Singapour, 1971. Officiellement, Jack Flowers travaille pour un armateur chinois auquel il ramène quelques clients occidentaux. Mais, il rêve de devenir riche en ouvrant une maison close. Les femmes apprécient sa gentillesse mais la maffia locale tolère à peine l'argent qui se procure en prostituant occasionnellement des femmes dans des maisons dont il a charmé les propriétaires. Le comptable de l'armateur étant tombé malade, c'est un européens que sa maison mère lui envoie pour boucler ses comptes. Pour aller le chercher à l'aéroport, Jack négocie à grand peine un aller en bus et un retour en taxi auprès de son patron qui ne l'apprécie guère. Jack accueille ainsi Denholm Elliott à l'aéroport, un comptable sans grande envergure pressé de prendre sa retraite tellement il se sent fatigué. Jack apprécie pourtant rapidement l'honnêteté de Denholm qui préférerait faire du squash pour se maintenir en forme plutôt que de courir les prostitués comme le font habituelles les occidentaux. Ils passent ainsi une bonne soirée accompagnant un client pour une passe rapide dans une maison dont Jack s'est fait une amie de la propriétaire. Mais, en sortant, Jack et Denholm sont coursés par deux maffieux chinois; ce qui scelle leur amitié.
Le lendemain, Jack croise la belle Monika, une sri-lankaise, qui se prostitue auprès de riches clients et qui remarque immédiatement son charme. Dans la journée, un jeune serviteur de l'hôtel où Jack a ses quartiers est intentionnellement écrasé pour l'intimider. Jack séduit néanmoins Monika qui avait accepté de travailler pour lui et dont il fait sa maitresse. En deux jours, Denholm a bouclé les comptes qui demandaient habituellement huit jours mais fait l'objet de la même méfiance de l'armateur qui recompte scrupuleusement au boulier ses calculs. Jack et Denholm promettent de se revoir l'an prochain... Si jack n'est pas mort assassiné et Denholm affaibli par son cœur malade;
L'année d'après, Denholm est stupéfait de constater la réussite de Jack à la tête de la plus luxueuse des maisons closes de Singapour. Jack est resté pourtant le même amical, aimé de Monika et même attentif à la visite d'Eddie Schuman. Mais la pègre chinoise, qui détient le monopole de cette activité, dévaste son établissement.
Jack est alors contacté par Eddie Schuman, envoyé de l’armée américaine qui lui demande de prendre la direction des "Jardins du Paradis", une maison de plaisirs pour les permissionnaires du Viêt-Nam. Jack connait alors une nouvelle période de prospérité à laquelle le désengagement américain au Viet-Nam met fin. Eddie Schuman lui propose alors de se refaire en tendant un piège à un envoyé du congrès chargé d'une misison de paix et que l'armée veut faire tomber. Il s'agira de prendre des photos d'une relation homosexuelle tarifée avec un jeune prostitué. Jack, dégouté de lui-même, laisse partir Monika aux USA et tend le piège demandé au diplomate. Il prend les photos. Mais le matin, au lieu d'aller les livrer à son commanditaire, il jette les photos compromettantes dans la rivière.
Pour Saint Jack (le titre français, Jack le magnifique ne s'est pas imposé), Peter Bogdanovich revient au type de production plus mesurée qui lui avait réussi à ses débuts. Sans vedette internationale, avec un budget restreint, une équipe réduite et un tournage en extérieur, il dépeint un Singapour magnifié par la photographie de Robby Müller. Une ville mystérieuse, avec ses rues grouillantes où déambule Jack Flowers, proxénète incarné par Ben Gazzara, l'acteur favori de John Cassavetes.
Peter Bogdanovich, interprète du "sale type" dans le film, ne signe pas un film à thèse : Saint Jack révèle une ambiguïté, une dualité, qui permettent, selon l’éclairage, une vision positive ou négative. Quelques années après la guerre du Viêt-Nam, de nombreuses accusations sont dirigées contre le gouvernement américain, dont le parrainage de maisons de plaisir à l’usage des soldats en permission.