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L'amant d'un jour de Philippe Garrel

 

Editeur : Blaq out. Octobre 2017. Durée du film : 1h15. Prix de vente public conseillé : 18.90 €.

Supplément : Entretien avec Philippe Garrel par Olivier Père

Après une rupture, une jeune femme dans la vingtaine rentre chez son père. Elle y découvre ce dernier en couple avec une femme du même âge qu'elle..

Troisième volet d’une trilogie, après La Jalousie et L’ombre des femmes, Philippe Garrel continue son exploration de la psyché féminine à travers l’histoire d’une amitié entre deux femmes, partagée entre un soutien mutuel tout autant qu’une rivalité inconsciente. Récompensé par le Prix SACD à La Quinzaine des Réalisateurs du Festival de Cannes 2017.

Rythmé par la voix off d'une narratrice, L'amant d'un jour se présente comme un conte cruel. Avec l'intransigeance et la pureté de la jeunesse, Jeanne n'accepte aucune contradiction dans l'amour. Ariane et Gilles, qui se croient plus sages, donnent des conseils et croient pouvoir préserver des zones d'ombres sans affecter le bonheur de leur relation.

Le danger, la folie (les coups de fils imaginaires), le suicide guettent d'abord Jeanne qui pourrait se jeter par la fenêtre. Mais, si elle pleure souvent, alors qu'Ariane s'abandonne innocemment à la jouissance d'amants d'un jour, c'est finalement elle qui gagne. Elle laisse Gilles et Ariane affronter le grand froid de la solitude alors qu'elle même va se couvrir du grand manteau confortable de la vie de couple.

A tenter de vouloir avoir raison contre la simplicité en multipliant les contradictions, le couple d'Ariane et Gilles éclate. La confiance entre eux c'est déplacée sur celle de chacun d'eux envers Jeanne. Plus peut-être que les infidélités d'Ariane, c'est le triangle relationnel qui est fatal au couple. En le faisant inconsciemment éclater, Jeanne prouve la nécessaire proximité, intimité du couple à laquelle elle est attachée. Gilles, philosophe, le sait : la fidélité ne s'incarne pas pour chacun dans les mêmes éléments mais elle est globalement nécessaire.

Le film exprime par sa grande beauté plastique, son alternance d'ombre et de lumière, les dangers  qui  à chaque fois mettent en danger le couple. Folie et larmes d'un coté, jouissance et grande clarté de l'autre, rythment cet apologue triste sur les accords magnifiques de Jean-Louis Aubert.

Jean-Luc Lacuve , le 9 novembre 2017