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Le retour des trois soûlards

1968

(Kaette kita yopparai). Avec : Kazuhiko Kato (O-noppo 'The big one'), Norihiko Hashida (Chibi, 'The smallest one'), Osamu Kitayama (Chu-noppo 'the small one'), Kei Sato (le soldat coréen), Mako Midori (Nechan, 'the Beautiful'). 1h20.

dvd chez Carlotta Films

A la fin de leur année scolaire, trois jeunes garçons vêtus de leur uniforme de lycéens savourent leurs vacances et s'en vont sur une plage où ils se déshabillent pour aller se baigner. Au milieu du tas de vêtements, une main sort du sable pour les subtiliser et les remplacer par d'autres. Les deux voleurs de vêtements sont deux immigrés clandestins coréens fraîchement débarqués et recherchés par la police. Il y a un caporal (Kei Sato) qui est un déserteur refusant de servir auprès de l'armée américaine au Viêt-Nam, accompagné d'un lycéen coréen voulant s'inscrire à l'université au Japon. Ils savent qu'avec ce costume, ils ne seront plus embêtés par les contrôles de police. En revanche, le cauchemar commence pour les lycéens désormais en tenue coréenne. Ils ont beau dire qu'ils sont japonais, personne ne les croit. Ils imaginent alors le pire : arrestation par la police, renvoi en Corée au port de Pusan, réintégration dans leur caserne et envoi au Vietnam où ils sont accueillis par un militaire américain.

Le retour des trois soûlards entraîne le cinéma d'Oshima sur la voie du burlesque, tout en explorant, dans le droite lignée d'À propos des chansons paillardes au Japon, la culture populaire et l'imaginaire collectif du Japon d'après-guerre. Mais cette fable identitaire assume également les enjeux sociopolitiques de l'époque : le sort que le Japon réserve à ses résidents coréens, ou son rôle " pacifique" dans le conflit vietnamien. Nouvel outrage à la bienséance cinématographique, Le Retour des trois soûlards fut d'ailleurs l'occasion d'une nouvelle rupture entre Oshima et la Shochiku.

Comédie burlesque de nature politique, le film est tourné juste après La pendaison. Il prend parti contre l'engagement américain au Viêt-Nam et se centre sur l'immigration clandestine des coréens, le refoulé de l'âme japonaise.

Le titre peut induire en erreur. Le film n'a rien d'une farce militaire. Ils sont trois lycéens mais ce ne sont pas des soûlards.

Le costume fait-il le Japonais? Suffit-il de porter un kimono, une tenue de samouraï pour être japonais?

Dans La cérémonie, Oshima avait déjà attaqué le force inhumaine du protocole qui peut exister sans les corps supposés le nourrir, incapable par leur absence d'y mettre fin puisque le mariage avait lieu sans la présence de la mariée.


Ce cinquième film distribué par la Shochiku qui le déteste film marque la fin de l'accord de distribution entre les deux compagnies. Oshima se tourne vers la nouvelle compagnie de distribution l'Art Theatre Guild qui vient de distribuer La pendaison.

critique du DVD
Editeur : Carlotta-Films. Mars 2009. Nouveau master restauré, version originale, sous-titres français. Format 2.35.
critique du DVD

Suppléments:

  • L’au-delà des interdits (25 mn) un film-analyse de Jean Douchet.
  • Bande-annonce.
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