Née en 1961
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1041-Genoux serrés | 2020 |
Nina Childress est une artiste peintre née en 1961 à Pasadena (États-Unis) d’une mère française et d’un père américain. Élevée dans un milieu artistique, elle décide très tôt de se diriger vers la peinture. Dès son entrée aux Arts décoratifs de Paris en 1981, elle forme, sous le nom de Nina Kuss (chant, orgue) avec Laul (basse), Masto (saxo, tambour, chant), Raoul Gaboni (batterie), le groupe post punk Lucrate Milk. En 1982, quand ce groupe fait la première partie de Einstürzende Neubauten à l’occasion de la XIIe Biennale de Paris au Musée d’Art Moderne, il se fait surtout connaître pour son titre « I Love You, Fuck off » dont Helno chante l’introduction. Fin 1984, après le départ de Jean Faucheur, Nina Childress rejoint les membres du collectif Les Frères Ripoulin : Bla+Bla+Bla, Closky (Claude), Manhu, Ox, Piro Kao (Pierre Huyghe) et Trois-carrés. Tel un groupe de musique, les Ripoulin sont également très actifs sur la scène alternative parisienne. Investissant des espaces publics et privés comme le métro parisien, des plateaux de télévision, des boîtes de nuit, des lieux événementiels, ils peignent des affiches qu’ils collent sur des panneaux publicitaires de 4 x 3m… En 1989, ils cessent de partager le même atelier et le collectif se sépare.
C’est en 1983, que Nina Childress est invitée à la Fondation Boris Vian pour sa première exposition personnelle. Ses débuts sont affiliés à la figuration libre puis à un revival psychédélique. Son travail, centré sur la couleur, expérimente différentes techniques comme le stroboscope et différentes lumières – dont la lumière noire dès les années 1980. Après un grave accident de parapente en août 1990, le travail de Nina Childress redouble d’intensité. En 1991, elle produit 200 tableaux. Qualifiant sa peinture de “peinture conceptuelle et idiote”, elle n’enferme jamais sa pratique dans une case et change sans cesse de sujets. Elle travaille alors par série : les Tupperwares, les bonbons, les peintures pour chiens et pigeons, les savons, les jouets, les cheveux, les flous. Les galeristes Jennifer Flay, Philippe Rizzo et Eric Dupont lui offrent une première visibilité. Alors qu’elle obtient un Master en Art plastique en 2006, elle décide de poursuivre sa recherche en peignant simultanément dans des styles différents.
À partir de 2007, elle rejoint la Galerie Bernard Jordan. Elle intègre l’équipe enseignante de l’École nationale supérieure d'art de Nancy. En 2009, alors qu’elle travaille sur une installation d’envergure à propos de Simone de Beauvoir, le Frac Limousin l’invite pour une exposition monographique qu’elle nommera : “ La haine de la peinture ”. Cette même année, Christian Bernard, directeur du MAMCO, Musée d'art moderne et contemporain (Genève), lui offre une importante exposition personnelle nommée « Détail et destin » – un tournant décisif dans sa carrière.
Suivront diverses expositions en France et autres pays européens. Offrant une revisite grinçante de l’histoire du portrait dans la culture populaire occidentale, sa peinture capte de plus en plus les clichés de représentations féminines. Pour certains tableaux, elle réalise plusieurs versions, oscillant entre perfectionnisme et « mal fait », entre réalisme et dessin caricatural : entre « Good » et « Bad ». En 2011, elle propose une réinterprétation « féminine et toute personnelle » de L'enterrement à Ornans de Gustave Courbet, qu’elle peuple de femmes vertes dénudées en compagnie de cygnes. En 2015, l’exposition Magenta, au CRAC de Sète (centre régional d'art contemporain Languedoc-Roussillon) montre des corps féminins maladroits et sensuels à contre-courant des fantasmes masculins.
Aujourd’hui, ses sujets se centrent davantage sur des portraits d’idoles féminines glamour du cinéma et de la chanson populaire, comme Sylvie Vartan, Kate Bush ou encore Hedy Lamarr. En 2015-2016, Nina Childress bénéficie d’une année de congés d’étude et de recherche afin d’aller étudier aux États-Unis la peinture amateur de cette actrice hollywoodienne. En 2020, Hedy Lamarr est également le modèle de sa première statue en bronze. À la rentrée 2019-2020, Nina Childress est nommée cheffe d’atelier à l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris, et la Fondation Ricard lui offre cette même année une exposition personnelle « Lobody noves me », dont le commissaire est Eric Troncy, qui sera couronnée de succès public et presse. Cette période marque également le début de ses tableaux peints à l'aide de pigments phosphorescents. Une exposition monographique exclusivement dédiée à cette technique est organisée par l’Artothèque de Caen et à la FIAC 2021 par la galerie Bernard Jordan.