Entre décembre 1916 et la fin de 1917, Matisse a peint au moins vingt-cinq tableaux d’un mannequin italien nommé Laurette. Elle a également posé avec sa sœur et une femme nommée Aïcha pour une quinzaine d'œuvres supplémentaires de l'artiste.
Parfois, Matisse dépeignait Laurette éveillée, comme dans une série de portraits en gros plan. D'autres fois, elle est allongée sur un canapé. Parfois, elle porte le costume exotique ou la coiffe d'une odalisque.
Cette peinture, cependant, est différente. Ici, Laurette, en pantoufles souples, sans ses accessoires décoratifs habituels et sans aucun doute nue sous la robe verte volumineuse, semble se reposer entre les séances. Comme il n’y a aucune indication de la pièce ou de l’espace qui l’entoure, la forme curviligne du fauteuil moelleux Second Empire enveloppe Laurette comme un nuage rose et moelleux sur lequel elle semble flotter comme une Madone terrestre.
Matisse a peint ces images de Laurette dans son studio situé au 19e étage du Quai Saint-Michel, à Paris. Il se trouvait en face du quartier général de la police sur l'Île de la Cité, de l'autre côté de la Seine. Comme le rappelait Pierre, le fils de l'artiste, Laurette était quelque peu non conventionnelle et, pendant les pauses après avoir pris la pose, allait à la fenêtre ouverte pour prendre l'air, inconsciente du fait qu'elle était complètement nue...A ce moment-là, les fenêtres du poste de police étaient remplies d'hommes ébahis.