La carrière de quatre grands comédiens : Gary Cooper, John Wayne, Cary Grant, James Stewart dont Luc Moullet révèle les des obsessions thématiques et la continuité dans le travail corporel et la gestuelle.
Cary Grant court de la même façon vers son taxi, plié en deux, dans Arsenic et vieilles dentelles et dans Charade, tourné vingt-deux ans après, avec un autre réalisateur. Les lignes de son corps, cassé, tendu, courbé, figé dans le mouvement, élans interrompus et toujours repris, comparables en cela à ceux d'un Buster Keaton.
Stewart acteurs aux prestations torturées chez Mann et Hitchcock. Ses jeux de mains magnifiques, ses nombreuses trouvailles en matière de diction : cris, bredouillement, paroles cassées par la colère, l'enrouement, la nourriture (il serait le premier à avoir dit son texte en mangeant dans un film).
Gary Cooper et son visage minéral, bloc héroïque autour duquel tendent tous les autres éléments du film. Travail d'épure du geste et de l'expression ou un sentiment se marque d'un simple sourcil relevé.
John Wayne au jeu étonnamment moderne par son économie et sa finesse. Une façon de bouger comme un danseur ou comme un grand chat.
Cary Grant est plus un auteur de films qu’un Feyder ou un Copolla, telle est la thèse provocante de Luc Moullet.