Ce sujet qui illustre l’un des épisodes de l’histoire de Persée, vainqueur des Gorgones, et qui exalte à la fois les vertus de courage, d’honneur et de sens du devoir correspond aux thèmes à portée édifiante qui domineront la peinture d’histoire des premières années du XVIIIe siècle. La composition théâtrale se développe avec emphase dans un cadre palatial, l’œuvre colorée, bruyante confirme le talent de Nattier qui a su créer un rythme particulièrement fort tout en utilisant un vocabulaire enseigné par l’Académie. Au centre de l’œuvre Persée et Minerve dominent, dans une sorte de calme assurance, le chaos extrême qui règne au premier plan. La sévérité, l’horreur même du sujet est ici tempérée par une exécution brillante qui retient toute l’attention. Pièces d’orfèvrerie, casques empanachés, cuirasses étincelantes, fourrure, velours sont représentés avec brio et avec un bonheur que l’on retrouvera sur bien des portraits de Nattier.
Jean-Marc Nattier aurait pu s’inspirer d’une œuvre de même sujet réalisée par Sebastiano Ricci (Los Angeles, musée J. Paul Getty) dans les premières années du XVIIIe siècle. La présence de Ricci à Paris est attestée en 1712 et 1717 puis encore en 1718 année où Ricci est admis à l’Académie Royale. Il est probable que les deux artistes se sont côtoyés au sein même de l’Académie, le Persée pétrifiant Phinée de Ricci offre assez de points communs avec le morceau de réception de Nattier pour imaginer qu’il ait pu constituer une source d’inspiration.