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Batterie légère à Gettysburg

1940

Light Battery at Gettysburg
Edward Hopper, 1940
Huile sur toile, 46 x 69,4 cm
Kansas city, The Nelson-Atkins Museum of Art

Pendant les trois premiers jours de juillet 1863, l’armée confédérée de 75 000 hommes affronta celle de l’Union comptant 90 000 soldats à Gettysburg, Pennsylvanie. Ce fut le point culminant de la guerre civile.

Le premier jour, les troupes du Nord, sous le commandement du général George G. Meade, prirent une solide position défensive le long du cimetière Ridge au sud de la ville, tandis que les troupes du sud, dirigées par le général Robert E. Lee, se groupaient parallèlement le long de la Seminary Ridge à l'ouest. Le deuxième jour, les confédérés attaquèrent au sud infligeant de lourdes pertes à l’armée de l'Union, mais sans gagner du terrain. Le troisième jour, Lee commande une attaque frontale contre le centre de l’armée de l'Union. Le général George E. Pickett dirige sa célèbre charge de plusieurs milliers d'hommes à travers un champ donnant sur le cimetière Ridge face au feu mortel du Nord. Les confédérés atteignirent la crête mais ne purent la retenir. Lee est contraint de battre en retraite vers la Virginie. Gettysburg marque un tournant de la guerre. Alors qu'environ 23 000 soldats du Nord sont tués ou blessés, la petite armée confédérée compte quelque 28 000 victimes. Jamais plus Lee n'aurait la force pour monter une offensive majeure contre l'Union.

L'histoire dramatique de la bataille de Gettysburg était bien connue d'Edward Hopper, profondément intéressé par la guerre civile. Hopper avait visité Gettysburg et possédait une histoire illustrée de la guerre civile en dix volumes, qui comprenait un compte rendu détaillé de la célèbre bataille.

Pourtant, dans ce tableau Hopper ne montre aucun combat. Aucune bataille n'est célébrée ni aucun site historique représenté. Au lieu de cela, il dépeint, avec des coups de pinceau épais, un groupe anonyme de soldats de l'Union vêtus de bleu, à cheval ou assis sur des chariots, dos au spectateur, avancant en diagonale dans la profondeur le long d'une route sans nom. Le long du côté gauche de la route est une clôture de bois, entourant un champ d'arbres feuillus, régulièrement espacés. Au-delà de ce champ se trouve une zone boisée avec la crête bleue d’une montagne relativement basse visible au-dessus d'elle dans le lointain. À droite de la route, séparée de celle-ci par une clôture en planches peintes en blanc, se tiennent une ferme et ses dépendances, derrière lesquelles s'élèvent de grands arbres. Le ciel est rempli de stratus blancs, à l'exception d'une zone bleue en haut à gauche.

Malgré ce cadre spécifique dans lequel la batterie de l'Union est placée, Hopper ne donne aucune idée de l'identité ou de la destination de ces soldats. Le spectateur ne peut pas dire quel jour de la bataille est représenté, ni si le groupe de soldat s'engage dans un combat ou en revientn Le tableau contrecarre le désir du spectateur de le voir comme un épisode identifiable d'un récit historique familier. En ce sens Batterie légère à Gettysburg partage avec les tableaux les plus caractéristiques de Hopper de La vie américaine un refus de raconter une histoire et une dimension fondamentale d’indétermination. Comme tous les travaux de l'époque, le tebleau est elliptique, et une grande partie de sa fascination dépend de ce qu'il ne dépeint ou raconte quelque chose. La suspension du récit marque une rupture décisive avec le travail professionnel antérieur de Hopper en tant qu'illustrateur, qui l'obligeait à raconter des histoires à travers des images.

Batterie légère à Gettysburg
Edward Hopper, 1940