Editeur : Montparnasse, janvier 2007. Langue : français. Sous-titres: anglais. Son : mono. Format : 1,33. 2h44

Suppléments :

  • Bataille sur le grand fleuve (1950, 33 min) Epopée fluviale au cours de laquelle les pêcheurs Sorko chassent au harpon les hippopotames du fleuve Niger. Une compétition magique entre l’animal et l’homme.
  • Cimetières dans la falaise (1951, 18 min) Document ethnologique et bouleversant témoignage sur les funérailles d’un jeune noyé en pays dogon, falaise de Bandiagara au Mali.
  • Tous les films sont présentés par Jean Rouch et proposés en version sous-titrée anglaise.

Dans la grande tradition du road-movie, le film manifeste une humanité joyeuse à l'écart des chemins balisés du quotidien fut-il aussi dépaysant pour nous que celui du Niger. L'humour constant et la volonté de respecter la structure du conte n'empêche pas Cocorico ! Monsieur poulet d'être un grand film d'aventures alternant les poses près du feu de camps pour manger ou faire refroidir Patience, la voiture fabuleuse de Tallou, et les envolées lyrique de cette même Patience traçant la route sous la lumière magnifique de l'Afrique.

Les bonus où Jean Rouch est interwivé par Enrico Fulchignoni en 1982 apportent des éclairages indipensables pour ce film et pour les deux moyens métrages du début de son parcours de cinéastes : Bataille sur le grand fleuve (1950, 33 min) et Cimetières dans la falaise (1951, 18 min).

Cocorico ! Monsieur Poulet :

"Ce film a peut-être été le plus drôle à faire. Lam avait proposé un documentaire sur le commerce du poulet, nous décidons d’en faire un film de fiction réalisé par Dalarou, nouveau réalisateur multinational et tricéphale : Damouré Zika, Lam Ibrahima Dia, Jean Rouch. Nous avons été dépassés dans l’improvisation par les incidents : la voiture de Lam n’avait ni freins, ni phares, ni papiers. On devait tenir le retro à la main et les pneus étaient ceux d'une 403 pour passer dans le sable. La voiture s'appellait réellement PatienceSes pannes continuelles modifiaient sans cesse le scénario prévu (…). Alors l’invention était continuelle et nous n’avions aucune autre raison de nous arrêter que le manque de pellicule ou le fou rire qui faisait trembler dangereusement micros et caméras.

C'est Damouré quia eut l'idée de faire revenir le diable pour que le diable nous donne une voiture. Patience avait en effet finit par rendre l'âme, bielles coulées.

 

Bataille sur le grand fleuve :

Jean Rouch est resté quatre mois sur une pirogue pour filmer cette technique de la chasse à l'hippopotame qui est surtout un rituel où les pêcheurs refont une alliance avec le fleuve Niger.

Le métrage de la pellicule ne permet pas des plans de plus de 22 secondes ce qui donne au film sa dynamique avec son montage rapide et ses changements d'angle obligatoires.

Film tourné avec un objectif de 25 mm sans possibilité de zoom. Pour prendre en gros plan, il faut se rapprocher. Pas de table de montage sonore. Les sons sont transcris sur disque puis mixés sur piste optiques en même temps que le commentaire.

Jean Rouch rappelle l'intérêt d'avoir une personne chargée du montage. Lui voit le contexte : la rive droite puis la rive gauche à traverser mais, sa monteuse lui fait remarquer que lorsqu'il n'a pas de courant et que le soleil est vertical, il n'y a pas de différence à la projection. La monteuse est la première spectatrice.

Lors de la première projection aux indigènes, ceux-ci reprochèrent à Jean Rouch d'avoir mis de la musique : L'hyppopotame a de grandes oreilles: s'il entend, il fuit. Jean Rouch, se sentant victime du cinéma classique, décida depuis lors de n'utiliser qu'avec la plus extrême parcimonie la musique.

 

Cimetières dans la falaise :

Marcel Griaule fut le professeur d'ethnologie de Rouch. En 1931, il parcourt l'Afrique du Sénégal à Djibouti sur le même parallèle et est fasciné par les Dogon. Rouch le rejoint au Niger pour lui proposer d'utiliser le cinéma.

C'est Marcel Griaule qui écrit et récite le texte : "A l'intérieur de la boucle du Niger au-dessus des mornes savanes soudanaises la falaise de Bandaghiara. Des hommes patients et sages, les Dogons, cultivent le riz, les oignons, les tomates. Les cases d'argiles chapeautées de paille..."

Rouch confirme que le fleuve a bien rendu le cadavre du jeune homme noyé par la crue quand Siyebene, le prêtre, l'a demandé, trois jours après le drame, en sacrifiant un poussin.

Il urtilise une pellicule kodakromme et son réel avec un magnétophone dédié. La longueur de la pellicule ne permet pas des plans de plus de 22 secondes. Il ne peut donc en tourner que deux durant la montée du corps qui dure une minute car il lui faut aussi le temps de rcharger la caméra entre ces deux prises.

Grande attention à la mise en scène : la chute de l'eau est mise en parallèle avec la montée du corps. Les derniers plans sur les cascades comme la fleur de baobab sont utilisées comme des symboles comme la pluie, l'eau ou la pierre.

Rouch fait part de toute son émotion devant ce rituel funéraire chez des Dogons lui qui n'avait alors qu'une connaissance livresque de la mort. "Ceux qui pleurent, vous pouvez les filmer, ce sont des professionnelles" avait dit Marcel Griaule mais Rouch se trouve soudain confronté à la douleur de la mère du mort.

 

 
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