Editeur
: Les éditions Montparnasse, août 2012. 13 € chacun
(accompagné d'un fascicule de 4 pages de Florient Azoulay).
Électre de Giraudoux. Sur ce grand mythe de l'Antiquité,
Jean Giraudoux a sans doute écrit une des ses meilleures pièces. Électre
possède une force tragique surprenante, sans jamais perdre cet esprit
étincelant, cet humour qui ont fait de Jean Giraudoux l'un des plus
importants dramaturges du XXe siècle.
Les Fausses confidences de Marivaux. À une époque
où les canons classiques et la tradition de la commedia dell'arte se
sclérosaient, Marivaux, en spectateur lucide du monde, élabore une œuvre
originale d'un ton nouveau, un théâtre de la conversation amoureuse.
Le Maître de Santiago de Montherlant. Avec son
écriture sans fioritures, Montherlant condamne l'intransigeance d'une
religion vécue à l'excès, mais aussi le comportement et les agissements
des colons espagnols au nouveau monde.
Électre de Giraudoux. Mise en scène de Pierre Dux
(1971, 2h13)
- Mise en scène et réalisation de Pierre Dux, musique de Tony Aubin
Date de création de l'œuvre : 1937 Interprètes de la troupe de la Comédie-Française
: Paul-Emile Deiber (Le Mendiant) ; François Chaumette (Egisthe) ; Michel
Aumont (Le Président) ; Michel Duchaussoy (Le Jardinier) ; Louis Eymond
(Le Capitaine) ; Marco-Behar (1er serviteur) ; Serge Maillat (Le Jeune
homme) ; Jean-Noël Sissia (Oreste) ; Annie Ducaux (Clytemnestre) ; Denise
Gence (La Femme Narsès) ; Geneviève Casile (Electre) ; Paule Noëlle
(Agathe) ; Claire Vernet (Une Grande Euménide) ; Nathalie Piel (Une
Grande Euménide) ; Catherine Salviat (Une Grande Euménide). " C'est
là ce qui est si beau et si dur dans la vérité, elle est éternelle mais
ce n'est qu'un éclair. " Giraudoux - Extrait de Électre " Je ne comprends
pas les paroles des gens. Je n'ai pas d'instruction. Je comprends les
gens... " Giraudoux - Extrait de Électre Pendant le long voyage qui
le ramenait chez lui victorieux de la Guerre de Troie, Agamemnon s'éprit
de l'une de ses captives, Cassandre, fille de Priam, avec qui il eut
des enfants. L'accueil à Argos, plus de dix ans plus tard, fut glacial.
Contrariée par la double indélicatesse de son mari, Clytemnestre, sa
femme qui était devenue entre temps la maîtresse d'Égisthe, le tua avec
le concours de son amant. Égisthe devint alors le régent et assura la
prospérité de la ville aux côtés de sa maîtresse, la reine veuve. Mais
Électre, l'une des filles d'Agamemnon, pressent depuis toujours le meurtre
et l'adultère de sa mère. Solitaire, sauvage, elle vit dans le palais
royal attendant le retour d'Oreste, son frère réfugié depuis l'enfance
chez un oncle, afin de se venger. Électre peut commencer, les crimes
de la famille des Atrides continuer tranquillement, comme prévu.
Créé
le 13 mai 1937 au théâtre de l'Athénée dans une mise en scène de Louis
Jouvet, Electre est, après le Cantique des Cantiques joué en 1938 à
la Comédie-Française, la première œuvre d'envergure de Giraudoux à rentrer
au répertoire. Choisie par André Malraux dans la perspective de la défense
des grandes œuvres, elle est représentée salle Richelieu le jeudi 29
octobre 1959 pour un gala officiel en présence du Général de Gaulle.
Pierre Dux, qui fut tour à tour sociétaire et administrateur de la Comédie-Française,
en assure la mise en scène. Dans le présent film qu'il réalise en 1972,
il reprend les somptueux décors et costumes de Georges Wakhévitch. La
distribution extrêmement prestigieuse réunit parmi les plus grands acteurs
de la troupe française : Annie Ducaux est Clytemnestre, François Chaumette
Egisthe, Michel Aumont le président, Michel Duchaussoy le jardinier,
Paul-Emile Deiber interprète le rôle du mendiant que Pierre Dux tenait
en 1959. Enfin, Geneviève Casile retrouve le metteur en scène pour la
troisième fois, après qu'il l'ait dirigée dans Andromaque et La Reine
morte. Son Electre est digne de ses plus grands rôles. Le magistral
travail de la troupe restitue ce mélange unique de beauté antique et
de familiarité française moderne si caractéristique de Giraudoux. André
Maurois écrivait à ce sujet : " Les dieux ici sont chez eux, comme dans
Homère. "
Les fausses confidences de Marivaux. Mise en scène de Jean Piat
(1971, 1h41)
réalisation de Jean-Marie Coldefy Date de création de l'œuvre : 1737
Interprètes de la troupe de la Comédie-Française : Jacques Eyser (Monsieur
Rémy) ; Jean Piat (Dubois) ; Bernard Dhéran (Le Comte) ; Simon Eine
(Dorante) ; Marcel Tristani (Le domestique) ; Jean-Pierre Barlier (Le
garçon joaillier) ; Jean-Luc Moreau (Lubin) ; Micheline Boudet (Araminte)
; Denise Gence (Madame Argante) ; Paule Noëlle (Marton). " Est-ce qu'on
ne peut me voir sans m'aimer ? " Marivaux - Extrait de Les Fausses confidences
" On essaie de se faire aimer, ce me semble : cela est naturel et pardonnable.
" Marivaux - Extrait de Les Fausses confidences Araminte a trois grandes
qualités qui la distinguent de toutes les autres femmes : elle est belle,
elle est riche, elle est veuve. Il n'est pas étonnant qu'elle soit doublement
courtisée, par le Comte et par Dorante. Ce dernier, garçon de bonne
mine mais complètement ruiné, parvient à se faire engager chez elle
en tant qu'intendant. Il retrouve là Dubois, un de ses anciens serviteurs
avec qui il entreprend de conquérir le cœur d'Araminte. Évidemment,
il va falloir ruser pour se faire aimer...
Tourné
au théâtre de l'Odéon, ce film réalisé par Jean-Marie Coldefy en 1972
est la troisième version télévisée des Fausses confidences. Cette adaptation
pour le petit écran reprend la mise en scène que Jean Piat avait effectuée
en 1969. Marivaux est un de ses auteurs fétiches. Après avoir joué dans
Arlequin poli par l'amour, Les acteurs de bonne foi, L'épreuve et Le
jeu de l'amour et du hasard et mis en scène Les serments indiscrets
et La colonie, il aborde avec assurance l'une des œuvres les plus atypiques
du dramaturge qui annonce la comédie bourgeoise. Dans le rôle d'Araminte,
Micheline Boudet est pleine de finesse et de sensibilité, Simon Eine
est un Dorante pudique, Denise Gence en Madame Argante et Bernard Dheran
dans le Comte sont d'une rare élégance, enfin Jean Piat lui-même excelle
dans le rôle de l'ingénieux valet Dubois. Une fois de plus, la troupe
des comédiens Français prouve qu'elle est une troupe d'excellence.
Le Maître de Santiago de Montherland. Mise en scène
de Michel Etcheverry (1973, 1h38)
- Le Maître de Santiago de Montherland Mise en scène de Michel Etcheverry,
réalisation de Lazare Iglesis Date de création de l'œuvre : 1947 - Date
de captation : 1973 - 1h38 Interprètes de la troupe de la Comédie-Française
: Jacques Eyser (Don Bernal de la Encina) ; Michel Etcheverry (Don Alvaro
Dabo) ; Jacques Destoop (Le Marquis de Vargas) ; René Arrieu (Don Fernando
de Olmeda) ; Simon Eine (Le Comte de Soria) ; Jean-Noël Sissia (Don
Enrique de Letamendi) ; Jean-Luc Boutté (Don Gregorio Obregon) ; Ludmila
Mikael (Mariana) ; Aline Bertrand (Tia Campanita) ; Claude Jourdain
(Un Majordome). " J'ai soif de vivre au milieu d'autres gens que des
malins, des canailles et des imbéciles " Montherland - Extrait de Le
Maître de Santiago Depuis des années, le grand maître de l'Ordre de
Santiago a renoncé au métier des armes et vit retiré à Avila, en Castille.
Dans une demeure austère et sans ornement, il consacre désormais son
existence à la prière, dédaigneux de la vanité de tous les biens terrestres.
Mariana, sa fille, accompagne avec une admiration mêlée de crainte la
vie de cet homme fier. Les chevaliers de son Ordre viennent lui proposer
de partir dans le Nouveau Monde où le roi d'Espagne lui offre un poste
prestigieux. L'argent qui lui est promis lui permettrait de doter sa
fille et de la marier à don Jacinto qu'elle aime.
Écrit
en 1945 et publié en 1947, Le maître de Santiago fut crée en 1948 au
théâtre Hébertot. Henri Rollan jouait le rôle principal. Dix ans plus
tard, c'est en tant que metteur en scène qu'il faisait entrer au répertoire
de la Comédie-Française ces trois actes de Montherlant. Henri Rollan
avait une connaissance intime de l'œuvre du dramaturge. Il avait joué
lors de la création de Fils de personne, Jean Vilar l'avait mis en scène
à la cour d'honneur du Palais des Papes en 1949 dans Pasiphaé, Jean
Meyer fit appel à son talent dans Port-Royal et Jean Mercure également
dans Le Cardinal d'Espagne. Les interprétations d'Henri Rollan, un des
acteurs préféré de Montherlant, s'imposaient comme des références incontournables.
Michel Etcheverry s'inscrit volontairement dans cette tradition. Quand
il entreprend de mettre en scène Le maître de Santiago, il s'inspire
en effet de l'acteur et ami avec qui il a travaillé à plusieurs reprises.
Et comme en témoigne ce film, la prestation de Michel Etcheverry dans
Don Alvaro Dabo fait autorité.
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