Dans son introduction, Dessin animé mensong vérité, Roland Carrée souligne qu'Isao TAKAHATA est régulièrement considéré comme l’un des réalisateurs d’animation les plus hétéroclites de toute l’histoire du 7e art. Ne dessinant pas ses films, il confie cette tâche à des collaborateurs qui, d’un projet à l’autre, sont susceptibles de changer. Des formes rondes et colorées de ses séries télévisées des années 70 (Heidi, Marco, Anne...) au style épuré de Mes voisins les Yamada (1999) et du Conte de la princesse Kaguya (2013) en passant par les nombreuses déformations visuelles à l’œuvre dans Pompoko (1994), la grande diversité́ graphique de son œuvre qui en résulte permet ainsi à Takahata de maintenir son statut de cinéaste inclassable.
Sa volonté de s’approcher au mieux du réel par le dessin, en outre, et ainsi que le démontrent notamment Hols, prince du soleil (1968), Le Tombeau des lucioles (1988) ou Souvenirs goutte à goutte (1991), l’éloigne considérablement des standards de l’animation. Cette approche du réel n’invalide pas pour autant la possibilité́ du fantastique, de l’onirisme et de la poésie – d’où le recours au dessin –, qui s’invitent régulièrement dans la vie et l’habitat quotidiens des personnages, ainsi que cela arrive par exemple aux héros de Panda petit panda (1972-1973), Kié la petite peste (1981) et Gauche le violoncelliste (1982). Ces derniers voient ainsi frapper à leur porte la possibilité d’une nouvelle histoire, de la même façon que le spectateur voit son environnement pénétré par la magie de films qu’il n’est pas près d’oublier.
I. Inspirations et premiers pas
II. Poésie animée
III. Temps, histoire et mémoire
IV. Enfances fragiles et récits initiatiques
V. Ouverture