Les tableaux relatant les histoires de Virginie et Lucrèce ont été peints pour être montrés en vis à vis. Botticelli oppose des environnements architecturaux extérieur et intérieur. Le rapprochement entre ces deux martyres de la liberté provient sans doute de la lecture de Tite-Live qui a raconté ces deux tragiques destins dans son Histoire romaine.
Vers 450 avant Jésus-Christ, le Décemvir Appius Claudius tente de séduire Virginie, la très belle fille du centurion Virginius, parti avec l'armée romaine sur le mont Algide.
Appius Claudius demande à l'un de ses clients, Marcus Claudius, de prétendre que la mère de la jeune fille était l'une de ses anciennes esclaves et de réclamer la propriété de cette dernière. Icilius, le fiancé de la jeune fille, et Numitorius, son oncle, protègent Virginie en attendant le retour de son père. Virginius rentre précipitamment à Rome malgré les messages envoyés par Appius aux chefs de l'armée leur demandant de retenir le centurion.
Virginius accompagne sa fille, vêtue d'une robe vert bronze à reflets d'or, des cothures rouges et un manteau à manches rouges, sur le Forum pour écouter le jugement d'Appius. Celui-ci indique que l'esclave doit être rendue à son propriétaire. Virginius, ne pouvant s'opposer à la décision, entraîne sa fille vers l'étal d'un boucher et la poignarde. Il maudit Appius en déclarant que la mort était préférable au déshonneur. Le peuple et les soldats prendront d'assaut l'Aventin. Ils feront sécession sur le mont Sacré, comme l'avaient fait leurs pères cinquante années plus tôt après la mort de Lucrèce. La révolte conduira à la suppression des Décemvirs et au retour des tribuns du peuple au pouvoir.
Les personnages menus, caractéristiques de la dernière période de Botticelli, sont écrasés par le décor, mais bien mis en valeur par le coloris intense de leurs costumes, par leurs contours habilement découpés sur l'architecture et plus encore, par leurs visages expressifs et leurs gestes vifs.