Editeur : Wild Side Video, juillet 2012. Master restauré. Son : Anglais Mono avec sous-titres français. Edition Collector 2 DVD : 20 € ou Blu-ray : 25 € .

Suppléments :

  • Obsession revisité (35')
  • Entretien avec Samuel Blumenfeld (26')
  • 2 court-métrages du réalisateur : Woton's wake (1962) et The responsive eye (1966)
  • Bande annonce

 

Nouvelles-Orléans, 1959. Le richissime promoteur immobilier Michael Courtland fête avec son épouse Elizabeth dix ans d'un bonheur sans mélange. Mais, sitôt la soirée terminée, sa vie bascule dans un cauchemar : Elizabeth et sa fille, Amy, sont kidnappées. L'opération menée par la police pour les récupérer tourne au carnage : en fuyant en voiture, elles périssent dans un accident avec un camion citerne. Seize ans plus tard, lors d'un voyage d'affaires à Florence avec son associé Lasalle, Courtland retourne dans l'église San Miniato al Monte où il avait rencontré son épouse et rencontre son sosie en la personne de Sandra, une jeune étudiante en histoire de l'art....

En 1974, De Palma éprouve un choc en voyant une copie restaurée de Vertigo. En sortant de la projection, il ébauche en compagnie de Paul Schrader le scénario d'Obsession. De Palma comprend si bien Vertigo qu'il parvient à intensifier le scénario en modernisant l'obsession maladive des personnages, à intensifier la portée réflexive que le film porte sur le cinéma et à intensifier les mouvements d'appareils du film d'Hitchcock. Cette triple réussite en fait l'un des sommets de son art. (voir suite de la critique : ici).

Les deux interventions critiques sont très riches et les deux court-métrages livrés en bonus, l'un très expérimental et très cinéphile et l'autre, un documentaire sur l'art, sont particulièrement éclairants des choix esthétiques de De Palma.

Obsession revisité (Laurent Bouzereau, 2000, 0h35)

Paul Schrader et moi venions de voir Vertigo au L. A. County Museum. Nous avons rédigé un court script sur cinq pages qui devait s'appeler "Déjà vu" mais nous avons craint que le public n'en comprenne pas le sens et se demande s'il s'agissait d'un film français. Le film est produit avec un faible budget de 1,4 million, par George Litto, un producteur indépendant des studios. Il faudra ensuite convaincre l'un de ceux-ci de distribuer le film.

Vilmos Zsigmond, le chef opérateur, explique l'utilisation d'une image diffuse pour résoudre l'écart temporel entre les deux parties. Ce passage temporel a nécessité deux panoramiques qui se raccordent sur le passage du monument. Quand la caméra, à la fin du panoramique, filme ce qui n'était que de la terre et des bulldozers, on comprend que 15 ans se sont passés. Il faut assembler les deux prises sur un moment du panoramique identique.

C'est le premier film à écran large de Brian de Palma. Il utilise une lentille bifocale pour obtenir un acteur très près de l'objectif net et l'arrière-plan aussi.

Parce qu'un film pornographique avait été tourné dans une église de Florence, De Palma n'a pu obtenir le droit de filmer l'intérieur de San Miniato. C'est tourné à San Gimignano. Quelques grands moments : "Fallait-t-il détruire l'œuvre de Daddi pour mettre à nu ce qui semble être une ébauche rudimentaire ou valait-il mieux restaurer l'original et ne jamais savoir ce qu'il dissimule ?" ou la réponse : "Je l'ai tuée".

Barton de Palma, le frère de Brian, peintre et enseignant a peint le portait de famille. C'est à Pasadena que sont filmées les scènes à l'étage de la maison de La nouvelle Orléans. L'accident est filmé sur le Pont de Terminal Island et l'aéroport est celui de Los Angeles

Geneviève Bujold retombe en enfance et joue la petite fille à côté de la même jouant la mère avec une perruque. En plongée, on comprend que c'est la mère et la fille. A la fin ombre et lumière des fenêtres alternent dans la même séquence des plans représentant deux situations à 15 ans de distance en zoom avec le recul : elle semble rapetisser et passer de la taille d'une adulte à la taille d'une enfant. L'utilisation du ralenti exacerbe la réalité, l'émotion contexte mythique irréel à 96 ou 120 images par seconde. Les néons donnent un effet de pulsation lumineuse. On tourne sur nous comme pris par la même obsession pendant des années.

A l'origine, il y avait une troisième partie qui nécéssitait la reconstitution de l'enlèvement pour que son père montre qu'il l'aime vraiment. C'est Bernard Herrmann qui conseille de couper.

Dans la première version, il couche avec sa fille. Les distributeurs refusent et Brian de Palma la transforme en séquence onirique où il croit se marier et coucher avec elle. Elle veut se venger de son père mais en tombe amoureuse et couche avec lui. Elle va trop loin et en paie le prix ce qui met à mal son équilibre mental.

Entretien avec Samuel Blumenfeld (Eric Paccoud 2012, 0h26)

Dans l'entretien donné en 2004, Brian de Palma déclare : "Je suis tout le temps comparé à Hitchcock par des gens qui ne connaissent ni Hitchcock ni moi. Je connais très bien Hitchcock. J'ai vu avec ses yeux. Je vois comment ses plans sont construits. Je comprends sa narration. Mais certaines comparaisons sont ridicules. On se demande ce que les gens voient à l'écran. Ils comparent le bain de Carrie à la douche de Psychose soit des plans très courts dans le film d'Hitchcock alors que dans Carrie, elle lave le sang en trois plans. Le seul point commun c'est qu'il y a une fille dans l'eau. Faire ce genre de comparaison avec Hitchcock est absurde"

Pour Samuel Blumenfeld, quatre films seulement travaillent la mise en scène d'Hitchcock : Sœurs de sang (1973), Obsession (1976), Pulsions (1980) et Body double (1984) mixte de Vertigo et Fenêtre sur cour. Il s'agit bien davantage d'une période que d'une carrière.

On retrouve ici l'histoire d'un homme amoureux d'une illusion créée par une troisième personne. C'est une métaphore de ce qu'est le cinéma où on est fasciné par une illusion mise en scène. Brian de Palma veut dépasser Hitchcock notamment sur le scénario. Celui de Vertigo a au moins deux gros défauts : la première fois que Kim Novak meure, si James Stewart vérifie le corps, il verra que ce n'est pas Kim Novak. Second défaut selon De Palma, la nonne qui tire les cloches qu'il trouve grotesque.

Il veut aussi faire mieux avec une relation incestueuse et non plus adopter le point de vu de James Stewart. De Palma est du côté de Geneviève Bujold, de l'enfant vengeur de la mère. L'origine est biographique, selon le critique, la mère de De Palma lui a demandé d'espionner son père pour accumuler des preuves lui permettant de gagner son divorce.

Bujold était connu aux USA seulement avec Anne des mille jours (Charles Jarrott, 1969). Bernard Herrmann vivait à Londres oublié quand De Palma lui demande d'écrire la partition de Sœurs de sang.

Woton's wake (Brian de Palma, 1962, 0h27).

Dans ce film expérimental, espiègle et effrayant sont revisités avec humour Frankenstein, Le septième sceau et King Kong.

 

The responsive eye (Brian de Palma, 1966, 0h25).

Le film entremêle la description de la soirée mondaine du vernissage d'une exposition du MOMA consacrée à l'art optique, aux commentaires de critiques, artistes et spectateurs qui exposent leur point de vue sur cette exposition consacrée aux différents courants de l'art optique. Une seule courte échappée hors de ce temps et lieu unique, un passage dans l'atelier de Moon Levinson.

 

 

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Obsession de Brian De Palma