1859, Monet avait justement admiré "un bien beau tableau" de Troyon, "un chien qui a dans la gueule une perdrix... c'est magnifique ; on sent le poil" écrit-il à Boudin (lettre du 3 juin 1859). Mais la sûreté de la mise en page, l'audace des jeux de matière montre que Monet sait déjà marquer son indépendance vis-à-vis de ses modèles.