(1472-1553)
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Renaissance |
Portrait du docteur Cuspinian | 1502 | Winterthur, Oscar Reinhardt Collection |
Portrait d'Anna Cuspinian | 1502 | Winterthur, Oscar Reinhardt Collection |
Adam et Eve | 1515 | Vienne, Musée de l'histoire de l'art |
Nymphe de la riviere allongée... | 1518 | Leipzig, Museum der Bildenden Künste |
La chasse au cerf de Frédéric III de Saxe | 1529 | Vienne, Musée de l'histoire de l'art |
Venus dans un paysage | 1529 | Paris, Musée du Louvre. |
Judith avec la tête d'Holopherne | 1530 | Vienne, Musée de l'histoire de l'art |
L'âge d'or | 1530 | Oslo, Musée national de l'Art |
Les trois grâces | 1531 | Paris, Musée du Louvre. |
Lucrèce | 1532 | Vienne, Musée des Beaux-arts |
La mélancolie | 1532 | Colmar, Musée d'Unterlinden |
La fontaine de jouvence | 1546 | Berlin, Staatliche Museen |
Autoportrait | 1550 | Florence , Gallerie des Offices |
Lucas Müller dit Lucas Cranach l’Ancien, né le 4 octobre 1472 à Kronach en Haute-Franconie. Son patronyme dérive celui de sa ville natale. Il est le père de Lucas Cranach le Jeune (1515-1586).
Style
Peintre et graveur, Lucas Cranach est l'un des maîtres de la Renaissance allemande. Il se rattache pourtant souvent au maniérisme gothique qui réunit peintres et sculpteurs italiens, allemands ou français, admirateur de la "linea serpentina", qui leur semblait la plus belle de toutes les formes. Cranach ignore délibérement les conceptions de Dürer basées sur une étude objective et scientifique des proportions du corps humain, même s'il sait traduire les modèles plus contemporains de l'Italie dans sa langue personnelle aux arabesques linéaires comme le prouve sa Nymphe de la riviere allongée près de la fontaine (1518). Peintre de cour très apprécié, Cranach apparaît comme une sorte de François Boucher du 16e siècle.
Biographie
Entre 1501 et 1504, Lucas Cranach voyage dans la vallée du Danube jusquà Vienne, où il fréquente alors les milieux humanistes. Hans Cranach (1503-1537) son père est aussi son professeur. Il peint durant cette période des tableaux dinspiration religieuse (Saint-Jérôme - 1502, Crucifixion - 1503, Le Repos pendant la fuite en Égypte - 1504) ainsi que le double portrait, Le docteur Cuspinian, un humaniste viennois et sa femme Anne Cuspinian, en 1504.
À cette époque, son style, proche de ceux d'Albrecht Dürer et dAlbrecht Altdorfer, se caractérise par la prédominance des paysages agités, aux couleurs fastes, emplis dune quantité de détails et de symboles, dun lyrisme exacerbé, paysages quasi surréalistes où la tension psychologique est palpable, espaces vitaux dans lesquels sinsèrent avec harmonie des personnages élaborés et à lexpression énigmatique.
Il sétablit à Wittenberg en 1505 et devient peintre de cour auprès de lélecteur de Saxe Frédéric le Sage, il est anobli en 1509. Son activité change. Ses protecteurs, comme le cardinal Albert IV de Brandebourg attendent de lui non seulement des retables et des portraits mais aussi des uvres décoratives pour leurs fêtes et les intérieurs de leurs nombreuses demeures. Pour faire face aux nombreuses demandes, Cranach met sur pied un atelier où ses deux fils travaillent. À partir de cette date, il tourne le dos à la spontanéité de sa période viennoise et son art soriente alors vers un style sapprochant du maniérisme : les formes sallongent, deviennent plus souples, les personnages prennent de limportance par rapport au paysage devenu simple décor et leurs différentes poses sont élaborées et codifiées, lhabillage raffiné. Certains historiens de l'art voient dans ce changement le début de la décadence qui va s'accentuant après 1525 alors que d'autres jugent la production des années 1505 à 1525 d'égale valeur, quoique très différente de celle des années viennoises.
Cette simplification voulue des formes, des compositions et des couleurs permet à son atelier de copier à la demande avec de simples variantes les créations du maitre. Il crée ainsi une figure féminine idéale et stylisée sur des canons anti-classiques. Cette figure gracile, représentée le plus souvent avec des déformations onduleuses (La nymphe à la source, 1518 ; Lucrèce, 1532), a été interprétée comme une persistance du gothique ou une participation au maniérisme international. Le pouvoir de séduction de l'artiste réside dans l'utilisation du pouvoir suggestif de la ligne sinueuse et du contraste des couleurs disposées en larges surface.
Dans La Vénus de 1529, Cranach reprend un sujet très classique de la Renaissance pour en faire une uvre d'un érotisme ambigüe. Représentée nue comme le veut la tradition, la vénus est une jeune fille oblongue aux formes prépubères. Mais loin d'être pudique, elle porte un collier à la manière des courtisanes, elle montre son sexe d'un doigt et regarde le spectateur d'un il aguicheur. Le paysage stylisé renvoie à l'Allemagne de son époque.
À Wittenberg, durant la même période, il fait la connaissance de Martin Luther avec qui il se lie damitié (et dont il réalisera de nombreux portraits). Acquis aux idées luthériennes, Cranach participera dès lors à la création de liconographie protestante, représentant des thèmes chers à la Réforme, tirés de lAncien Testament (Judith avec la tête d'Holopherne, 1530) et du Nouveau Testament, introduisant quelquefois des citations de la Bible. Il peint également de nombreux portraits et scènes religieuses qui lui assurent la célébrité dans toute lEurope, et à partir de 1525, intensifie son activité avec laide de ses fils, Hans et Lucas, et probablement dun atelier important.
Propriétaire dune pharmacie et dune imprimerie, il est élu à trois reprises bourgmestre de Wittenberg et conserva sa charge de peintre de la cour sous les électeurs Jean-Constant et Jean-Frédéric, cour pour laquelle il peignit dinnombrables nus bibliques et mythologiques à lérotisme allusif.
Son protecteur Jean-Frédéric ayant été capturé après la bataille de Mühlberg, Cranach accompagne sa captivité de 1550 à 1552 avant de revenir à Weimar, nouvelle résidence électorale, pour y mourir lannée suivante, après avoir produit plus de 400 uvres. Après sa mort, son fils Lucas Cranach continue lactivité de son père et de son atelier.