Editeur : Opening, mars 2007. Langue : anglais. Sous-titres : français. Son : mono. Format : 1,37.

Suppléments :

  • Paul Vecchiali parle de Howard Hawks devant la caméra de Noël Simsolo.
  • Analyse du Film par Jean-François Rauger devant la caméra de Noël Simsolo
  • De la Grande Guerre au grand écran, livret de Yves Alion.

Les chemins de la gloire est la troisième film de guerre de Howard Hawks après La patrouille de l'aube (1930) et Après nous le déluge (1933) et avant Sergent York (1941) et Air force (1943).

Lointain remake du film de Raymond Bernard, Les croix de bois (1931), il compte parmi les films les plus importants sur la première guerre mondiale.

Il est aussi l'un des films les plus noirs de Hawks même si son ironie légendaire trouve à s'exprimer. L'apologie de l'action comme remède à la peur et à l'absurdité de la guerre y est exprimée avec la même force que d'habitude. Laroche, aveugle, conduit par son père qui cherche à se racheter de la faute qu'il a commise rejoignent la grande communauté des hommes d'action mais, cette fois, en se sacrifiant. La fêlure due à la cohorte des morts, des remplaçants qui eux-mêmes, une fois morts, seront remplacés est profondement inscrite au sein du film. Chez Laroche d'abord comme ensuite chez Danet. Celui-ci, lors du dernier plan après son discours, prendra les mêmes cachets que Laroche avant lui.

Le film bénéficie d'une richesse scénaristique et thématique exceptionnelle. Zanuck qui vient de prendre les commandes de la Twenty Century-Fox avait racheté les droit des Croix de bois (1931) de Raymond Bernard. S'il garde quelques plans du film original, il confie à Hawks le soin de remanier l'histoire lequel choisira son ami William Faulkner pour travailler scénario et dialogue dans une optique proche de celle qui lui convient. Le film porte ainsi le titre d'un des premiers films de Hawks (The road to glory, 1926), qui était l'histoire d'un aveugle. Il intègre également le récit d'une mission suicide mené par un aveugle comme dans (Après nous le déluge, 1933) et garde la structure de La patrouille de l'aube (1930) où un personnage prend la place d'un autre pour que les choses continuent.

Il s'agit donc d'un film de guerre mais comme toujours aussi chez Hawks de l'histoire d'une femme et de deux hommes, chacun ayant des stratégies de conquête différentes. Derrière ces histoires de guerre et de séduction se tient une troisième histoire : celle des liens de génération avec le personnage de Maurin, le père de Laroche.

J.-L. L. le 20/03/2007

 

Deux excellents suppléments pour ce DVD avec Jean-François Rauger et Paul Vecchiali filmés par Noël Simsolo. Le premier analyse le film et le second l'œuvre de Hawks.

Jean-François Rauger rappelle la somme d'influences et d'échos que contient le film. Il est le remake du film de Raymond Bernard Les croix de bois (1932). Il porte le titre d'un des premiers films de Hawks (The road to glory, 1926), qui était l'histoire d'un aveugle. Il intègre également le récit d'une mission suicide mené par un aveugle comme dans (Après nous le déluge, 1933) et garde la structure de La patrouille de l'aube (1930) où un personnage prend la place d'un autre pour que les choses continuent.

Zanuck qui vient de prendre les commandes de la Twenty Century-Fox avait racheté les droit des Croix de bois de Raymond Bernard. S'il garde quelques plans du film original, il confie à Hawks le soin de remanier l'histoire lequel choisira son ami William Faulkner pour travailler scénario et dialogue dans une optique proche de celle qui lui convient. Scénario sur lequel interviendra aussi Nunnally Johnson, le scénariste des Raisins de la colère.

Il s'agit donc d'un film de guerre mais comme toujours aussi chez Hawks de l'histoire d'une femme et de deux hommes, chacun ayant des stratégies de conquête différentes. Derrière ces histoires de guerre et de séduction se tient une troisième histoire : celle des liens de génération avec le personnage de Maurin, le père de Laroche. Comme toujours aussi chez Hawks il y est fait l'apologie de l'action comme remède à la peur et à l'absurdité de la guerre.

Filmé en studio avec Gregg Toland comme chef opérateur, le film porte aussi des reliquats d'expressionnisme. Comme le Wayne de La rivière rouge, Laroche va trop loin dans l'abnégation pour être complément positif. Fêlure inavouée sans doute celles des morts accumulés. Le film ne comporte pas de scène de méditation sur les raisons de la guerre. Elle est juste jugée peu satisfaisante.

Pas de mélancolie chez Hawks, l'homme invente la technique et la technique est au service de l'homme. Les relations sont directes d'homme a homme. Il n'y a pas de petit théâtre, de pittoresque ou de nostalgie comme chez John Ford. Ici la modernité est évoquée par les casques qui remplacent les casquettes.

 


Paul Vecchiali rappelle que c'est Jacques Rivette qui a fait de Howard Hawks un auteur, le définissant comme pratiquant un cinéma de l'évidence, un cinéma à hauteur d'homme. Le jeune critique repérait aussi que tous les scénarios de Hawks racontaient la même histoire d'amour entre deux hommes qu'une femme vient bousculer. Cela définit plus qu'un univers ; une vraie écriture filmique.

Si Hawks filme à hauteur d'homme respectant dans chacun de ses films le genre, l'homme de l'acteur peut-être pense-t-il au-dessus avec générosité, objectivité… et ironie. Derrière l'évidence, le rythme, la cadence impeccable du film, Hawks opère un travail de sape. Certes, il y a amitié virile mais l'un est plus faible que l'autre soit rongé par l'alcool comme Dean Martin ou trop jeune (Mississippi) ou trop vieux ce qui le dévirilise. La dévirilisation est un thème constant (Allez coucher ailleurs, Le sport favori de l'homme où Rock Hudson se montre incapable de... pêcher. La peur des femmes, la peur de leur énergie, de leur envie d'émotion et de décision les fait souvent se réfugier dans la machine. L'homme hawksien est plus lié à la machine qu'à la femme.

Chez Hawks il y a un parcours vers le rachat. Le rachat ne signifie pas rédemption. Le rachat permet une relecture du personnage dans le sens positif.

Vecchiali rapproche assez curieusement Howard Hawks de Joseph von Sternberg et Jacques Demy. Il oppose également un peu vainement Hitchcock et Hawks... Comme pour choisir son camp au sein de ce qui fut et est encore le mythique clan cinéphile des Hitchcoko-hawksiens.

 

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Les chemins de la gloire de Howard Hawks