Editeur : Montparnasse, mars 2011. Durée totale : 5h43. Les 2 DVD : 20 €

DVD1 : Premier amour (1974, 0h52), Passage souterrain (1974, 0h29), Le personnel (1975, 1h12). DVD2 : La paix (1980, 1h21), Une brève journée de travail (1982, 1h13).

Compléments :

  • DVD 1 : Les larmes de Jadwiga, analyse de Gérard Pangon. 2011. 0h16.
  • DVD2 : Pologne, années 70 : la liberté contrôlée. Entretien avec Jean-Yves Potel réalisé par Gérard Pangon. 2011. 0h24

 

Premier amour : Jadwiga a dix-sept ans et Romek à peine plus. Elle est enceinte ; ils décident de se marier. Elle abandonne le lycée, ils trouvent une petite chambre, s'installent malgré toutes les difficultés dues à leur situation précaire et à leur famille. Et leur fille naît…

 

Passage souterrain : Il profite d'un voyage à Varsovie avec ses élèves pour retrouver la femme qui l'a quitté et qui tient une boutique dans un passage souterrain. Il espère qu'elle reviendra vivre avec lui. À l'abri des tensions du monde qui les entoure, leur jeu de la vérité oscille entre tendresse et amertume.

 

Le personnel : Varsovie, 1975. Tout juste sorti de son école de décorateur, Romek trouve un poste dans l'atelier de costumes de l'Opéra. Cet univers représente pour lui l'idéal, mais il découvre l'envers du décor, les querelles et les compromissions dans lesquelles il risque d'être entrainé.

 

La paix : A sa sortie de prison, Gralak cherche à s'établir dans une nouvelle vie. Il trouve un place de maçon, se marie mais finit par être piégé par un système où petits arrangements sont la règle au détriment de la pureté qu'il recherchait.

 

Une brève journée de travail : En 1976, la ville de Radom est en proie aux émeutes après la décision du gouvernement d'augmenter les prix des denrées alimentaires. Le Secrétaire du Comité local du Parti doit faire face à la situation. En 1981, après la création de Solidarnosc, il raconte ce qu'il a vécu. Ni héroïque, ni lâche, le fonctionnaire prend conscience de son impuissance.

 

Avec ces cinq films, Kieslowski devient le cinéaste phare de "la génération de l'inquiétude morale", cette expression indépendante qui veut raconter comment les gens vivent. Face à la propagande qui affiche des principes généreux mais demeure inégalitaire, corrompue, capter la réalité, c'est dire la vérité : la présence de la police, de la petite corruption. les films témoignent aussi de l'organisation des gens pour lutter contre ce mensonge.

Ses choix artistiques sont une réponse personnelle à l'opacité du système, à la propension de ce dernier à faire taire la contestation et à enfermer la société dans un non-dit collectif. Il s'agit donc pour lui de ne montrer que ce qui est autorisé par la censure, mais en accentuant, par le montage, le son, les choix de prise de vue, les aspects de la réalité qui laissent deviner les rouages implicites du système et les sentiments profonds des individus.

 

Les larmes de Jadwiga de Gérard Pangon (2011- 0h16)

Comment Kieslowski passe du documentaire à la fiction toujours marqué par le rapport entre vie privée et vie sociale, regard personnel et regard social. Une analyse de Gérard Pangon, spécialiste de Kieslowski. Sur les images des premiers films, le critique cinéma nous explique pourquoi et comment le réalisateur de documentaire s'est subitement laissé tenter par la fiction dans l'optique de "recréer l'émotion plutôt que de la voler".

Pologne, années 70 : la liberté contrôlée de Gérard Pangon (2011- 0h24)

Entretien avec le passionnant Jean-Yves Potel, docteur en science politique, ancien conseillé culturel de l'ambassade de France en Pologne et écrivain, réalisé en 2011 par Gérard Pangon.

Jusqu'en 70 à Gdansk la répression a toujours été violente et aucune négociation n'a été possible. Impossible de voir naître un vrai syndicat où le chef n'est pas le contremaître, et donc un moyen de contrôle des salariés. Estimés des salariés Lech Walesa, électricien, et Anna Walentynowicz , une grutière, plusieurs jours de manifestations qui occupent toute el ville, feu au siège du comité du parti, début de négociation, puis convocation pour le lendemain au chantier où ils sont accueillis par des mitrailleuses des dizaines, peut-être des centaines de morts. Même chose à Chtetine. On passe de la revendication économique à la crise politique. Stanislav Gomulka, le chef du parti, tombe, remplacé par Edouard Gierek qui négocie. Toujours monopole de l'état sans liberté d'expression mais développement d'une consommation de masse comme en France au début des années 60 (machine à laver, voitures). Endettement très important et donc nouvelles grèves en 1976 à Radom près de Varsovie et Ursus banlieue de Varsovie. L'état licencie les meneurs. Des intellectuels, universitaires et écrivains forment un comité pour défendre ces ouvriers avec des juristes célèbres. Ils les défendent devant les tribunaux, et collectent de l'argent pour aider les familles des licenciés. Grande campagne de solidarité, le KOR (comité de défense des ouvriers). Le pouvoir recule els ouvriers sont réintégrés

La nomenklatura, la nomination des postes de responsabilité par le haut, existe toujours. Tout le monde est coopté à tous les niveaux par d'autres. Les contre pouvoirs sont de type culturel (artistes) et sociaux (les comités aident les mal-logés), presses maisons d'éditions presse indépendante non autorisée mais pas clandestine, manifestations de théâtre, expositions non autorisées par le pouvoir, courants laïques mais aussi libéraux catholiques. Au cinéma génération de l'inquiétude morale (Kieslowski d'avant 82, d'avant le décalogue) expression indépendante veut raconter comment les gens vive. Capter la réalité, c'est dire la vérité : présence de la police, petite corruption. La société affiche des principes généreux mais demeure inégalitaire, corrompue.

Gierek, mauvais gestionnaire, avec un pouvoir corrompu s'endette à l'Ouest. Il achète tout, notamment en France. La détente pousse aux accords d'Helsinki qui affirment la liberté d'expression et une justice qui se doit de faire respecter les droits de l'homme. Les juristes s'appuient sur le droit international signé.

Lublin et d'autres villes font de nouveau des grèves à partir de juillet 81, notamment à Gdansk. Les ouvriers gagnent partout. Le 14 août, Anna Walentynowicz est licenciée trois mois avant la retraite. Lech Walesa l'a été aussi precedemment. A Gdansk, le directeur accepte les revendications des ouvriers et leur fait ses excuses. Mais 100 usines sont en grève ; le mouvement doit continuer. Le tout nouveau Solidarnsc passe une nuit à élaborer 21 revendications dont les trois premières sont politiques : le droit de créer un syndicat libre et indépendant de l'etat et du parti, la libération de tous les prisonniers politiques, l'érection d'un monument aux victimes de 70. Les suivantes sont des revendications économiques (samedi libre, congés payés, santé). Solidarnosc devient une sorte de parlement populaire, l'expression de la société polonaise. Des estrades sont montées dans les cours d'usine où les ouvriers, à tour de rôle, s'expriment avec prises de notes et revendications. Un mai 68 sur dix-huit mois.

Des tensions internes apparaissent lorsque se produit le coup de force de Jaruzelski, le 13 décembre 81. Le coup d'Etat est violent sans commune mesure toutefois avec Budapest ou Prague, ou les années 70. Malgré la demande de Jaruzelski, les Soviétiques n'interviennent pas. C'est deux ans après l'intervention en Afghanistan où est l'armée russe. La résistance polonaise aurait été trop forte. Le pouvoir arrête plusieurs milliers de personnes et crée durant quelques années un état de guerre, loi martiale, affrontement avec les mineurs de Silésie avec de nomberux morts. 81-85 période inutile avec violence inutile mais n'arrête pas le processus qui se traduit par la chute du régime en 89.

 

 

Ciné-club de Caen

 
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Krzysztof Kieslowski, premiers plans