Editeur : Les éditions Montparnasse, août 2012. Une pièce de Molière, mise en scène de Catherine Hiegel à la Comédie-Française captée par Don Kent le 25 décembre 2009 (diffusion sur F2)- 2h24

Harpagon, malade d'avarice, promet sa fille Élise au vieil Anselme, qui ne réclame pas de dot. Elle cherche à échapper à ce projet d'union avec l'appui amoureux de Valère. Harpagon, lui, veut épouser Mariane, alors que celle-ci est éprise de son fils, Cléante, qui veut voler son père pour pouvoir l'épouser. La Flèche, serviteur de Cléante, parvient à voler la fameuse cassette d'Harpagon, remplie d'or, alors que le père et le fils s'affrontent. La situation semble inextricable quand Anselme vient dénouer l'affaire.

 

" Et donner est un mot pour qui il a tant d'aversion, qu'il ne dit jamais : Je vous donne, mais : Je vous prête le bonjour. " Acte II, scène 4

Interprètes de la troupe de la Comédie-Française : Denis Podalydès (Harpagon), Dominique Constanza (Frosine) ; Christian Blanc (Maître Simon et le Commissaire) ; Jérôme Pouly (Maître Jacques) ; Pierre Louis-Calixte (La Flèche) ; Serge Bagdassarian (Anselme) ; Marie-Sophie Ferdane (Marianne) ; Benjamin Jungers (Cléante) ; Stéphane Varupenne (Valère) ; Suliane Brahim (Elise).

Scénographie Goury, Costumes Christian Gasc, Lumières Dominique Borrini, Musique originale Jean-Marie Sénia, Chorégraphie Cécile Bon, Maquillages et coiffures Véronique Nguyen, Assistant à la mise en scène Serge Bagdassarian. Le décor et les costumes ont été réalisés dans les ateliers de la Comédie-Française.

Denis Podalydès marque le rôle par son intériorité sans faille, sa vigueur surtout. Harpagon n'est plus un vieillard : il court, saute, danse. Sorte d'Arlequin sombre, son énergie semble l'expression de sa folie. Pour Catherine Hiegel, "Harpagon court, rit, danse. Il fête son argent ! L'avare est le personnage heureux d'une farce horrible". Son amour de l'argent, cette passion dévorante, aveuglante, le conduit même à sacrifier ses enfants, Élise et Cléante, qui vivent dans le dénuement malgré la richesse immense de leur père. Il destine sa fille à son voisin Anselme sur l'argument irréfutable que ce dernier la prend "sans dot", et s'apprête lui-même à épouser Marianne, dont Cléante est épris. Amasser l'argent est son seul plaisir, l'objet de toute son attention et de son inquiétude alors qu'il ne songe jamais à en jouir.

Si Molière s'inspire de La Marmite de Plaute, c'est aussi dans sa propre expérience qu'il puise pour construire son personnage d'usurier. Les démêlés qu'il rencontre avec ses créanciers, au moment de la liquidation de l'Illustre Théâtre, sont connus et l'ont mené jusqu'à la prison. L'Avare est créé sur la scène du Théâtre du Palais-Royal le 9 septembre 1668, Molière interprète lui-même Harpagon auquel il prête sa toux. Aussi étonnant que cela puisse paraître aujourd'hui, le public néglige alors L'Avare au profit du Tartuffe, enfin joué librement et avec un immense succès en février 1669, après une interdiction de cinq années. Médiocrement accueillie, elle n'est jouée que neuf fois avant d'être retirée. Les spectateurs sont déroutés par les ambivalences esthétiques et par l'utilisation de la prose (ce qui est assez rare pour une pièce en cinq actes de l'époque). L'Avare a pourtant été rapidement considérée comme l'archétype de la Comédie de Molière. Le succès de la pièce fut posthume. Cette pièce est la seconde la plus jouée à la Comédie-Française, après Tartuffe.

Molière écrira encore les trois grandes comédies que sont Le Bourgeois gentilhomme, Les Femmes savantes et Le Malade imaginaire, avant de s'éteindre à l'issue de la quatrième représentation du Malade le 17 février 1673.

 

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présentent
 
L'avare de Molière