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Le nu rose

1935

Le nu rose
Henri Matisse, 1935
Huile sur toile, 66 x 92 cm
Baltimore, Museum of art

Il faut considérer les quelque vingt-six états du Nu rose que publie Lydia Delectorskaya, pour bien comprendre comment procède Matisse :

« La plupart des toiles se trouvaient conclues en quelques séances, mais il était presque de règle que, durant « la saison de travail » (de septembre à juin), un tableau, au moins, traînait en longueur. Non pas que Matisse y échouait, bien au contraire : il sentait dans une telle toile la possibilité de faire un pas en avant dans sa recherche picturale et il le retravaillait sans fin pendant des semaines : la solution souhaitée prenait de l’ampleur et l’entraînait toujours plus loin »

Le Nu rose commencé le 3 juin 1935 (peut-être à partir du Nu couché sur le dos, harmonie bleue du 25 avril de la même année et aujourd’hui disparu) connaîtra d’abord au moins huit états le 26 juin, date à laquelle le peintre reprend sa série d’esquisses au fusain de Faune charmant la nymphe endormie, pour revenir le 29 juin au Nu rose, qui passera alors par au moins quatorze nouveaux états avant d’aboutir à sa version définitive (aujourd’hui à Baltimore).

Le Nu rose participe de la torsion sculpturale qui qualifie un grand nombre des nus de Matisse et notamment le Nu bleu, souvenir de Biskra. A cela près que, là où la torsion du Nu bleu, souvenir de Biskra fonde l’objet sculptural (Nu couché « Aurore », bronze de 1907, musée d’Art moderne de la Ville de Paris), le Nu rose de 1935 dispose et exhale la certitude lyrique d’un espace en excès (qui n’est plus centré sur l’objet). On remarquera que, de même que pour les corps de la grande décoration de La Danse de 1933, le Nu rose déborde (en bas, en haut et à gauche) le cadre de la toile ; et que d’un état à l’autre, c’est la dynamique de ce « débordement » que Matisse travaille. On se souvient que Matisse a déclarativement traité l’utilisation « des personnages qui ne sont pas toujours entiers... ,. à propos de La Danse de la fondation Barnes et de sa volonté de produire « dans un espace limité, l’idée de l’immensité, On constatera par ailleurs que Matisse a traité à de nombreuses reprises, au cours de ces années 1935-1939, comme il dit lui-même, « des personnages qui ne sont pas toujours entiers, il y en a la moitié qui est dehors »,. sur le modèle de La Danse de la collection Barnes.