Editeur : Montparnasse, mars 2013. Version Française et Version Originale russe sous titrée français. 17 €.

Suppléments

  • Entretien avec Alexandre Askoldov – Réalisateur (40 min).
  • Les souvenirs de Rolan Bykov sur le tournage – Rôle de Yefim Mahazannik (30 min). Jouant du père de la famille d’accueil, Rolan Bykov dresse un portrait élogieux de Alexandre Askoldov. Il revient aussi sur son rôle d’artisan juif, délicat à tenir du fait des préjugés de l’époque.
  • Les souvenirs de Raisa Nedashkovskaya sur le tournage – Rôle de Maria Mahazannik (4 min). Elle tient dans le film le rôle de la femme de Yefim.
  • Entretien avec Nonna Mordyukova – Rôle de la commissaire Vavilova (5 min). Interprétant le personnage froid et autoritaire de la commissaire Vavilova, Nonna Mordyukova décrit Alexandre Askoldov comme un génie absolu.

 

En 1922, la citoyenne Vavilova, commissaire politique d’une unité de l’armée rouge, doit laisser son poste pour cause de maternité. Elle est accueillie dans un village ukrainien par la famille nombreuse d’un artisan juif. Personnage froid et autoritaire, la commissaire va découvrir les joies de la maternité et de la vie de famille. Mais le sens du devoir reprend vite le dessus, elle décide de retourner aux dures réalités de la vie militaire et confie la garde de son enfant à ses nouveaux amis...

Unique film du réalisateur russe Alexandre Askoldov, La Commissaire est jugé lors de sa première projection comme étant pro-sioniste. À travers l’histoire d’une militaire froide et autoritaire, qui va retrouver un semblant d’humanisme au contact d’une famille juive, il dénonce surtout la violence du pouvoir soviétique durant la guerre civile russe qui suit la révolution d’Octobre 1917. Cela vaut à Askoldov d’être exclu du Parti Communiste et de se voir retirer son brevet de cinéaste. Il n’est depuis pas repassé derrière une caméra.

Il faut attendre la perestroïka pour que le film puisse à nouveau être diffusé, en 1987, pendant le Festival du film de Moscou. Les spectateurs découvrent un film profondément tolérant et humain, dénonçant la violence du régime communiste, portée par la réalisation un brin trop virtuose d’Askoldov et la performance des acteurs. Un an plus tard, au Festival de Berlin, le film reçoit l’Ours d’Argent.


Entretien avec Alexandre Askoldov – Réalisateur (40 min)

Un long entretien avec le réalisateur de La Commissaire. Il revient sur son enfance, et la mort de son père fusillé par Staline, à l’origine de son engagement contre le pouvoir soviétique. Il raconte longuement l’histoire de son film, de la censure appliquée dès la première diffusion en 1967, à son discours en 1987 au Festival du film de Moscou, qui aurait conduit Gabriel García Márquez à demander à Mikhaïl Gorbatchev de lever l’interdiction. Il explique aussi sa fierté de voir son œuvre diffusée aujourd’hui dans le monde entier.

"on histoire, celle de La Commissaire, tient entre deux dates : 1967-1987. Ma vie, c’est le trait d’union entre les deux. Diplômé de l’École de Cinéma de Moscou, j’ai voulu raconter les mauvais traitements, le véritable génocide que la révolution naissante a infligé aux juifs d’Ukraine plus de quinze ans avant Hitler. Fou que j’étais ! J’ai bien senti que le scénario gênait, mais je croyais mes compatriotes plus aptes à l’autocritique qu’ils ne prétendaient l’être. Je ne voulais ni provoquer ni épater, mais j’avais mon credo moral déjà prêt. Je sentais, sans vouloir fantasmer, que j’allais à rebours de tout l’enseignement de l’époque. La Commissaire terminée n’a eu qu’une projection, une seule, à l’issue de laquelle on a incriminé l’auteur de tous les péchés de la Russie. J’ai protesté. On est venu chercher les bobines du film. Par la suite, on a dit à ma femme qu’elles avaient été brûlées. J’ai écrit à Souslov. C’était l’éminence grise de la doctrine socialiste. "La destruction d’une œuvre d’art, disait ma lettre, est une action barbare qui n’a pas de sens, et qui évoque la destruction des livres à Nuremberg par un régime odieux." A partir de ce moment, le travail pour moi s’est fait rare. Heureusement, je ne suis pas trop maladroit pour faire des meubles de mes mains. J’ai survécu. Aujourd’hui, à Moscou, avoir eu un film au placard est presque un élément du snobisme. Beaucoup de metteurs en scène se, fabriquent, à peu de frais, une légende de persécuté. Moi, je suis la légende. J’ai vu, de mes yeux, le placard aux œuvres interdites. Et ce ne sont pas, des bobines de films mais des âmes qui y pourrissent..."

 

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La Commissaire d'Alexandre Askoldov