DVD  coffret Brisseau

Editeur : Blaq out. Octobre 2009. DVD 1 : Les secrets derrière le mur (1965). DVD 2 : Quand l'embryon part braconner (1966). DVD 3: Les anges violés (1967). DVD 4 : Va va vierge pour la deuxième fois (1969). 45 €.

Suppléments :

  • Damien Odoul préface Les secrets derrière le mur
  • Lucile Hadzihalilovic préface Quand l'embryon part braconner
  • Marina De Van préface Les anges violés
  • Jean-Pierre Bouyxou préface Va va vierge pour la deuxième fois

Les secrets derrière le mur (1965), Quand l'embryon part braconner (1966), Les anges violés (1967), Va va vierge pour la deuxième fois (1969) constituent les 4DVD de ce premier coffret du cinéaste japonais Koji Wakamatsu proposant un panorama de ses productions des années 60.

Il sera suivi en 2010 par deux autres coffrets de films du même réalisateur.

 

De la critique sociale des secrets derrière le murs au film presque complétement métaphorique des Anges violés

 

Sélectionnés au Festival de Cannes à la Quinzaine des Réalisateurs, pour les uns, et au Festival de Berlin pour les autres, ces films empruntant au cinéma pink et à l'esthétique Nouvelle Vague ont marqué la fin des années 60 par leur propos subversif et n'ont rien perdu de leur verve.

 

Damien Odoul préface Les secrets derrière le mur

Le film s'ouvre sur le gros plan d'un œil, non identifié qui fait penser au Chien andalou de Bunuel. Il détaille l'architecture massive d'un ensemble résidentiel composé de plusieurs immeubles qui préfigure l'impression constante d'oppression et d'enfermement qui sera celle du film.

L'image choc du couple faisant l'amour devant un portrait géant de Staline est presque anecdotique face à la remise en cause des valeurs du japon traditionnel : femme ivre, mépris du sens de l'honneur et de la spiritualité, suicide de la mélancolie et de la solitude et non pour l'honneur. Masturbation sur la photo du journal relatant la corruption d'un homme politique. L'espoir de l'idéologie et de l'amour ont fuit pour la jeunesse. Reste un peuple de vaincus qui tente de se reconstruire entre suicide et pornographie

Makoto le jeune étudiant qui épie à la longue vue ce qui se passe chez les voisins ira jusqu'au meurtre de la femme infidèle car le regarder c'est le rendre impuissant. Entre lui et sa partenaire, une longue vue ou un linge lui bandant les yeux sont nécessaires.

 

Lucile Hadzihalilovic préface Quand l'embryon part braconner

Ce chef d'oeuvre de Koji Wakalmatsu réalisé en 1966 sort en salle en France en 2007 avec une interdiction au moins de dix-huit ans. La censure a considéré que ce film dégradait l'image de la femme. Considération grotesque qui suppose une incapacité consternante à ne pas voir la dimension métaphorique du film et surtout la force de ce personnage féminin qui n'a pas peur, n'est pas à vendre et ne se soumet pas. Au contraire, son parcours est celui d'une prise de conscience de sa soumission passée aux humiliations sociales.

Le scénario de Yoshiaki Otani est tourné en cinq jours. L'image de Hideo Ito comme la lumière de Hajime Isogai sont perpétuellement inventives avec des arrêts sur image, des surimpressions, des images oniriques telle "la grotte aux stalactites". Le cadre morcelle le corps de manière fétichiste tout en gardant l'impression d'emprisonnement dans les plans larges. Cette esthétique sublime, tragique et poétique, exacerbée par le clavecin intemporel et fatidique, contrebalance la noirceur du propos.

L'embryon du titre, c'est l'homme, celui qui souffre de n'être plus le foetus pas encore chassé du paradis, pas encore expulsé du ventre de sa mère, de la grotte aux stalactites comme il l'appelle si joliment.

Il souffre de cette condition absurde d'être né. Le film s'ouvre sur cette lamentation du livre de Job : "Périsse le jour où je suis né. Pourquoi ne suis pas mort dans le ventre de ma mère ? Pourquoi n'ai-je pas expiré au sortir de ses entrailles ?"

Le film est un huis-clos presque total puisque les flashes back peuvent se passer dans ce même lieu et avec les deux même acteurs ce qui a été justifié par la ressemblance entre Yuka et et l'ancienne épouse de l'homme. L'extérieur, hors la première séquence, n'intervint qu'avec le son de la pluie.

La rage prend l'homme lorsque Yuka se moque de lui. Cette femme, une employée dans un magasin de chaussures où il est son supérieur, est le sosie de son ancienne épouse. Mais elle est plus résistante, plus forte que celle, déjà rebelle à son mari qui avait désobéi pour tomber enceinte.

Derrière Yuka et son ancienne épouse, il y a aussi la mère suicidée qui s'est pendue après la guerre. Maman sera le dernier mot prononcé. L'amour se transforme en haine, la tendresse en violence sadique irrationnelle, quand il n'arrive pas à la soumettre. la femme elle prendra conscience que même en s'étant libéré de cette sequestration, elle restera sans doute soumise à la morale japonaise oppressante.

 

Marina De Van préface Les anges violés

Le regard introduit une profondeur, une énigme. Il s'assume comme excessif et sans mesure. Il finit par noyer le sens de ce que l'image désignait. On est très loin du cinéma érotique : il n'y a pas de frustration érotique. Les contacts sont passifs et privés d'intention. La répétition dont nous sommes des otages annihile tout érotisme. Les regards se sondent les uns les autres plutôt qu'ils ne se relient à la scène visible.

L'œil de l'autre met la sexualité en échec. La femme torturée longuement accède au statut d'ange. L'œil finira par s'associer au miroir de l' océan mat et bleuté dans lequel il se perd

 

Jean-Pierre Bouyxou préface Va va vierge pour la deuxième fois

Le film, longtemps connu en France sous le titre stupide de Vierge violée cherche étudiant révolté, est aussi un film érotique dont il respecte un certain nombre de codes : déshabillage et scènes de sexe.

Il n'est pourtant pas émoustillant. La partouze est triste et morne. La femme urine sur le jeune homme pour l'avilir, le compisser. Cette scène est la seule tournée en couleur sur le souhait de son distributeur qui, malgré son faible budget, voulait pouvoir montrer des photos en couleur pour la promotion du film.

La femme est à l'homme ce que le prolétaire est au bourgeois capitaliste semble dire le film.

 

 

 
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Quatre films de Koji Wakamatsu