(1267-1337)
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Pré-Renaissance |
Peintre et architecte toscan de la fin du Moyen Âge. Auteur des fresques de la vie de Saint François à Assise, Giotto di Bondone donne la première image d'une renaissance qui s'ignore encore. Ses uvres sont à l'origine du renouveau de la peinture occidentale. Vasari dira de lui dans Les vies (1568) : "Il devint si bon imitateur de la nature, qu'il abolit complètement la grossière manière des Grecs et créa le beau style moderne en y introduisant le portrait d'après les vivants, ce qui ne s'était pas fait depuis plus de deux cents ans."
Basilique de Saint François | 1299 | Assise, Basilique d'Assise |
Chapelle Scrovegni | 1303-1306 | Padoue, Eglise de l'Arene |
La chapelle Peruzzi | 1317-1320 | Florence, Santa Croce |
Triptyque Stefaneschi | 1320 | Rome, Musée du Vatican |
La chapelle Bardi | 1326-28 | Florence, Santa Croce |
Polyptyque de Bologne | 1330 | Bologne, Pinacothèque |
Polyptyque Baroncelli | 1332 | Florence, Santa Croce |
1 - Fortune critique
Pour André Chastel, la force nouvelle de son art tient à la possibilité de représenter comme un jeu de forces qui se répondent, la définition externe des êtres (leur place dans l'espace) et la communication affective (les expressions des personnages) :
"Il ne s'agit pas seulement de donner une assiette
stable aux figures, en établissant une sorte de scène pour les
personnages(...) La grande innovation (la vraie rupture avec la réserve
byzantine) est le sens de l'action (...) C'est autour du noeud central de
l'action que tout se construit. Quand on pousse la
petite Marie dans le temple, celui-ci a pris les dimensions d'un dais
sur colonnettes, à la taille de la Vierge ; le prisme gris de la Montagne
encadre la silhouette de la madonne
sur sa mule ou la momie
de Lazare. L'architecture grandit ou se contracte, le paysage s'étire
ou se ramasse, selon les besoins (...)
Les scènes majeures sont établies sur les lignes de regards
entrecoisés. Les figures sont commandées par les yeux, par leur
attention réciproque. L'art de Giotto est d'apporter aux scènes
évangéliques, aux épisodes merveilleux qui déroulent
la vie d'un saint tendre et bienfaisant, une sorte de concentration qui s'impose
au spectateur et tel que nul ne la retrouvera aussi pure, aussi simple, aussi
juste après lui. Ceci entraîne un effort sur les mimiques, une
diversité des masques, une manipulation délicate et d'une sûreté
surprenante de la double priopriété du visage humain qu'est
l'armature dense de la face et la coupe aiguë du profil."
Sa réputation est immense. Dante, au chant X de son Purgatoire traitant des orgueilleux dans La divine comédie (vers 1310) cite le peintre de la Chapelle Scrovegni : "Cimabue crut, dans la peinture, rester maître du champ; mais aujourd'hui c'est Giotto qu'on acclame, et la renommée de celui-là en est obscurcie." Comme le note André Chastel, "Dante prend ainsi acte de ce fait nouveau et surprenant qu'un Giotto est célèbre dans toute l'Italie. Sa réussite incroyable fait oublier la basesse du métier. En le citant parmi les orgueilleux, où se trouvent les poètes et les artistes conscients de la grandeur de leur succès, Dante suggère que si Giotto a connu une célébrité extraordinaire, c'est qu'il l'a recherchée et concquise. Cet artiste dominateur fut un frère de Dante, en somme."
En 1350, Giotto est cité dans le cinquième conte de la sixième journée du Décaméron de Boccace qui témoigne d'une vive admiration pour son art. En 1971, Pier paolo Pasolini, qui reprend ce conte du Décaméron, se réprésente comme "le meilleur élève de Giotto".
2 - Biographie
Giotto naît à Colle di Vespignano, près de Vicchio dans le Mugello. Son père, Bondone, est défini par Vasari comme "simple laboureur et bon homme". La date résulte du témoignage d'A. Pucci (1373) d'après lequel Giotto serait mort à soixante-dix ans en 1337 (année indiquée à la manière florentine en calculant à partir du 25 mars qui correspond à 1336). Le lieu de naissance, cité également par Vasari, semble définitivement confirmé (Procacci, 1937) après la longue controverse du XIXème siècle sur l'origine florentine du peintre.
Selon une opinion vraisemblable très rependue parmi les historiens, l'apprentissage de Giotto a lieu chez Cimabue. Un commentaire anonyme de la Divine comédie, de 1395 environ, rapporte que Giotto avait d'abord été placé comme apprenti dans l'art de la laine, mais qu'il fréquentait également l'atelier de Cimabue, chez qui son père finit par l'envoyer.
Vers 1290, il épouse Ciuta di Lapo del Pela de Florence avec qui il aura quatre filles et quatre fils. Entre 1290 et 1295, première activité de Giotto à Assise avec les scènes bibliques sur la partie supérieure de la basilique San francesco. Il accomplit également plusieurs voyages à Rome pour compléter sa culture classique.
Entre 1297 et 1299, il exécute le cycle de fresques relatif à la légende franciscaine dans l'église supérieure de la basilique d'Assise à la demande de fra Giovanni di Muro, ministre général des franciscains.
En 1300 à Rome, il exécute la fresque de la loge du Latran qui représente Boniface VIII proclamant le Jubilé. Entre 1302 et 1306, il est à Padoue où il exécute les fresques de la Chapelle Scrovegni .
Entre 1320 et 1328, Giotto décore les quatre chapelles de santa Croce de Florence. Seules celles des chapelles Peruzzi et Bardi ont été conservées.
Entre 1228 et 1233, il est à Naples où toutes ses uvres sont aujourd'hui perdues.
En 1334, le 18 juillet à la cathédrale de Florence, il commence les fondations du campanile qu'il a dessiné et qui prendra son nom bien qu'il ne soit pas finalement exécuté selon ses projets. D'après Pucci, Giotto dirigea l'exécution jusqu'aux premières sculptures, soit jusqu'aux bas reliefs de la partie basse.
Il meurt à Florence le 8 janvier 1337 et est enseveli avec pompe à Santa Reparata, à la charge de la commune, privilège considéré comme très exceptionnel.
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