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(1675-1757)
Rococo

Rosalba Carriera est une artiste vénitienne spécialisée dans l'art du pastel. Elle en devient bientôt une virtuose, ce qui lui permet d’être admise "au mérite" à l’académie de Saint-Luc, à Rome, en 1705. Sa renommée croissante lui ouvre les portes d’une immense carrière européenneet en fat la femme peintre la plus illustre de la première moitiée du XVIIIe

Jeune fille tenant une couronne de laurier 1720 Paris, Musée du Louvre
Autoportrait en hiver 1731 Dresde, Gemäldegalerie Alte Meister
L'air 1746 Dresde, Gemäldegalerie Alte Meister

Rosalba Giovanna Carriera, née le 7 octobre 1675 à Chioggia, morte à Venise le 15 avril 1757, est une peintre vénitienne du mouvement rococo qui lança la mode du pastel en France lors de son passage à Paris en 1720. Elle a été l’une des premières miniaturistes européennes.

Elle commence sa carrière à la fin du XVIIe siècle grâce à la mode du tabac dont Sganarelle fait l'éloge au début de Dom Juan de Molière : elle décore des tabatières de sujets galants. Elle développe ensuite une activité de miniaturiste, admirée dès 1698. Elle suit une formation à Venise et est membre de l'Accademia di San Luca à Rome en 1705.

Entre 1706 et 1713, elle peint de nombreux pastels pour le duc Christian Ludovic de Mecklenbourg, pour l'électeur palatin, à partir de 1706, et pour le roi Frédéric IV de Danemark, à partir de 17083. En 1709 elle se représente en train de peindre le portrait de sa sœur et collaboratrice Giovanna4. Cet autoportrait se trouve à Florence, dans le corridor de Vasari reliant le palais Vecchio au palais Pitti, où est accrochée une collection d’autoportraits.

En 1720, elle entre à l'Académie de Bologne, puis au début de 1720, elle part de Venise avec sa mère, sa sœur Giovanna, et son autre sœur Angela, épouse de Pellegrini. Elles arrivent à Paris, via Lyon, vers la fin d’avril. La Rosalba, sa mère et sa sœur Giovanna, descendent chez Crozat, dont l’hôtel était situé rue de Richelieu. À peine installée, l’artiste, spécialiste de portraits de la noblesse européenne de son époque, est accablée de visites, et, pour ainsi dire, persécutée par les plus grandes dames et par les principaux seigneurs de la cour : tous veulent leurs portraits de sa main. Elle fait ceux du jeune roi Louis XV, du Régent, de Mmes de Parabère et de Prie ; de Law, de sa femme et de sa fille, des princesses de Conti, de la duchesse de Clermont, et de beaucoup d’autres.

La Rosalba n’eut pas un moment de répit pendant tout le temps de son séjour, et fit un grand nombre de mécontents et de jalouses, qu’elle ne put satisfaire. Toutes les beautés en vogue de la Régence, toutes les grandes dames, toutes les bourgeoises de qualité, voulaient leur portrait peint au pastel par Rosalba Carriera. L’artiste était assiégée du matin au soir par une foule de demandes qu’elle était contrainte de refuser. Les femmes de la plus haute naissance et les plus exigeantes venaient poser chez elle dès six heures du matin. Elle était obligée, faute de temps, de refuser les instances de ses plus intimes amis. Le comte de Caylus, jeune alors et très grand admirateur du beau sexe, qui voulait avoir le portrait d’une des plus belles femmes de Paris, ne put l’obtenir ; Rosalba ne pouvant trouver un moment pour le faire pendant le temps fixé pour son séjour à Paris.

Dérangée à chaque instant par les plus grands seigneurs, qui, tout en l’honorant de leurs visites, la détournaient de son travail, Rosalba raconte, en termes très laconiques et sans paraître vouloir s’en faire honneur, que le 25 novembre 1720, le Régent vint à l’improviste chez elle, et qu’il y resta plus d’une demi-heure pour la voir peindre au pastel, probablement le portrait de Mme de Parabère. Les artistes français alors en vogue ne voyaient peut-être pas sans une certaine jalousie les succès de Rosalba et l’admiration que ses œuvres suscitaient dans les plus hautes régions de la cour et de la société. Toutefois, ils ne laissèrent paraître contre elle aucun sentiment d’hostilité. Antoine Coypel, Nicolas Vleughels, François de Troy, le grand portraitiste Hyacinthe Rigaud, le pastelliste Vivien, Charles de La Fosse, Largillière, Watteau, Lemoine, le sculpteur Falconet, le graveur Gérard Edelinck, recherchèrent sa société et furent admis, chez Crozat, dans son intimité. Le journal de la Vénitienne est rempli de leurs visites. Ils firent plus : sur la proposition de Coypel, Rosalba fut reçue à l’Académie royale, le 26 octobre 1720. Rigaud lui fit cadeau du recueil de ses portraits gravés par Pierre Brevet jusqu’au no 39, et il lui en envoya la suite à Venise. La Rosalba ne voulut pas se montrer moins généreuse : quelque temps après son retour dans sa patrie, elle fit passer à Mariette deux pastels, parmi lesquels Rigaud devait choisir celui qu’il préférerait.

Ses dons séduisent l'Europe entière, de Venise - où vivent la majorité de ses mécènes - à Paris, de Dresde à Londres.

Elle envoie de Venise le morceau de réception à l'Académie de France qu'elle vient d'achever, la Nymphe, conservée au musée du Louvre avec une lettre pour Antoine Coypel datée du 10 octobre 1721 : « Une nymphe de la suite d'Apollon qui va faire présent de sa part à l'académie de Paris d'une couronne de lauriers, la jugeant la seule digne de la porter et de présider à toutes les autres ».

L'été 1723, elle se rend à Modène, appelée par la famille d'Este, où elle peint les portraits des trois filles du duc Rinaldo.

En 1728 elle est l'hôte des comtes Lanthieri de Gorizia et en 1730 elle se rend à la cour de Vienne.

Son activité diminue à partir de 1747, quand elle commence à être atteinte de cécité.