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1803-1890
 

La conquête de l'Ouest désigne le processus d'appropriation par la force d'un territoire gigantesque, qui s'étend du Mississippi à l'Océan Pacifique par les colons américain de 1803 à 1890. Cette région, habité jusqu'alors par les peuples amérindiens et qui correspond à l'Ouest sauvage dans l'historiographie américaine, tombe progressivement sous la souveraineté américaine.

Seront analysées dans des pages spécifiques

Jusqu'en 1763, l'Amérique n'est constituée que des 13 Etats situés à l'Est du territoire, et il reste une grande majorité du pays à découvrir et à exploiter. La colonisation de l'Ouest sauvage est encouragée par le gouvernement fédéral. Au cours du XIXe siècle, le congrès vote des lois favorisant l'implantation des fermiers à l'ouest du Mississippi. En 1790, on recense environ 100 000 Américains à l'ouest des Appalaches.

Au début du XIXe siècle, la frontière américaine se situe approximativement le long du fleuve Mississippi qui divise la zone continentale des États-Unis en un axe qui part de l'ouest de la région des Grands Lacs et descend jusqu'au delta près de La Nouvelle-Orléans. Le district de Saint-Louis, qui compte alors un peu plus de 2 000 habitants, principalement des Français, des Espagnols, des Indiens et des Noirs (esclaves ou affranchis), est alors la plus grande ville sur la frontière et constitue un passage obligé pour le voyage vers l'ouest, devenant ainsi la principale plateforme commerciale, non seulement pour le trafic fluvial sur le Mississippi mais aussi pour l'ensemble du commerce intérieur.

La nouvelle nation commence pourtant à exercer une certaine influence sur la politique internationale. Les Britanniques, chassés des Treize colonies après la Révolution américaine, sont toujours présents au Canada et menacent d'en développer son expansion territoriale vers la région du Nord-Ouest ; les Français, qui avaient quitté la vallée de l'Ohio, détiennent encore le territoire de la Louisiane de l'Ouest du Mississippi jusqu'aux montagnes Rocheuses. Ce territoire, quasiment vierge de toute présence européenne mis à part le port stratégique de La Nouvelle-Orléans et quelques comptoirs sur le Mississippi, recouvre entièrement les actuels Arkansas, Missouri, Iowa, Oklahoma, Kansas, Nebraska, Dakota du Sud, et partiellement les actuels Louisiane, Minnesota, Dakota du Nord, Montana, Wyoming, Colorado, Texas et Nouveau-Mexique.

La domination de l'Espagne (Nouvelle-Espagne) s'étend sur la Floride et les territoires de l'actuel Texas jusqu'en Californie, le long du sud de ce que sont plus tard les États de l'Utah et du Colorado

 

1/ Les premières expéditions.

En 1803, d'un trait de plume, Thomas Jefferson, troisième président des États-Unis élu en 1800, double la superficie des États-Unis avec l'achat de la Louisiane à la France qui l'a achetée à peine trois ans plus tôt à l'Espagne. Depuis la révolte des esclaves en Haïti et les maladies tropicales qui avaient sapé ses expéditions caribéennes, Napoléon Bonaparte a considéré la Louisiane comme un handicap. Robert Livingston, ambassadeur américain en France, négocie la vente avec le ministre français des Affaires étrangères, Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord, qui déclare : « Vous avez réalisé une bonne et noble affaire pour vous-même, et je suppose que vous allez tirer le meilleur parti de cela ». L'opération coûte plus de 15 millions de dollars américains (environ 4 cents l'hectare). L'achat est controversé : beaucoup de membres du parti fédéraliste (qui domine en Nouvelle-Angleterre) pensent alors que le territoire est « un vaste monde désertique qui se révélera pire qu'inutile pour nous, et la propagation de la population à travers une terre ingouvernable provoquera un affaiblissement du pouvoir fédéral au détriment de la Nouvelle-Angleterre et du Nord-Est ». Mais à travers le pays, les jeffersoniens restent convaincus que ces nouvelles contrées contribueraient à promouvoir leur vision de la société républicaine idéale fondée sur le commerce agricole et gouvernée de façon libérale, laquelle favorise l'autosuffisance et la vertu.

En 1804, persuadé que l’expansion consoliderait la prospérité et les idéaux de la jeune démocratie américaine, le président Thomas Jefferson envoie les capitaines Lewis et Clark en reconnaissance vers l’océan Pacifique en passant par la vallée du Missouri. Leurs découvertes sont par la suite complétées par des expéditions militaires et scientifiques, comme celle de John Charles Frémont, qui prennent contact avec différentes tribus amérindiennes.

Expédition Lewis et Clark (1804-1806)

Quelques semaines avant l'achat, Thomas Jefferson a ordonné l'exploration discrète de l'immense territoire, avec une motivation commerciale et scientifique. L'acquisition tombe donc à point nommé. Deux officiers, Meriwether Lewis et William Clark, sont chargés, à partir de 1804, d'explorer le Missouri, et ses principaux affluents, ainsi que toute voie de communication fluviale vers l'océan Pacifique, à des fins commerciales. Le président charge également l'expédition d'établir des contacts diplomatiques avec les tribus amérindiennes de la région, de les étudier (y compris leurs mœurs, leurs langues et leurs cultures), ainsi que le climat, les sols, le réseau hydrographique, les échanges commerciaux, la faune et la flore. Le principal objectif commercial est de trouver une voie de communication efficace pour établir une connexion entre les produits américains et les marchés asiatiques, et peut-être trouver un moyen de bloquer l'expansion des compagnies britanniques de traite des fourrures dans le territoire de l'Oregon. Les commerçants asiatiques achetaient déjà des peaux de loutre de mer aux commerçants de la côte pacifique.

William Clark et une trentaine d'hommes partent de Camp Dubois, situé aujourd'hui à côté de Hartford, dans l'Illinois le 14 mai 1804. Ils rejoignent Lewis et une dizaine d'homme à Saint-Charles dans le Missouri le 20 mai. L'expédition continue son chemin en passant par le site de la future Kansas City et d'Omaha. En avril 1805 ils parviennent au  Petit Missouri et à la rivière Yellowstone. En mai 1805, Lewis traverse les montagnes Rocheuses et descend la Clearwater, la Snake, et la Columbia. Elle passe par les chutes de Celilo et l'emplacement de Portland. En aout 1805 rencontre avec le chef  Shoshone Cameahwait, qui s'avère être le frère de la guide, Sacagawea, qui fournit des chevaux et une mule sans lesquels l'expédition n'aurait pas pu continuer. Elle atteint l'océan Pacifique en décembre 1805. L'expédition décide de passer l'hiver sur la rive sud de la Columbia et construit le Fort Clatsop près de l'actuelle Astoria dans l'Oregon.

Le voyage de retour commence le 23 mars 1806. L'expédition remonte la Columbia au prix d'efforts importants. Un mois après leur départ, les hommes renoncent à remonter le fleuve à l'aide de canots et préfèrent aller à cheval. Ils passent le mois de mai chez les Nez-Percés à Camp Choppunish. Incapables de traverser les monts Bitterroot enneigés, ils retournent chercher l'aide d'un guide chez les Nez-Percés. Le 30 juin, l’expédition se scinde en deux groupes : Lewis accompagné de 9 hommes explorent la Marias River vers le nord, alors que Clark et les autres se dirigent vers le sud en suivant la rivière Yellowstone. Les deux groupes se retrouvent pour descendre le Missouri. Le 17 août l’expédition retourne au confluent de la Knife River et du Missouri. Ils arrivent le 23 septembre 1806 à Saint-Louis où ils sont accueillis par des centaines de personnes.

Lewis et Clark sur la rivière Columbia
Charles Marion Russell (1905)

Avec les informations résultant de l'expédition, des entrepreneurs tels que John Jacob Astor saisissent immédiatement l'occasion et étendent leurs opérations de traite des fourrures dans le Pacifique Nord-Ouest. Fort Astoria, créé par les employés de John Astor à l'embouchure du fleuve Columbia en 1811, est le premier établissement européen permanent dans cette région. Toutefois, durant la guerre de 1812, ses rivaux de la North West Company, une compagnie anglo-canadienne, achètent le camp aux agents d'Astor qui craignent que les troupes britanniques détruisent leur établissement. Les affaires de John Astor en souffrent un certain temps, mais il rebondit dans les années 1820, reprenant les affaires de commerçants indépendants afin de créer un monopole puissant. Devenu multi-millionnaire, il abandonne ce commerce en 1834, et réinvestit son argent dans l'immobilier à Manhattan.

2/ Les pistes de l'Ogergon et de Santa-Fé

L’idée d’une "terre promise" à l’ouest grandit parmi la population de l’Est. Dans les années 1840, la croyance en un droit quasi divin du peuple américain de s’approprier les terres de l’Ouest, malgré les Amérindiens ou les autres nations, prend le nom de "Destinée manifeste". Déjà, des colons américains s'installent dans le Texas où ils proclament leur indépendance vis-à-vis du Mexique en 1835. La guerre entre les États-Unis et le Mexique en 1847 règle définitivement le différend. À l'issue de ce conflit, les États-Unis acquièrent entre autres la Californie, qui devient, en 1849, le théâtre d’une ruée vers l’or à l’ampleur jamais égalée jusqu’à présent, attirant des populations du monde entier. D’autres découvertes de filons incitent plus tard l’implantation de pionniers dans plusieurs régions de l’Ouest américain. Pour accéder aux nouveaux territoires et d’abord rejoindre la Californie et l’Oregon ou l’Utah dans le cas des Mormons, les colons empruntent des pistes traversant d’immenses étendues.

La piste de l'Oregon (Oregon Trail) était souvent escortée ou protégée par la cavalerie américaine. La traversée du continent sur plus de 3 000 kilomètres est une véritable aventure pleine de dangers : blizzard dans les Montagnes Rocheuses, attaques des Indiens. Les convois avancent à la vitesse d'une vingtaine de kilomètres par jour. Au pas d’un attelage de bœufs tirant un lourd chariot dans un convoi long de plusieurs kilomètres. Il fallait en moyenne un an et demi pour atteindre le Far West.

Ils s'arrêtent à des points d'étape connus dans les Grandes Plaines (Chimney Rock, Scott's Bluff, Ash Hollow...). Devant leur avancée, les bisons fuient et le mode de vie des Amérindiens s'en trouve bouleversé. Suivant les guides de l’émigrant, les voyageurs cherchent des points de repères (Chimney Rock dans le Nebraska) le long des pistes et les forts érigés qui se transforment rapidement en marchés. On voit même apparaître, dans la deuxième moitié du XIXe siècle, les premiers hôtels le long des routes.

La piste de l'Oregon était la principale voie terrestre franchissant les montagnes Rocheuses utilisée par les pionniers au xixe siècle pour se rendre depuis différentes localités situées sur les rives du Missouri jusqu'au pays de l'Oregon. Le tronçon correspondant à la moitié orientale de la piste était également emprunté par les voyageurs de la piste de la Californie et de la piste des Mormons. Pour effectuer le trajet en une seule saison la plupart des voyageurs partaient en avril ou mai, au moment où l'herbe était suffisamment haute. La piste longeait des rivières et des ruisseaux afin de permettre un approvisionnement suffisant au convoi de fourgons en eau, en herbe et en combustible pour le feu de camp. Par ailleurs, il fallait que les chemins empruntés soient un minimum carrossable pour que les chariots puissent y circuler sans encombre.

Les voyageurs qui empruntaient la piste voyageait en petit groupes et se déplaçaient en chariot bâché, à cheval, à pied et en bateau pour s'établir dans le pays de l'Oregon en tant que fermiers, hommes d'affaires ou chercheurs d'or. Ce territoire était au début du xixe siècle revendiqué à la fois par les Britanniques et les Américains. Le nom donné par les britanniques à ce territoire très convoité était district de Columbia. Les quelque 3 200 km de piste à parcourir à travers des territoires correspondant aux états actuels du Missouri, du Kansas, du Nebraska, du Wyoming, de l'Idaho et de l'Oregon, nécessitaient de 5 à 6 mois de trajet en caravane. Lorsque la construction de la ligne de chemin de fer transcontinentale fut achevée en 1869, l'utilisation de la piste par les voyageurs déclina au profit de la voie ferrée. En 1883, la ligne de la Northern Pacific Railway atteignait la ville de Portland et la piste de l'Oregon perdait toute raison d'être.

L'itinéraire basique suivait les vallées des rivières. Dans les premiers temps, la piste de l'Oregon partait d'Independence dans le Missouri. Plus tard, d'autres villes sont devenus des points de départ comme Saint Joseph dans le Missouri, Fort Leavenworth et Atchinson dans le Kansas et Omaha dans le Nebraska.

La ville d'Oregon City était le terminus de la piste de l'Oregon, au temps où cette ville était la capitale désignée du Territoire de l'Oregon. Cependant de nombreux pionniers s'écartaient de la piste ou s'arrêtaient en cours de route pour s'installer dans des endroits qui leur convenaient. La piste de l'Oregon était parsemée de nombreuses embûches et d'obstacles naturels. Progressivement, la piste fut aménagée pour faciliter la progression des voyageurs. Des services de ferry furent mis en place et des ponts construits pour pouvoir franchir les rivières sans risque.

Nebraska Les voyageurs en provenance de la rive gauche du Missouri traversaient la rivière en ferry pour se rendre dans le Nebraska. Une fois arrivés au Nebraska, ils avaient alors le choix entre plusieurs villes pour y faire étape, mais après 1855, c'est Omaha qui obtint leur faveur. Ensuite, les voyageurs rejoignaient la vallée de la rivière Platte au niveau du Fort Kearney situé à l'emplacement actuel de la ville de Kearney. À Fort Kearney, ils pouvaient faire des achats, effectuer des réparations et se procurer des médicaments. Ensuite, ils remontaient le cours de la rivière Platte, puis de son affluent, la North Platte. La rivière Platte n'était pas navigable en raison de ses eaux boueuses et peu profondes. Par contre, les chemins qui longeaient ses rives des deux côtés étaient parfaitement carrossables. Avant 1880, les voyageurs croisaient sur leur route des milliers de bisons qui franchissaient la rivière Platte au cours de leur migration à travers le Nebraska. Ils pouvaient ainsi se fournir en grande quantité en viande fraîche. Là où l'herbe de la prairie n'avait pas été foulée par les buffles ou les voyageurs, celle-ci atteignait la hauteur d'un homme. De nombreuses formations rocheuses dominant la plaine environnante procuraient le long de la rivière North Platte des repères visuels faciles aux migrants. C'était notamment le cas du Chimney Rock et du Scotts-Bluff.

Wyoming. Dans le Wyoming, la piste de l'Oregon se poursuivait le long de la North Platte. A la confluence de la rivière Laramie et de la rivière North Platte se trouvait le Fort Laramie qui constituait un important arrêt pour les voyageurs. Il s'agissait d'un comptoir destiné au commerce de la fourrure servant d'avant-poste. Après cet arrêt, la piste continuait à remonter le cours de la North Platte, puis empruntait la vallée de la rivière Sweetwater qu'il fallait traverser neuf fois avant de quitter sa vallée. Les voyageurs franchissaient ensuite la Continental Divide au niveau du col de South Pass. Après South Pass, la piste suivait la rivière Big Sandy Creek pour rejoindre la Green River. Les migrants devaient la traverser. Un service de ferrys était à la disposition des voyageurs pour effectuer cette traversée. Ensuite, la piste prenait la direction sud-ouest jusqu'à Fort Bridger, un autre comptoir destiné aussi à la traite de la fourrure, puis tournait plein nord et suivait la vallée de la Little Muddy Creek. Les voyageurs franchissaient alors les montagnes de la Bear River et basculaient dans la vallée de la Bear River.

Idaho La piste ensuite suivait la vallée de la Bear River jusqu'à Soda Springs et franchissait l'actuel frontière Wyoming-Idaho. Tandis que la Bear River bifurque vers le sud, les voyageurs poursuivaient leur chemin vers le nord-ouest, empruntant la vallée de la rivière Portneuf pour rejoindre Fort Hall sur les bords de la rivière Snake. La route de Fort Bridger à Fort Hall mesurait 340 km de long et nécessitait de 9 à 12 jours de voyage. Fort Hall était un vieux comptoir pour la traite de la fourrure appartenant à la compagnie britannique de la Baie de l'Hudson. Les voyageurs pouvaient y trouver aide et secours, mais l'endroit était infesté de moustiques. Les voyageurs suivaient ensuite la rivière Snake, dont les eaux coulent à travers une large plaine, en direction de l'ouest.

Oregon Les voyageurs quittaient la plaine de la Snake River pour voyager à travers l'actuel État de l'Oregon. Tout d'abord, ils remontaient le canyon de la rivière Burnt, puis ils franchissaient les Montagnes Bleues pour rejoindre la vallée de La Grande. En 1843, des colons avaient tracé une piste dans ces montagnes, afin de permettre aux fourgons de pouvoir les franchir. Arrivés sur les rives du fleuve Columbia, à Fort Walla Walla, certains construisaient des radeaux et descendaient le fleuve, tandis que d'autres poursuivaient leur route en fourgon jusqu'à The Dalles. Arrivés à cet endroit, les pionniers étaient bloqués par la chaine des Cascades et le mont Hood. Ils devaient descendre le fleuve Columbia en bateau. Le cours de la rivière à travers la chaîne des Cascades comportait de nombreux rapides et certains passages devaient être effectués en portage sur la rive. Au sortir des rapides, les pionniers arrivaient enfin à destination à Oregon City, située dans la vallée de la Willamette.

 

La piste de Santa-Fe

La piste de Santa Fe est parcourue dès le début du XIXe siècle par des liaisons régulières sur 1 000 km. À Santa Fe, les Américains vendent des armes et de la pacotille ; ils remportent avec eux des peaux de bisons achetées aux commancheros et des blocs d'argent de l'Arizona. En 1858, les lignes de diligences assurent des liaisons régulières entre San Francisco et Saint-Louis.

La piste de Santa Fe est une piste américaine historique du XIXe siècle à travers le sud-ouest de l'Amérique du Nord reliant le Missouri à Santa Fe au Nouveau-Mexique. Empruntée la première fois en 1821 par William Becknell, elle servit comme une importante voie commerciale et militaire jusqu'à l'arrivée de la voie ferrée à Santa Fe en 1880. Au départ route pour le commerce international entre les États-Unis et le Mexique, elle servit pour l'invasion américaine de 1846 du Nouveau-Mexique durant la guerre américano-mexicaine. Après l'acquisition par les États-Unis du Sud-Ouest de l'Amérique du Nord, la route aida à ouvrir la région au développement et à la colonisation, jouant un rôle vital dans l'expansion américaine sur les territoires nouvellement acquis. La route est célébrée aujourd'hui par le National Park Service comme la Santa Fe National Historic Trail. Une autoroute qui suit à peu près le tracé de l'ancienne voie à travers le Colorado et le nord du Nouveau-Mexique est appelé la Santa Fe Trail National Scenic Byway.

Le point oriental de la piste se situe dans le centre du Missouri, dans la ville de Franklin, au nord de la rivière Missouri. À l'ouest de Garden City dans le Kansas, la piste se sépare en deux. La route de la montagne (la plus longue) passe par le col de Raton. L'autre route est le Raccourci de Cimarron qui coupe à travers le désert de Cimarron. Ce dernier parcours était plus dangereux

Entre 1840 et 1860, 360 000 personnes se lancent sur les pistes du Far West. Les colons n'étaient pas des miséreux : il s'agissait pour la plupart d'agriculteurs américains disposant d'un capital de départ. Depuis les Etats du Mississippi et du Missouri, les pionniers forment des convois de chariots en suivant la piste de Salt Lake City, de l'Oregon ou celle de Santa-Fé.

Dès 1846, les Mormons s'installent près du Grand Lac Salé et bâtissent Salt Lake City, dans l'Utah.

 

Après la guerre civile, la conquête de l’Ouest reprend de plus belle, stimulée par l’Homestead Act voté en 1862, qui facilite l’octroi de titres de propriété aux fermiers, et par l’expansion des chemins de fer. La colonisation gagne les Grandes Plaines jusqu’alors délaissées et les troupeaux de bisons laissent la place à l’élevage de bétail. Les villes créées en un temps record voient prospérer la criminalité avant que la loi ne soit instaurée et la pression morale des communautés ne la fasse reculer. L’autorité du gouvernement s’étend et se renforce, d’autant que le rôle de l’armée devient prépondérant face à la résistance des peuples autochtones. L’expansion des « blancs » se poursuit en effet sans égard pour les tribus ; celles-ci n’acceptent que sous la contrainte l’installation de colons sur leurs terres ancestrales et l’exploitation sans retenue des ressources naturelles. Les guerres indiennes s’intensifient à partir des années 1860, mais la pression militaire et colonisatrice est trop forte. À la fin du siècle, les tribus amérindiennes rebelles ont été vaincues et reléguées dans des réserves, l’essentiel des terres a été colonisé. Les États-Unis sont désormais une puissance industrielle et mondiale, et la conquête de l’Ouest est terminée, mais elle demeure fermement ancrée dans la culture, l’imaginaire et le folklore américains.

A mesure que les prospecteurs et les pionniers prennent possession des terres de l'Ouest, les Indiens sont peu à peu chassés de leurs territoires. En 1830, le gouvernement avait donné les grandes plaines désolées de l'Oklahoma aux Indiens, déclarées sans intérêt, laissant ainsi le champ libre aux colons. Mais en 1887, le gouvernement décide de réduire l'espace de terrain accordé à chaque chef de famille indienne. La quasi totalité de l'Oklahoma est alors divisé en parsel et une course est organisée pour le partage des terres libres, attirant des milliers de colons, où les premiers arrivés sont les premiers servis. C'est le 22 avril 1889 que le départ de la course la plus folle de l'histoire des Etats-Unis est donnée.

1889 Oklahoma La ruée vers l'Ouest Anthony Mann 1960

 

    La Piste des géants Raoul Walsh  

La lutte pour le Sud-Ouest : Installés dans le Texas mexicain depuis 1820, des colons américains se révoltent 15 ans plus tard en demandant l’indépendance de leur territoire. Le Mexique refuse et envoie son armée « rétablir son autorité », avec notamment le massacre de Fort Alamo. En 1845 les révoltés rejoignent les États-Unis et une guerre américano-mexicaine fait alors rage, gagnée par les Américains dont le territoire s’étend alors jusqu'au Pacifique.

1836 Texas Alamo John Wayne 1960

3/ Géographie, diligence, chemin de fer et Poney express

Le Far West comprend les États situés à l'ouest du fleuve Mississippi, territoire gigantesque aux milieux naturels variés, le plus souvent marqués par l'aridité et constitué de 13 États américains actuels : Alaska, Arizona, Californie, Colorado, Hawaii, Idaho, Montana, Nouveau-Mexique, Nevada, Oregon, Utah, Washington et Wyoming.

La géographie physique de l'Ouest américain s'organise en grandes bandes méridiennes, que l'on peut décrire rapidement d'est en ouest :

 

4/ La révolution des transports

Les communications et les transports d’un bout à l’autre du pays posent d’énormes problèmes logistiques qui sont finalement surmontés par le télégraphe en 1861 et la première ligne de chemin de fer transcontinentale en 1869.

Les diligences, conçues pour affronter les ornières, escalader les déserts et traverser les montagnes (modèle Concord), sont le moyen le plus rapide pour transporter passagers et marchandises dans l’Ouest. La compagnie de diligences la plus célèbre était la Wells, Fargo and Co qui transportait régulièrement des cargaisons de valeur dans ses coffres-forts. Les attaques de diligences évoquées dans les œuvres de Remington ou Norman Rockwell dans l’exposition sont cependant rares car les routes empruntées passaient au large des territoires hostiles.


Les pistes sont progressivement abandonnées avec le développement des liaisons ferroviaires, surtout après l'achèvement du premier chemin de fer transcontinental. Le Congrès vote le projet et le président Lincoln le ratifie le 1er juillet 1862. La compagnie de Union Pacific (UP) venant de l’est et celle de la Central Pacific (CP) se rejoignent à Promontory Point en Utah le 10 mai 1869.

Surnommé « cheval de fer » par les Indiens, le train accélère le développement et le changement de l’Ouest et supprime la connotation aventurière du voyage : le territoire passe dans l'ère des transports modernes.

Dans Le cheval de Fer de John Ford, Davy Brandon rejoint l'Union Pacific en tant qu'ingenieur en 1862 et retrouve l'assassin de son père à Promontory Point en Utah le 10 mai 1869.

Les pionniers de la Western Union Fritz Lang U.S.A. 1941
Pacific express Cecil B. De Mille U.S.A. 1939
Le cheval de Fer John Ford U.S.A. 1924

La maîtrise du territoire américain passe aussi par la mise en place du Pony Express, le premier service postal qui allait du Missouri à la côte ouest (1860-1861). Le courrier était alors acheminé à dos de cheval et une chaîne de 190 relais fournissait chevaux et cavaliers frais pour diligenter la sacoche de courrier. Mais en 1861, le télégraphe transcontinental permet une liaison instantanée entre les deux extrêmités du pays et le Pony Express disparaît.

5/ Chronologie

1775-1783 Guerre d’Indépendance des États-Unis
1789 Élection de George Washington, premier président des États-Unis
1801 Élection de Thomas Jefferson
1803 Achat de la Louisiane à la France
1803-1806 Expédition de Lewis et Clark dans les territoires du Nord-Ouest
1812 Ouverture de la Piste de l’Oregon grâce au passage de South Pass
1816-1818 Première guerre séminole et annexion de la Floride l’année suivante
1832 Guerre du Northwest (Black Hawk)
1835 Invention du revolver par Samuel Colt
1835-1842 Deuxième guerre séminole
1841 Création de la Piste de Californie
1843 Premier départ d’un convoi de pionniers pour l’Oregon
1845 Entrée du Texas dans l’Union
1846-1848 Guerre contre le Mexique
1848 Découverte de l’or en Californie
1857-1916 Publication du Harper’s Weekly
1860 Départ du service de distribution du courrier Pony Express
1860-1875 Extermination des bisons
1861-1865 Guerre de Sécession
1864-1867 Guerre contre les Sioux, les Cheyennes et les Arapahos
1864 Don par Abraham Lincoln à l’état de Californie de la Yosemite Valley qui deviendra un parc naturel en 1890
1865 Assassinat de Lincoln
1869 Union Pacific et Central Pacific se rencontrent : achèvement du premier transcontinental
1870 Début des travaux d’un second transcontinental
1872 Création du premier parc naturel, le Yellowstone National Park
1875-1876 Guerre contre les Dakotas pour les Black Hills. Sitting Bull et les Sioux battent le général Custer à Little Big Horn.
1883 Premier rodéo dans le Texas
1885 Geronimo se rend. Fin des guerres indiennes
Première représentation du Buffalo Bill’s Wild West Show
1890 Wounded Knee : écrasement de la révolte des Sioux
1903 Edwin S. Porter réalise Le Vol du rapide (The Great Train Robbery), un des premiers westerns
1917 Mort de Buffalo Bill. Entrée en guerre des États-Unis
1924 La citoyenneté est accordée aux Indiens d’Amérique du nord
1934 Indian Reorganization Act : l’état fédéral met fin au processus de parcellisation des terres indiennes et reconnaît aux tribus indiennes le droit à l’autonomie
1968 Naissance de l’American Indian Movement

 

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