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La barbe à papa

1973

Genre: Road-movie

(Paper Moon). Avec : Ryan O’Neal (Moses Pray), Tatum O’Neal (Addie Loggins), Madeline Kahn (Trixie Delight), John Hillerman (Jess Hardin), P.J. Johnson (Imogene), Jessie Lee Fulton (Miss Ollie), Jim Harrell (le pasteur) . 1h42.

Lors des obsèques d’une de ses anciennes conquêtes, Moses Pray, un escroc qui vend à prix d’or des Bibles à des veuves éplorées, fait la connaissance de la fillette de la défunte, Addie, 9 ans, dont il est peut-être le père. Chargé de conduire l’orpheline chez sa tante dans le Missouri, il s’aperçoit très vite que l'enfant a de merveilleuses dispositions pour le seconder. En équipe, ils escroquent de quoi vivre aux fermiers du Kansas et du Missouri …

Tiré du livre Addie Pray de Joe David Brown, La barbe à papa se déroule dans le sud des États-Unis, dans les années 1930movie, à l’époque de la Grande Dépression et de la prohibition. À travers la relation d’un père et de sa fille présumée, Peter Bogdanovich dresse un portrait d’une Amérique rongée par la misère.

La complicité du duo à l’écran n’est pas le fruit du hasard : Ryan O’Neal, qui interprète Moses, est le père de Tatum, la petite comédienne. Plus jeune actrice oscarisée à ce jour, Tatum O’Neal interprète le rôle d’une enfant volontaire et débrouillarde qui n’est pas sans rappeler Le Kid de Chaplin. Bogdanovich décrit les liens qui s’établissent entre un enfant et un adulte. « Le fond du problème traite de façon cynique les rapports entre Moses et cette enfant de 9 ans. C’est l’histoire de deux personnes qui s’exploitent mutuellement, se servent l’une de l’autre et finissent par ne plus pouvoir se passer l’une de l’autre. Mon intention était de faire de ce film une histoire qui en aucun cas n’adoucirait ou n’amoindrirait les comportements premiers de deux personnages principaux. » (Peter Bogdanovich)

L'auteur, nourri d’un cinéma américain qu’il admire, rend hommage aux Raisins de la colère de John Ford. À une époque où les films, dans leur majorité, sont présentés en couleurs, il tourne en noir & blanc, afin de supprimer la douceur de l’histoire et lui donner un aspect plus dur et plus cru. Il ne pouvait pas imaginer cette Amérique des années 1930 autrement qu’en noir & blanc. Dans ce road-movie touchant, Bogdanovich soigne chaque image, du visage en gros plan jusqu’au plus petit détail dans le lointain. Il montre une Amérique constituée de routes infinies, de paysages désolés, de villages oubliés, où survivent des laissés-pour-compte. Un cadre qui contraste avec l’énergie contagieuse du père et de sa "fille".

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