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(1834-1903)
Post-impressionniste

S’étant détourné du réalisme pour élaborer un style personnel et symboliste, aux tendances décoratives et japonisantes, Whistler transforme, grâce au mystère de la brume et au caractère feutré de la nuit, le paysage industriel moderne de Londres en une vision poétique conforme à l’esthétique du "beau" qu’il développait au long de sa conférence du Ten O’Clock en 1885, traduite en langue française dès 1888 par Mallarmé.

Symphonie en blanc n°1: la femme en blanc 1861 Washington, National gallery of art
Pourpe et Rose : Le Lange Leizen du Six Marks 1864 Philadelphie, Museum of art
La princesse du pays de la porcelaine 1864 Washington, N. M. of Asian Art
Caprice en violet et or : le paravent doré 1864 Washington, N. M. of Asian Art
Variations de couleur chair et vert : le balcon 1870 Washington, N. M. of Asian Art
Nocturne en bleu et argent - Chelsea 1871 Boston, Museum of fine art
Nocturne en bleu et argent 1875 New Haven, Yale Center for British Art
Nocturne en bleu et or, le vieux pont de Battersea 1875 Boston, Museum of fine art
Nocturne en noir et or : la fusée qui retombe 1875 Detroit, The Detroit Institute of Arts
Nocturne en bleu et argent : la lagune, Venise 1880 Boston, Museum of Fine Arts

James Abbott McNeill Whistler est nait le 11 juillet 1834 à Lowell, dans le Massachusetts, au nord-est des États-Unis. Son père s'appelle George Washington Whistler et sa mère Anna Matilda McNeill.

En 1842, son père, ingénieur, est employé au chemin de fer à Saint-Pétersbourg, dans l'empire russe. Là, le jeune Whistler s'inscrit à l'Académie impériale des beaux-arts et apprend le français. Le jeune garçon s'installe à Londres en 1848, mais après la mort de son père en 1849, Whistler et sa mère reviennent à Pomfret, dans le Connecticut. Il entre à l'école locale pour ensuite s'inscrire en 1851 à l'Académie militaire de West Point, où son père avait autrefois appris le dessin et la cartographie. Il échoue à l'examen de chimie, comme il s'est lui-même exprimé plus tard : « Si le silicium avait été un gaz, j'aurais été un jour général. » Il en est renvoyé en 1854.

En 1855, il part étudier la peinture à Paris, après avoir hérité d'une petite somme d'argent. En 1856, il s'inscrit à l'atelier de Charles Gleyre, alors atelier le plus célèbre après celui de Thomas Couture, où il côtoie George du Maurier. D'autres élèves préparent le concours d'entrée à l'École des beaux-arts : Monet, Renoir, Sisley et Bazille. Volontiers plus dandy que bohème, il fait l'objet de caricatures. George du Maurier le dépeint dans son roman Trilby (1894) sous les traits de Joe Sibley. Whistler menace son ancien ami de lui faire un procès. Il se lie d'amitié avec Alphonse Legros et Henri Fantin-Latour. Ils décident de faire carrière et fondent la Société des Trois. A l'automne 1858, il fait la connaissance de Gustave Courbet.

En 1859, il arrive à Londres où il passe une longue partie de sa vie. Il se présente comme un aristocrate sudiste ruiné, bien que sa sympathie envers les sudistes pendant la Guerre civile américaine ne soit pas démontrée.

1860 : Décembre : peint La Tamise gelée, sa première toile de la Tamise dans le brouillard.

1862 : Janvier : ses gravures de la Tamise sont exposées à la galerie Martinet à Paris; Baudelaire en fait l’éloge

En 1863, Napoléon III fait ouvrir le Salon des Refusés dans un coin du Palais de l'Industrie. Deux tableaux font sensation : Le Déjeuner sur l'herbe de Manet et La Dame en blanc de Whistler, œuvre refusée l'année précédente à la Royal Academy de Londres.

En mars 1863, il emménage au 7 Lindsey Row à Chelsea, face à la Tamise, entre Tudor House et la dernière demeure de Turner au 6, Davis Place, Cremorne Road; ses fenêtres donnaient sur la Tamise, face à la rive de Battersea. Se promenant à la nuit tombante sur le fleuve, comme son prédécesseur, il restituait de mémoire et d’imagination les délicates variations atmosphériques dans ses Clairs de lune auxquels, à partir de 1872, il donna le titre musical et plus évocateur de Nocturnes ; leur facture fluide rappelle la manière des aquarellistes anglais, notamment celle de Turner. Il est probable que Monet put voir ces toiles dans l’atelier londonien de Whistler avant leur exposition en 1873 à Paris chez Durand-Ruel.

Découvrant Vélasquez et la peinture espagnole introduite au Louvre par Louis-Philippe, il part pour Madrid afin d'admirer l'œuvre du maître, mais le voyage s'interrompt à Guéthary. Cependant, Vélasquez l'influencera dans nombre de portraits comme Arrangement en noir (1884), son Autoportrait en brun et or (1896), ou dans Arrangement noir et or, le comte Robert de Montesquiou (1891-1892, The Frick Collection, New York).

En 1866, Whistler participe à un trafic d'armes au cours de la guerre entre l'Espagne et le Chili.
Whistler s'intéresse également à la peinture extrême-orientale et collectionne les porcelaines et les tissus orientaux ou, comme Dante Gabriel Rossetti, les bois gravés servant à imprimer les tissus.

1867 : Février : emménage au 2 Lindsey Row à Chelsea. Printemps : expose à Londres, à la Royal Academy et, à Paris, au Salon et à l’Exposition universelle.

En 1870, Whistler peint les portraits en pied de l'armateur anglais Frederick Leyland6 et de sa femme. Leyland lui a, par la suite, commandé la décoration de sa salle à manger. Le résultat est Harmonie en bleu et or : la chambre du paon (Freer Gallery of Art à Washington). La pièce est conçue et peinte dans une riche palette de verts-bleus brillants rehaussée à la feuille d'or. Elle est considérée comme un exemple du « style anglo-japonais ». La peinture est inspirée de la porcelaine bleue et blanche copiée du catalogue de Monsieur Henry Thompson et des porcelaines que Leyland avait rassemblées. Le travail terminé, l'artiste et le commanditaire se disputent si violemment sur le montant des honoraires réclamés pour ce travail que leur relation s’arrête là. Whistler réussit cependant à pénétrer une nouvelle fois dans la pièce et peint deux paons se battant, cette scène est censée représenter l'artiste et son commanditaire : l'un tient un pinceau et l'autre un sac d'argent…La pièce entière sera achetée plus tard par l'industriel et esthète Charles Lang Freer, qui y installera une collection d'œuvres de Whistler. Les courriers publiés entre Charles Lang Freer et Whistler révèlent l'intérêt de ce dernier à rassembler son travail aux États-Unis.

1871 : Commence à peindre une série de vues nocturnes du fleuve, qu’il intitule Clairs de lune. Printemps : publie les seize eaux-fortes de la Suite de la Tamise. Automne : expose à Londres ses premières vues nocturnes de la Tamise, à la Dudley Gallery. Nocturne en bleu et argent - Chelsea

1872 : Accueille avec enthousiasme la suggestion d’un ami, qui lui conseille de donner à ses Clairs de lune le titre de Nocturnes. Nocturne en bleu et argent, Nocturne : Blue and Gold, Old Battersea Bridge ,

1873 : Décline l’offre de Degas de participer à la première exposition de la Société anonyme (la première exposition impressionniste).

1877 : Mai : expose plusieurs tableaux dont Nocturne en noir et or : la fusée qui retombe à la Grosvenor Gallery ; la critique de Ruskin, dans Fors Clavigera, l’incite à poursuivre celui-ci en diffamation.

En 1878, Whistler poursuit en justice pour diffamation le critique John Ruskin après que celui-ci a condamné sa peinture Nocturne in Black and Gold : The Falling Rocket (1874). Au procès, l'avocat de Ruskin croise Whistler et lui dit : « Combien de temps vous a-t-il fallu pour peindre Nocturne in Black and Gold ?, « Une demi-journée », répond Whistler, « Ainsi », continue l'avocat, « vous facturez deux cents guinées le travail d'une demi-journée ? », « Non, mais pour l'expérience d'une vie ! », répondit Whistler. Whistler eut une indemnisation symbolique, mais le procès lui avait coûté mille livres, plus les dépenses. Cette somme, et les dettes énormes contractées pour construire sa résidence, « la Maison Blanche »10, dans la rue Tite à Chelsea, l'acculent à la faillite. En 1879, il est obligé de vendre ses biens. En septembre, il : se rend à Venise, où il reste jusqu’en novembre 1880.


1880 : Décembre : exposition des eaux-fortes de Venise à la Fine Art Society, à Londres. Nocturne en bleu et argent : la lagune, Venise. Décès de sa mère

1881 : Janvier : exposition des pastels de Venise à la Fine Art Society.

1883 : Printemps : le portrait de sa mère remporte la médaille de troisième classe au Salon de Paris; exposition à la galerie Georges Petit à Paris.

1885 : 10 février : donne pour la première fois sa conférence Ten O’Clock à Londres.

1887 : Mai : expose avec Monet et d’autres artistes à l’Exposition internationale de la galerie Georges Petit, à Paris; invite Monet à exposer à la Society of British Artists.

1888 : Janvier : Monet présente Whistler au poète Stéphane Mallarmé. Mai : publication de la traduction par Mallarmé de la conférence Ten O’Clock dans la Revue indépendante. Le 11 août,il : épouse Beatrice Godwin, veuve de l’architecte E.W. Godwin. Les cinq ans de leur mariage sont très heureux, mais Beatrix est emportée par un cancer.

1889 : Automne : nommé chevalier de la Légion d’honneur.

1890 : Juin : publication de l’ensemble de ses écrits sous le titre The Gentle Art of Making Enemies.

1891 : Novembre : grâce à l’intervention de Mallarmé et d’autres personnalités, l’État français le Portrait de la mère de l’artiste pour le musée du Luxembourg (il est conservé aujourd’hui au musée d’Orsay)

1892 : Janvier : promu officier de la Légion d’honneur. Mars : grande exposition rétrospective à Londres à la Goupil Gallery. Avril : quitte Londres et s’installe à Paris dans l'atelier d'Antonio de La Gandara au 110, rue du Bac pour terminer son portrait en cours du comte Robert de Montesquiou. Pour le remercier, Whistler lui offre un meuble palette identique au sien.


1896 : Janvier-mars : séjourne au Savoy Hotel à Londres, avec sa femme ; exécute des lithographies des vues de sa fenêtre. 10 mai : mort de Beatrice.

Whistler meurt le 17 juillet 1903 et est enterré à l'église St Nicholas dans le quartier de Chiswick, à Londres.

Dès 1905, grandes rétrospectives Whistler à l’International Society of Sculptors, Painters and Gravers, à Londres et à l’École des Beaux-Arts, à Paris. Il est le modèle d'un personnage important d'À la recherche du temps perdu de Marcel Proust : le peintre Elstir.

 

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