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À la faveur d’un échange avec la Pinacoteca di Brera, le musée des Beaux-Arts de Caen accueille l’un des chefs-d’œuvre du musée milanais : Le Souper à Emmaüs de Michelangelo Merisi, dit Le Caravage (1571-1610).
L’exposition éclaire le contexte artistique dans lequel l’œuvre a été conçue, à partir de quelques gravures évoquant les variations iconographiques du Souper à Emmaüs entre le XVIe et le début du XVIIe siècle. Puis elle s’arrête sur la genèse du tableau, véritable tournant dans la carrière du peintre, dont l’usage si novateur du clair-obscur fera de nombreux émules, comme le démontre un petit groupe de tableaux peints en Europe entre 1620 et 1650. L’exposition souligne enfin la fécondité toujours vive de l’art de Caravage, à travers The Quintet of the Astonished, une vidéo de Bill Viola qui exprime ce qui se joue dans la présence et l’expérience humaines.
Cette version postérieure à celle de la National galerie est plus retenue dans ses couleurs, moins symbolique et plus convenue. Au lieu d'une table somptueuese, nous voyons seulement le pain, une assiette en blanc, et une cruche. Les gestes de la surprise plus ou moins identiques sont cependant différemment distribués.
Un vieil aubergiste et une vieille bonne attendent impatiemment les trois hommes arrivés dans le petit village. Le disciple de gauche est vu de dos alors que celui de droite est vu de trois quarts. Cette fois, au lieu d'un geste de recul envers le Christ, ils vont dans sa direction. D'un geste tranquille, le Christ bénit le pain.
Deux des disciples de Jésus marchaient vers Emmaus après la crucifixion quand Jésus ressuscité s'approcha et marcha avec eux, mais ils ne le reconnurent pas. Au souper ce soir là à Emmaus, il prit le pain, le bénit, le rompit et leur donna. Alors leurs yeux s'ouvrirent et ils le reconnurent ; alors il disparu de leur vue (Luc 24: 30-31). Le Christ est peint au moment où il bénit le pain et révèle ainsi son identité à ses deux disciples.
Sans doute parce qu'il n'est pas certain de l'acheteur, la représentation du Christ est plus habituelle que dans la version de La National. Il porte une barbe et est plus âgé, proche de 33 ans.
L'exposition met en valeur le tableau en le confrontant avec d'autres representations du souper à Emmaüs par les peintres caravagesques :