Alors que le gouvernement japonais vient de rétablir le « jour de la fondation de l’Empire », abrogé après-guerre pour ses connotations nationalistes, Nakamura, Ueda, Maruyama et Hiroi passent à Tokyo leurs examens d’entrée aux grandes universités. Tous pourtant ne pensent qu’à une chose : le sexe. Ils partent ainsi à la recherche d’une jeune fille dont ils ne connaissent que le numéro d’examen. Mais ils croisent le chemin d’un professeur d’université, Otake, qui les initie bientôt aux secrets des chants paillards…
Chansons paillardes contre chants militaires : Oshima visite la culture populaire et orale du Japon pour appeler à l'insurrection. Fausse comédie musicale mais vrai film politique, À propos des chansons paillardes au Japon inaugure dans la filmographie d'Oshima une veine irréaliste dont la mise en scène, toujours plus audacieuse, explore les méandres de l'imaginaire et du désir.
Oshima réalise six films entre 1959 et 1962, puis à partir des Plaisirs de la chair, treize films entre 1965 et 1972. Apres la rupture avec la Shochiku en 1960 pour la distribution de Nuit et brouillard au japon, il fonde la Sozosha, "société de création", avec Tsutomu Tamura, l'auteur du scénario de L'obsédé en plein jour. Fondée en 1961, la Sozosha n'est opérationnelle qu'en 1965. Entre 1962 et 1965, Oshima travaille pour la télévision et voyage en Corée du sud et au Viêt-Nam. Le personnage de la jeune coréenne Kaneda et le dialogue dans l'amphithéâtre à la fin rappellent la place de la Corée dans l'histoire du Japon.
Le titre repris est du livre de Tomomichi Soeda et semble annoncer un film proche d'un traité d'ethnologie. On n'y entend pourtant qu'une seule chanson paillarde, celle entonnée au début par le professeur ivre : "Un : pour coucher avec une fille unique, il faut l'autorisation des parents, Deux : pour coucher avec deux surs, il faut d'abord baiser l'aînée...". La sexualité omniprésente occupe pourtant tous les esprits et la chanson, reprise sur plusieurs modes, en sera comme le leitmotiv alors, qu'au résultat, la sexualité sera très pauvre. La sexualité n'a ici donc rien à voir avec les actes violents de l'obsédé même si les lycéens sont aussi des obsèdes en plein jour.
Le film fait aussi entendre une chanson nationaliste : "Comme des arbres et l'herbe pliant sous le vent, nous saluons respectueusement l'empereur et son règne" . Car la dimension politique est ici très forte. Le gouvernement japonais vient de rétablir le " jour de la fondation de l'Empire ", abrogé après-guerre pour ses connotations nationalistes. Le 11 février 1967 est ainsi ré-institué fête nationale, tradition interrompue depuis la défaite en 1945. Oshima est affligé par ce nationalisme alors que la jeunesse manifeste contre la présence américaine au Viêt-Nam. Au générique un cercle noir d'une cigarette vient embraser un tissu rouge et, lors du défilé, Oshima obscurci le drapeau japonais, le transformant en cercle noir : difficile d'y lire autre chose qu'un appelle à mettre le feu au pays.
Probablement que l'exigence politique est plus forte que la force libératrice et insurrectionnelle de la sexualité telle que la pense Imamura. Les séquences entre Nakamura et la maîtresse du professeur devant un cercueil ou la séquence imaginaire du viol d'une lycéenne derrière le bureau du professeur pendant l'épreuve figurent la dimension funèbre de la sexualité.
Oshima voulait filmer l'homme en entier en filmant ses actes et en figurant ses pensées. Dans sa note d'intention, il déclare tourner sans scénario préétabli. Il se contente au début du tournage d'un court texte qui esquisse les images fondamentales et explique le comportement des personnages.
Le scénario doit se construire en tournant. Tous des comédiens même Nakamura interprété par chanteur très populaire à l'époque sont des amateurs.